Le groupe d’action ‘Code Rood’ bloque le site de TotalEnergies : ‘Mal à cause des prix élevés de l’énergie’


Le Mouvement Citoyen Code Rood organise plusieurs actions de « désobéissance civile » ce week-end. Le groupe d’action bloque le site TotalEnergies de Feluy et le dépôt de Liège pour exiger l’arrêt total des énergies fossiles. ‘Nous verrons qui a le souffle le plus long. Ils ne m’éloigneront pas comme ça.

Joanie De Rijke8 octobre 202215h35

Samedi matin sept heures et demie. L’opération ‘Goldfinger’ démarre. A l’aube, environ 300 militants pour le climat s’alignent par rangs de six pour un parcours de plusieurs kilomètres à travers les champs. Destination finale : le site de TotalEnergies à Feluy. Objectif : un blocage complet de l’infrastructure, c’est-à-dire de la route et des voies ferrées vers le site.

Les militants du climat veulent prendre position contre l’industrie des énergies fossiles qu’ils considèrent comme responsable de « tout ce qui perturbe la crise climatique et sociale ».

« Je suis là avant tout pour protester contre les gigantesques surprofits des énergéticiens », lance Jules, un trentenaire de la région. Jules est son nom de code, car ils en ont tous un ici. « Bien sûr, le climat joue aussi un rôle, mais en ce moment, je suis particulièrement en colère contre les prix élevés de l’énergie avec lesquels ils nous frappent. »

Plus qu’une manifestation « verte »

Il ne s’agit donc pas d’une simple manifestation « verte » cette fois-ci. Le portefeuille joue également un rôle. « TotalEnergies a réalisé des bénéfices records ces derniers mois dans un contexte de crise climatique et de profonde misère sociale où les familles ne peuvent plus payer leurs factures d’énergie », a déclaré la porte-parole Jolien Paeleman de Code Rood.

« Tout dépend l’un de l’autre », explique Liliana, une Britannique en séjour temporaire à Gand. « Je suis également ici pour protester contre les profits excessifs que réalise TotalEngergies. L’entreprise exploite à la fois les gens et le climat. Je défends les deux.

Elle s’attend à ce que beaucoup de gens en colère descendent dans la rue cet hiver, semble-t-il. Mais les militants du Code Rood eux-mêmes rejettent catégoriquement l’usage de la violence.

Image Tim Dirven

Les doigts’

« Il existe différents groupes actifs aujourd’hui, les soi-disant » doigts « , qui relèvent tous du Code rouge », explique Peter du mouvement climatique Extinction Rebellion. « Il y a beaucoup de mouvements pour le climat au Code Rood, mais aussi des acteurs individuels, comme des citoyens, des grands-parents, des jeunes, tous ceux qui se préoccupent de notre planète. Les « doigts » fonctionnent tous de manière autonome, on ne sait pas ce que font les autres, chaque groupe est parti d’un endroit différent. Code Rood a délibérément opté pour une structure horizontale. Par exemple, un des ‘doigts’ s’est éteint hier soir, ils sont allés dans la forêt, mais on ne sait pas ce qu’ils vont faire. »

La nuit dernière, la police a envahi le camping où séjournent les militants pour le climat, raconte Peter. « Elle a fouillé notre matériel mais n’a apporté que des balles de paille. »

Pardon? Ballots de paille ?

« Si la police forme une barrière, nous utilisons des balles de paille pour essayer de percer la barrière, précisément parce que nous ne voulons pas utiliser la force. La police le sait aussi, c’est pourquoi ils ont retiré la paille.

verrous de bras

Lorsque Goldfinger arrive sur les lieux après plus d’une heure sous l’œil de la police, tout le groupe monte immédiatement sur la voie pour s’accrocher à la voie ferrée sur quelques centaines de mètres. Cela se fait via des armlocks, des tubes métalliques dans lesquels les militants mettent leurs bras pour s’enchaîner les uns aux autres ou en l’occurrence aux voies ferrées. Les pierres sous les rails sont enlevées en un rien de temps afin que les clés de bras puissent être rivetées sous les rails.

Plus loin, un peu plus près de l’entrée, on aperçoit un certain nombre de trains. Un autre groupe, presque tous francophones, s’est enchaîné non seulement aux voies mais aussi aux trains eux-mêmes. TotalEnergies est une mauvaise entreprise, nous disent-ils. Ceci est suivi d’une autre tirade sur les combustibles fossiles et les prix exorbitants de l’énergie, suivie d’un fort ricanement envers Poutine.

Les manifestants s'accrochent aux rails via des « armlocks », des tuyaux métalliques dans lesquels les militants mettent leurs armes.  Image Tim Dirven

Les manifestants s’accrochent aux rails via des « armlocks », des tuyaux métalliques dans lesquels les militants mettent leurs armes.Image Tim Dirven

On demande combien de temps ils pensent pouvoir tenir, rivés au train et à la voie. Ils sont tous d’accord sans réserve : « Jusqu’à ce que la police vienne nous emmener. » Ils ne savent pas quand ce sera. Peut-être cet après-midi, mais aussi demain.

Non loin de l’entrée se trouve un groupe de policiers costauds. Les militants sont autorisés à venir ici, pas plus loin, entend-on.

« S’ils veulent rester là-bas sur les pistes, eh bien, on les laissera là-bas. Les premiers trains ne circuleront pas avant lundi, nous avons donc tout le temps de les faire descendre. » Les agents peuvent espérer que les militants s’ennuieront bientôt à mort et partiront ensuite de leur propre chef.

« Je ne pense pas », dit Liliana, apparemment à l’aise au soleil au milieu de la piste. « Nous verrons qui a le souffle le plus long. Ils ne peuvent pas simplement m’emmener. »

null Image Tim Dirven

Image Tim Dirven



ttn-fr-31