Le maire de Paris nage dans la Seine pour nettoyer la rivière avant les Jeux olympiques


Débloquez gratuitement l’Editor’s Digest

La maire de Paris Anne Hidalgo et le président du comité olympique Tony Estanguet se sont baignés dans la Seine mercredi, pour tenter de prouver qu’un coûteux nettoyage avait rendu la rivière prête à être utilisée par les athlètes lors des prochains Jeux.

Des centaines de personnes se sont alignées sur les quais voisins et se sont perchées sur les ponts tandis que le couple sautait dans l’artère historique depuis un quai temporaire érigé près de l’hôtel de ville sous les cris de « bravo ».

« La nage était incroyable, l’eau était superbe, un peu froide mais pas trop », a déclaré Hidalgo, tout sourire, vêtue d’une combinaison de plongée. « Rendre la Seine accessible à la baignade pour les habitants sera un héritage important des Jeux. »

« Aujourd’hui, nous avons envoyé un message important aux sportifs : les épreuves de triathlon et de marathon de natation pourront se dérouler dans la Seine », a ajouté Estanguet. « C’était une idée audacieuse d’organiser les épreuves dans le fleuve, et cela a porté ses fruits. »

Cette opération a eu lieu alors que l’on craignait que des conditions météorologiques inhabituelles rendent la Seine trop sale pour que les événements puissent avoir lieu. Le niveau de l’eau est quatre fois plus élevé que la normale pour l’été. L’année dernière, plusieurs essais ont été annulés en raison de niveaux de bactéries dangereux.

Début juin, les niveaux de bactéries restaient dangereux. Bien que des tests récents, effectués quotidiennement, aient montré des niveaux acceptables d’E. coli et d’autres bactéries, si de fortes pluies devaient survenir pendant les Jeux, les niveaux de bactéries pourraient dépasser la limite de 900 unités formant colonie par 100 millilitres fixée par la Fédération mondiale de triathlon comme étant sans danger pour les compétitions.

Le comité d’organisation des Jeux de Paris n’a pas prévu de site de secours, mais il peut modifier les jours des deux épreuves.

La région parisienne et le gouvernement national ont dépensé environ 1,4 milliard d’euros dans cinq grands projets d’ingénierie pour nettoyer la Seine et la Marne avant les Jeux, qui s’ouvriront le 26 juillet et se dérouleront jusqu’au 11 août.

Des usines de traitement des eaux supplémentaires ont été construites, tandis que des centaines de péniches et 20 000 maisons et bâtiments le long de la Seine ont été raccordés au réseau d’égouts pour la première fois.

Un tunnel souterrain de 700 mètres et un grand réservoir de stockage ont été construits le long de la rive droite du fleuve, pour un coût d’environ 90 millions d’euros, pour capter les débordements des anciens égouts de la capitale française et éviter la pollution en période de fortes pluies lorsque les eaux de ruissellement se déversent dans la Seine.

Vêtu d’un maillot de bain rayé bleu fourni par la mairie, Samuel Colin-Canivez, l’ingénieur en chef du réseau des eaux de Paris, exprimait sa fierté et son enthousiasme en attendant de sauter dans la rivière.

« C’est l’aboutissement d’années et d’années de travail », a-t-il déclaré au Financial Times.

La maire de Paris Anne Hidalgo nageant dans la Seine avec le président du comité olympique Tony Estanguet
La maire de Paris Anne Hidalgo nageant dans la Seine avec le président du comité olympique Tony Estanguet © Kai Pfaffenbach/Reuters

Sous un ciel bleu, Hidalgo et Estanguet étaient accompagnés à la nage par des dizaines de responsables, d’athlètes et d’ingénieurs qui travaillaient sur le projet, et même quelques journalistes.

La décision d’organiser les épreuves nautiques dans la Seine s’inscrit dans le cadre des nombreux choix audacieux des organisateurs des Jeux Olympiques de Paris.

Pour la première fois, les Jeux se dérouleront principalement dans des sites temporaires construits dans le centre historique de la capitale française : le beach-volley se déroulera au pied de la tour Eiffel, les épreuves équestres à Versailles et la compétition inaugurale de breakdance place de la Concorde.

La cérémonie d’ouverture sera un spectacle grandiose avec des centaines de bateaux transportant les athlètes sur un parcours de 6 km sur la Seine. La sécurité sera une préoccupation majeure, avec des centaines de milliers de spectateurs alignés sur les quais et regardant depuis les balcons des bâtiments historiques.

La baignade dans la Seine fut interdite en 1923 en raison de la pollution, les fortes pluies amenant régulièrement des flots de déchets et de plastique.

Les politiques promettent depuis longtemps de rétablir cette liberté. L’ancien président Jacques Chirac avait promis de le faire lorsqu’il était maire de Paris dans les années 1990.

Hidalgo a présenté les Jeux olympiques comme un catalyseur pour l’ouverture de 20 piscines d’ici 2025, une région devenue plus chaude en été en raison du réchauffement climatique. « Rendre la Seine aux habitants, c’est participer à l’adaptation de notre ville au changement climatique. »



ttn-fr-56