« Je vais essayer de vous l’expliquer », déclare Jozef van den Berg à son auditoire dans De Singel à Anvers, ce 14 septembre 1989, entre cinq heures et huit heures. « Je ne jouerai plus jamais. Je me suis approché d’une réalité qui ne peut plus être jouée.
Le public pense que cela fait partie de sa performance Assez d’attendre et commence à rire. « Vous pensez toujours que ce que je dis n’est pas vrai », répond Van den Berg. « Vous avez tort et c’est ce qui est trompeur dans le théâtre. Le théâtre est faux. (…) Je cherche la réalité et je ne peux plus dire des choses qui ne sont pas vraies pour moi. Je vous dis bonjour à tous. Ma vie au théâtre est terminée. Je vais. Bonne chance à vous tous. Vous pouvez récupérer l’argent à la caisse. Au Revoir.’
Ce n’est pas une blague : après cette soirée historique, le marionnettiste Jozef van den Berg se retire effectivement du théâtre, laissant ses nombreux fans sous le choc. Six mois plus tard, il rencontre en Grèce un prêtre orthodoxe aveugle qui lui fait comprendre que sa vocation réside dans le christianisme orthodoxe, dans une vie retirée pleine de silence et de contemplation. En 1991, il quitte sa femme et ses quatre enfants.
Local à vélos
Après une courte errance, il se retrouve dans le village de Neerijnen, dans le Brabant septentrional, où il séjourne d’abord dans un garage à vélos public. Parce que les forces de sécurité voulaient qu’il soit expulsé, il a déménagé dans une cabane sans porte dans le jardin d’un ami de la famille. Là-bas, Van den Berg menait une vie isolée avec ses oiseaux pendant des décennies, tandis qu’entre-temps, il priait Dieu et entretenait le jardin du couple vieillissant.
«Si vous l’aviez vu une fois, vous voudriez tout voir de lui», c’est ainsi que Marc Maillard, du théâtre artistique anversois FroeFroe, se souvient de lui comme d’un marionnettiste. « C’était une sorte de gourou, il fallait en être un croyant soyez quand vous l’avez vu. Son œuvre avait une grande puissance spirituelle. Aujourd’hui, nous le qualifierions d’humoriste, mais dans le style de Wim Helsen : quelqu’un qui, en plus des blagues, apporte également un contenu plus profond.»
Il a tendu un miroir au public avec des poupées faites maison telles que Wallet, Mme la sorcière et Pietje la chenille. « Il a parlé de thèmes lourds comme la solitude et le matérialisme », a expliqué Maillard. « Il prenait les enfants très au sérieux, ce qui était complètement différent du théâtre pour enfants et de marionnettes que nous avions à l’époque. Ce faisant, il a influencé toute une génération de créateurs de théâtre, dont FroeFroe.
Van den Berg a réalisé seize représentations, dont certaines ont également été diffusées à la télévision par le VPRO. L’interactivité de son théâtre était particulièrement particulière, il jouait avec le public devant lui.
En août, Van den Berg quitta sa cabine, cette fois définitivement. Il a passé ses derniers jours au monastère orthodoxe de Sochos, près de Thessalonique en Grèce. Il y est mort et y est enterré.