La juge du tribunal de Catane, Iolanda Apostolico, n’a pas validé l’ordre de détention au CPR de Pozzallo, dans la province de Raguse, de quatre migrants tunisiens. La disposition a été émise par le commissaire de police de Raguse. La semaine dernière, le magistrat avait déjà rejeté six autres détentions de citoyens tunisiens arrivant sur la côte sicilienne. Le juge a été durement attaqué par le leader de la Ligue Matteo Salvini pour sa décision.

Le demandeur ne peut être détenu pour examiner la demande

«Le requérant – écrit Apostolico dans l’une des 4 dispositions dans lesquelles il refuse la validation de la détention – ne peut pas être détenu dans le seul but d’examiner sa demande et, comme déjà indiqué dans des décisions antérieures de ce tribunal, la détention d’un demandeur de protection internationale au sens des directives européennes, constituant une mesure de privation de liberté individuelle, elle ne peut légitimement être mise en œuvre qu’en présence des conditions justificatives prévues par la loi ».

Comment assumer le statut de demandeur

Le juge rappelle, comme déjà écrit dans d’autres ordonnances, que le statut de demandeur d’asile s’acquiert avec l’expression du désir d’invoquer la protection et que dans les 4 cas traités, ce désir était déjà exprimé à Lampedusa. À Pozzallo, en effet, les réfugiés tunisiens se sont limités à réitérer ce qui avait été demandé sur l’île à leur arrivée : c’est pourquoi, selon la loi, la procédure dite de frontière ne peut pas leur être appliquée et donc la détention cesse.

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Le paiement de la garantie est incompatible avec la directive européenne de 2013

Le juge note ensuite que la règle du décret dit Cutro qui prévoit le paiement d’une somme à titre de garantie comme moyen d’éviter la détention est « incompatible avec la directive européenne de 2013 » telle qu’interprétée par la jurisprudence selon laquelle « la détention ne peut avoir lieu que lorsque cela est nécessaire, sur la base d’une évaluation au cas par cas, à moins que des mesures alternatives moins coercitives ne soient pas effectivement applicables ». Enfin, Apostolico cite un arrêt de la Cour de justice de 2020 selon lequel les règles de l’UE « doivent être interprétées dans le sens où elles excluent, en premier lieu, qu’un demandeur de protection internationale soit détenu pour la seule raison qu’il ne peut pas subvenir à ses propres besoins ».

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Ligue : justice ou politique ? Intervenons

« Justice ou politique ? D’abord sur une place où les policiers sont insultés et les débarquements défendus, puis devant un tribunal pour remettre en circulation d’autres clandestins. Une intervention est nécessaire, comme le permet la Constitution, par respect pour la loi, le bon sens et le peuple italien », lit-on dans une note de la Ligue commentant la dernière sentence de Catane et la décision du juge apostolique de ne pas valider les détentions au centre pour demandeurs d’asile de Pozzallo ordonnées par le commissaire de police de Raguse contre quatre migrants tunisiens.



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