Le Liban et le FMI sont parvenus à un accord préliminaire pour une facilité de prêt de 3 milliards de dollars, la première étape importante vers le soulagement d’une crise économique et financière qui paralysait le pays depuis 2019.
Deux ans après le début de la crise, la monnaie du pays a perdu plus de 90% de sa valeur et près des trois quarts de sa population vit en dessous du seuil de pauvreté, selon l’ONU.
Le plan de sauvetage tant espéré, annoncé jeudi, est vital pour endiguer la poursuite de l’effondrement de l’économie, mais les pourparlers entre le FMI et les autorités libanaises se sont bloqués à plusieurs reprises sur les réformes économiques exigées par les donateurs.
“Le [Extended Fund Arrangement] vise à soutenir la stratégie de réforme des autorités pour rétablir la croissance et la viabilité financière, renforcer la gouvernance et la transparence et augmenter les dépenses sociales et de reconstruction », a déclaré jeudi le FMI dans un communiqué.
Dévoilant l’accord à la suite d’une réunion avec des délégués du FMI à Beyrouth, Najib Mikati, Premier ministre libanais, a déclaré que son gouvernement avait promis au fonds qu’il mettrait en œuvre des réformes de grande envergure.
La crise exigeait « un programme de réforme global » afin d’atteindre « la stabilité financière et économique et . . . une croissance permanente et forte », a-t-il déclaré.
Dans sa déclaration, le FMI a déclaré: «Cette crise est une manifestation de vulnérabilités profondes et persistantes générées par de nombreuses années de politiques macroéconomiques non durables alimentant d’importants déficits jumeaux (budgétaire et extérieur), le soutien à un taux de change surévalué et un secteur financier surdimensionné, combinés à graves problèmes de responsabilité et de transparence et absence de réformes structurelles.
L’accord de fonds s’étendrait sur 46 mois et donnerait au Liban accès à l’équivalent de 3 milliards de dollars en droits de tirage spéciaux. L’approbation complète par le conseil d’administration du FMI dépend de la mise en œuvre par le Liban d’une série de mesures.
Il s’agit notamment d’une stratégie de restructuration du secteur bancaire qui limite l’impact sur les petits déposants et le « recours aux ressources publiques » ; approbation parlementaire d’une loi sur la restructuration bancaire; et évaluation externe des 14 plus grandes banques par un « cabinet international réputé ».
L’accord exige également la réforme d’une loi sur le secret bancaire vieille de plusieurs décennies « pour la mettre en conformité avec les normes internationales de lutte contre la corruption » ; réalisation d’un audit de la banque centrale; approbation parlementaire du budget 2022 ; et l’unification des multiples taux de change officiels et du marché noir pour la livre libanaise qui existent depuis le début de la crise.
Cette annonce est la première indication que le gouvernement libanais prend au sérieux la nécessité de s’attaquer à la crise, selon les observateurs. Cela survient également des semaines avant que le pays ne doive organiser des élections générales.
Mais étant donné la réticence antérieure de l’establishment politique libanais à mettre en œuvre des réformes, la route vers l’approbation complète par le FMI semblait ardue, ont averti les analystes.