Le ‘Matthäus’ de Bach s’entend partout : l’émotion vous saisit là où vous vous y attendez le moins


Après trois ans d’abstinence, les salles pleines bourdonnent d’exubérance ces jours-ci. Enfin une passion de Bach revivre. Si vous le souhaitez, vous pouvez « juste » choisir parmi plus 200 représentations du Matthäus ou alors Johannes – juste un peu moins qu’avant corona. Mais même alors, il y a une passion de choix pour chacun : une passion aventureuse, comme par le Ensemble à vent néerlandais (avec des poupées) ou une (co)chantée par des malades d’Alzheimer. Les nombreux chœurs amateurs ont également retrouvé leurs traditions de passion. Le chef d’orchestre Pieter Jan Leusink, détenteur du record de passion malgré les allégations de #metoo, a son numéro cette année Matthäussen même foutu jusqu’à 33

Pour cette comparaison, nous avons choisi quatre spectacles : trois orchestres baroques et le Kon. Orchestre du Concertgebouw, deux fois par Matthäusdeux fois Jean Passion† Une conclusion à laquelle vous pourriez penser à l’avance : chaque passion a ses propres surprises et moments de beauté, chacune ses faiblesses et particularités. Mais trouver les différences, entendre un chanteur chanter un air plus beau que jamais : pour les dizaines de milliers de personnes qui entendent une passion chaque année, cela fait partie du charme et du rituel.

Débuts Shunske Sato

La Société Bach des Pays-Bas joue un rôle clé dans le développement de notre (unique) tradition de la passion : en 1922, elle a joué un Matthäus dans le but de « faire parler le plus pur possible l’esprit de la musique ». Dans une église, qui plus est : plus intimiste et authentique que le Concertgebouw Amsterdam.

Le centenaire de la Société Bach coïncide désormais avec un début : le directeur artistique-violoniste Shunske Sato (en poste depuis 2018) dirige son premier Matthäus† Histoire se rencontre l’avenir, tout comme la performance. Les musiciens et les chanteurs ont l’expérience de Bach : les airs – que Sato ne dirige pas – sonnent tous excellents. Mais tous les choix de tempo ne sont pas convaincants (également les uns par rapport aux autres) et le choix de mélanger les groupes de voix au sein du chœur pose question : plus de chant individuel conduit parfois à plus de puissance (chorals inspirés !), mais parfois les voix individuelles piquent. le son global. Un constat est l’approche du chœur ‘Was gehet uns das an?’, généralement rapide et agité, ici léthargique. Jésus condamné à mort, oui les fers, qu’est-ce que cela nous fait ?

Dans l’ensemble, ce premierMatthäus l’impression que Sato est toujours bien habillé en tant que chef d’orchestre : des idées fraîches de sa part, mais toutes ne sont pas également équilibrées. Le son que les musiciens renvoient ne reflète pas encore partout ce que Sato semble vouloir. Mais partout où il prend son violon ou que le tout aussi merveilleux hautboïste Oleg Podyomov s’agite, c’est comme si une lumière s’allumait quelque part. il y a ceci Matthäus le plus beau. Le beau ténor Daniel Johannsen est un évangéliste à retenir : agile, pas déterminé à s’essouffler, mais un conteur vraiment doué.

‘John’ intime

Intime, spontané et pénétrant sans fioritures était le Jean Passion de l’Orchestre du Siècle des Lumières. Le ténor Mark Padmore a ouvert la voie en tant qu’évangéliste dramatique et engagé. Les émotions pouvaient être vives, mais l’humanité de son timbre agissait comme une huile de ricin catalysante.

En tant que « chef d’orchestre », Padmore a gardé un profil bas : son micro-Johannes était la musique de chambre dans tout.

Le baryton Raoul Steffani se tenait comme le Christ devant la scène, Padmore dans le cadre d’une équipe de chanteurs solistes aux grandes voix derrière l’excellent ensemble de 18 musiciens. Steffani n’a pas un registre de basse lancinant, mais son Christ était beau : porteur et élégant. Le ‘Ecce quomodo moritur Justus’ (« Voyez comment les justes meurent, et personne ne le prend à cœur ») de Jacobus Gallus (1550-1591) chanté immédiatement après le choral de clôture était un ajout inattendu et magistral : un œil de bœuf et efficace comme moyen d’élargir le thème de la souffrance.

Évangéliste de l’opéra

Dans le Jean Passion de l’Orchestre du Concertgebouw, la distribution a présenté un peu déçu. L’évangéliste Maximilian Schmitt a utilisé la Grande Salle pour une approche grandiose : à cause de son timbre et de l’abondance de vibrato, on avait le sentiment qu’il pouvait passer à tout moment à un air de Mozart et une inflation d’émotion se produisait.

L’orchestre jouait parfois magnifiquement (violoncelliste Horsch, hautboïste Ogrintchouk). Mais Andrew Manze, qui a remplacé un Trevor Pinnock malade, n’a pas été en mesure de maintenir la tension partout avec ses gestes circulaires et ses tempi relativement lents, parfois un peu tirés (choeur d’ouverture). Le chœur (Laurens Collegium) était relativement important et excellait dans certains des chœurs folkloriques («Lasset uns»). Globalement L’attention de Manze semblait se porter principalement sur les cordes aiguës et les vents, sur les enchevêtrements mélodiques. En dessous vous avez raté quelque chose : profondeur, voix intermédiaires, nuances.

La culture chorale à son meilleur

C’est précisément dans ces éléments que l’interprétation de l’Orchestre du XVIIIe siècle et Cappella Amsterdam sous la direction de Daniel Reuss, leur Matthäus c’est aussi un avant-goût de la culture chorale à son meilleur.

Reuss sait exactement ce qu’il veut : ses tempi et agogiques – suivant de près les derniers instants de Jésus – sont dynamiques et fluides. Cela mène à des moments merveilleux. L’équilibre parfait et l’interaction des lignes dans le chœur d’ouverture, la dissonance prépositionnelle poignante dans ‘Buss und Reu’, les couleurs orchestrales atmosphériques dans ‘Nun ist mein Jesus nun gefangen’.

Le chœur de clôture ‘Wir setzen uns mit Tränen nieder’, pas l’endroit où l’on s’attend à de l’émotion en tant qu’habitué passionné, vous fait monter les larmes aux yeux. Reuss sait si bien donner vie au texte et au contenu.

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