Le libraire Hermès s’impose face au groupe de luxe Hermès


David contre Goliath sur la côte turque : Umit Nar, le libraire d’Izmir, a été poursuivi en justice par la maison de luxe française Hermès, qui voulait lui interdire d’utiliser le même nom. Maintenant, Nar a gagné contre l’entreprise.

« Le tribunal a fait droit à l’un de nos deux recours et a approuvé l’utilisation de notre raison sociale Bouquiniste Hermes », a déclaré le libraire à l’AFP.

« Hermès est un dieu de la mythologie grecque et fait partie du patrimoine culturel de l’humanité. Il ne doit pas être approprié par une entreprise. « Il s’agit d’une décision importante en ce sens », a-t-il souligné. Le jugement du tribunal d’Ankara – consulté par l’AFP – annule partiellement une décision de TurkPatent, l’autorité de la propriété intellectuelle, qui interdisait à toute marque autre qu’Hermès Paris d’utiliser le nom du dieu grec dans des domaines très larges, notamment l’édition, la vente de livres ou de magazines. organiser des festivals.

Politique de marque agressive

Le tribunal n’a pas encore publié ses motifs, a déclaré l’avocat du libraire, Hilmi Güllü. «C’est une victoire. Des entreprises internationales comme Hermès Paris mènent des politiques agressives de dépôt de marques qui dépassent le cadre de leur périmètre d’activité. Avec cette décision, nous ouvrons la voie pour mettre fin à cette pratique », a déclaré Güllü.

«Le tribunal ne s’est toutefois pas prononcé sur le risque de confusion entre les deux marques en termes de groupe cible ou d’impression globale. Nous ferons donc appel », a-t-il ajouté.

Tout a commencé en décembre 2021 lorsque le libraire souhaite déposer une marque pour sa société Bouquiniste Hermes, présente depuis quinze ans à Istanbul puis à Izmir.

Le représentant du fabricant de maroquinerie de luxe en Turquie s’est alors adressé à TurkPatent puis à la justice turque pour interdire au libraire non seulement d’enregistrer la marque, mais également toute utilisation du nom « Hermes » dans ses activités commerciales et en ligne.

Patrimoine culturel et entreprises multinationales

Hermès Paris a insisté sur la « similitude et le risque de confusion » entre les deux sociétés malgré des domaines d’activité différents, arguant que la marque parisienne est également active dans l’édition puisqu’elle édite un magazine.

« Vous auriez raison si nos régions étaient similaires, mais ce n’est absolument pas le cas », dit Nar, rappelant que le dieu Hermès est étroitement lié à l’histoire d’Izmir, l’ancienne Smyrne sur la côte égéenne, berceau de nombreuses légendes de Mythologie grecque.

« J’espère que cet arrêt développera davantage la jurisprudence concernant le patrimoine culturel et les entreprises multinationales », ajoute-t-il. (AFP)



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