Le leader conservateur français appelle à un pacte avec l’extrême droite


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Le chef du parti de centre-droit français a appelé à une alliance électorale avec le Rassemblement national d’extrême droite avant les élections législatives anticipées du 30 juin qui ont ébranlé les marchés financiers.

Un accord augmenterait les chances du RN d’obtenir la majorité absolue lors de l’élection convoquée dimanche par le président Emmanuel Macron.

Éric Ciotti, leader du parti de centre-droit Les Républicains (LR), a déclaré que son parti devait nouer « une alliance avec le RN, ses candidats, avec tous ceux qui s’identifient aux idées de droite, aux valeurs de droite ».

« Je veux que ma famille politique aille dans cette direction », a ajouté Ciotti, appelant à une force pour s’opposer à « l’impuissance du macronisme » et à la menace de l’extrême gauche.

Marine Le Pen, la leader d’extrême droite, a déclaré que Ciotti avait fait un « choix courageux » et a salué son « sens des responsabilités ».

Les investisseurs ont vendu des actions françaises et de la dette publique pour la deuxième journée consécutive mardi, alors que les marchés digéraient la possibilité que le RN, qui préconise des dizaines de milliards d’euros de dépenses publiques supplémentaires, puisse prendre ou partager le pouvoir après les élections.

Les actions françaises du Cac 40 ont chuté de 2,6 pour cent cette semaine, en route vers leur plus forte baisse sur deux jours depuis juillet 2023.

Cependant, d’autres hauts responsables de LR ont immédiatement rejeté l’appel de Ciotti, suggérant que le parti, divisé sur la manière de coopérer étroitement avec l’extrême droite, pourrait se désintégrer à l’approche des élections.

« Suite aux propos d’Éric Ciotti, j’estime qu’il ne peut plus diriger notre mouvement et doit démissionner de son poste de président du parti », a déclaré Gérard Larcher, président du Sénat et haute personnalité de LR.

Michel Barnier, autre haut responsable des Républicains et ancien négociateur européen pour le Brexit, a également appelé son parti à refuser une alliance d’extrême droite. « Jamais, jamais une alliance ou un pacte avec un pays populiste et anti-européen ne pourra être la solution », a déclaré Barnier sur X.

Ce conflit annonce un réalignement potentiel plus large de la droite française alors que les partis de tous les fronts politiques tentent de forger des partenariats et de renforcer leurs chances d’obtenir une majorité avec seulement trois semaines de campagne. Les partis de gauche ont conclu un accord préliminaire pour présenter une liste unique de candidats.

La décision inattendue de Macron de convoquer un vote anticipé, qui se déroulera en deux tours les 30 juin et 7 juillet, fait suite à la défaite de son parti aux élections européennes dimanche par le RN, qui fait écho au succès de l’extrême droite ailleurs en Europe.

Le leader du RN et protégé de Le Pen, Jordan Bardella, 28 ans, a également contacté des membres d’un autre groupe d’extrême droite, rencontrant lundi la députée Marion Maréchal pour discuter des options. Maréchal, la nièce de Le Pen, a quitté le parti de sa tante pour rejoindre son rival d’extrême droite Reconquête.

« J’ai eu plusieurs discussions avec des personnes qui ne font pas partie de ma famille politique », a déclaré mardi Bardella sur RTL, ajoutant que parmi elles figuraient de hautes personnalités républicaines qui souhaitaient le rejoindre.

Les mouvements de marché de mardi sont intervenus après que la station de radio Europe 1 a rapporté que Macron avait envisagé de démissionner s’il subissait une nouvelle lourde défaite lors des élections parlementaires à deux tours.

Un proche du président a déclaré que ces rumeurs étaient infondées.

Macron a repoussé à mercredi une conférence de presse prévue mardi.

Alors que les investisseurs réagissaient à une apparente augmentation du risque politique, le rendement de l’obligation de référence française à 10 ans, qui évolue à l’inverse du prix, a augmenté de 0,08 point de pourcentage à 3,32 pour cent en début d’après-midi.

La formation du pacte de gauche a constitué un revers pour les espoirs de Macron de former un front uni avec les forces du centre-gauche et du centre-droit pour affronter le RN.

L’accord inclut les socialistes, les communistes, les Verts et le parti d’extrême gauche France Insoumise, mais pas l’alliance centriste du président.

Reportage complémentaire de Harriet Clarfelt à New York et Leila Abboud à Paris



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