Le milliardaire Vincent Bolloré renforce son pouvoir dans le monde des médias français avec l’acquisition de Lagardère


« Bienvenue dans la famille Bolloré. » Avec ça mots le magnat des médias français Vincent Bolloré a informé les employés du conglomérat de médias Lagardère, connu de la maison d’édition française Hachette, qu’ils tomberaient désormais sous son autorité. Le multimilliardaire breton a envoyé le message de bienvenue après que son groupe Vivendi a reçu vendredi dernier le feu vert de la Commission européenne pour intégrer Lagardère. Ceci met fin au processus d’acquisition qui durait depuis plus de trois ans.

Avec cette acquisition, l’influence de Bolloré, 71 ans, dans le paysage médiatique français ne cesse de croître. Depuis le début de ce siècle, l’homme d’affaires est aux commandes de plus en plus d’entreprises de médias et de communication. Depuis 2012, « la famille Bolloré » possède toutes les chaînes de télévision du plus grand opérateur privé Canal+, dont C8 et le très regardé C-News, l’équivalent français de Fox News.

Depuis 2021, Bolloré domine également le marché du magazine grâce à l’acquisition de Prisma Media. Avec l’acquisition de Lagardère, Bolloré obtient le magazine Paris-Match et les stations de radio, ainsi que le journal Le Journal du Dimanche. Après la fusion, le chiffre d’affaires du groupe Vivendi passera de 9,6 milliards d’euros à 16,5 milliards d’euros. 63% de cela provient du commerce international, contre 54% avant la fusion.

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La liberté de la presse menacée

La dite bollorisation du paysage médiatique suscite des inquiétudes en France. Et non sans raison. Ces dernières années, plusieurs incidents se sont produits qui indiquent que Bolloré interfère avec les choix éditoriaux des médias sous son contrôle. Par exemple, il semble peu de place pour la critique de l’homme d’affaires, qui entretient des liens étroits avec des personnalités controversées comme le polémiste radical de droite et ancien candidat à la présidentielle Éric Zemmour. Bolloré fait aussi polémique hors de France, il exerce dans plus de quarante pays africains grande influence via des sociétés de transport et portuaires, il a racheté et s’est impliqué à plusieurs reprises dans des scandales environnementaux et de corruption.

Cependant, des chaînes telles que C-News en parlent à peine, voire pas du tout. Accrocheur était un épisode du populaire talk-show Touche pas à mon poste sur C8 en février dernier, dans laquelle un député de gauche critiquait la présence de Boloré en Afrique. En réponse, le présentateur Cyril Hanouna l’a grondé éteint pendant quelques minutes. « Je ne crache pas sur la main qui me nourrit », a déclaré Hanouna à un moment donné.

L’ancien rédacteur en chef de Canal+, Jean-Baptiste Rivoire, a également témoigné qu’après le rachat par Vivendi, « la liberté éditoriale est foulée aux pieds par un actionnaire qui homme d’affaire en Afrique […] mêlée à la liberté des journalistes ».

Les journalistes de Paris-Match on a aussi remarqué récemment que depuis l’annonce des projets d’acquisition, d’autres choix éditoriaux semblent être en faveur de Bolloré, a révélé Radio France avril dernier. Par exemple, une connaissance de Bolloré a été nommée directrice et plus d’attention est portée aux programmes qui sont diffusés sur les chaînes Canal+. L’influence apparente de leur nouveau pater familias – qui nie que la liberté éditoriale soit en jeu et souligne qu’il n’a pas encore formellement eu son mot à dire dans Paris-Match jusqu’à ce que Bruxelles se prononce – conduit à vingt des soixante journalistes de la rédaction gauche.

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Monde de l’édition

Les cartes sont également à nouveau rebattues dans le monde de l’édition française depuis qu’avec Hachette, la plus grande maison d’édition française passe entre les mains de Bolloré. Pour respecter les règles du concours, il doit prendre ses distances avec Éditis, la deuxième maison d’édition française pendant des années faisait partie du groupe Vivendi. Éditis est repris par le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, déjà propriétaire de plusieurs magazines français tels que Marianne, Franc Tireur et Le monde a en main. Bolloré a aussi besoin de la feuille Gala débarrassez-vous en car il ressemble trop Paris-Match.

Que Bolloré ne mette pas la main à la fois sur Éditis et Hachette en est une relief pour les petits éditeurs. Elle craignait la création d’un « méga-groupe » qui rendrait la concurrence impossible pour les petits partis. Après l’annonce de l’approbation européenne, la commissaire européenne danoise Margarethe Verstager (Concurrence) a également assuré que le « Mesures correctives prises veillera à ce que la concurrence loyale ne soit pas compromise. « Nous devons veiller à ce que les marchés de l’édition et de la presse restent compétitifs et diversifiés, afin de favoriser une variété d’idées et d’opinions. »

Les ONG comme Reporters sans frontières (RSF) ne sont pas rassurées. Le vice-président Christophe Deloire écrit sur Twitter que « le respect des règles de concurrence ne garantit en rien l’indépendance éditoriale des nouvelles victoires ». En tout cas, la famille Bolloré elle-même est satisfaite. Yannick Bolloré, fils de Vincent Bolloré et vice-président du conseil de surveillance de Vivendi, a déclaré dans une interview à Le Figaro fierté:. « La silhouette de Vivendi va beaucoup changer. »





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