Le gangmastering, dans le Sud il y a aussi ceux qui le combattent. Travail légal, logement et soins de santé pour les ouvriers : dans les champs jusqu’à 50 euros par jour


Le chef de gang ne donne pas de concessions aux territoires : l’exploitation de la main d’œuvre dans les champs concerne tout le pays. Mais au Sud, dans des zones plus fertiles entièrement dédiées à l’agriculture, comme celle de Piana di Gioia Tauro, en Calabre, ou dans les Pouilles, dans la région de Foggia, le phénomène a une plus grande résonance et s’entremêle aux questions migratoires, aux agromafias et le poids du commerce de détail à grande échelle.

Le modèle Goel contre l’exploitation

Dans Locride, Vincenzo Linarello, fondateur et président de Goel – « communauté de personnes, d’entreprises et de coopératives sociales qui travaille pour le changement et la rédemption de la Calabre » – pose le problème du recrutement illégal de travailleurs non communautaires depuis la fin, depuis l’intermédiation de la chaîne d’approvisionnement agricole de grande distribution : « Trop d’étapes, trop d’intermédiaires, trop de grossistes locaux qui baissent le premier prix à l’agriculteur. Pour les oranges, par exemple, on parle de 10 centimes par kg. À ce stade, vous, l’agriculteur, soit laissez les oranges pourrir, soit choisissez de rester à l’intérieur, mais pour cela, vous devez réduire le coût de la main d’œuvre. Il faut exploiter. »

Les Indiens aux petits fruits

Du côté ionien de la Calabre, vit depuis plus de 10 ans une communauté peuplée d’Indiens, bien intégrée. Il y en a environ 2000 rien qu’entre Reggio de Calabre, Melito, Siderno, Bovalino, Locri, Brancaleone et Condofuri, 3500 dans toute la province. La plupart travaillent dans les champs et beaucoup, de manière régulière, dans les plantations de petits fruits : de petites entreprises agricoles presque toutes nées il y a 20 ans d’un projet de l’ancien évêque de Locri, Mgr Gian Carlo Bregantini, originaire de Trente. Il a amené le consortium Sant’Orsola en Calabre pour soutenir une coopérative de travailleurs saisonniers engagés dans la culture de framboises, qui s’est retrouvée dans le collimateur de la ‘Ndrangheta. Le projet ne s’est jamais arrêté.

Fattoria della Piana, 30% des travailleurs sont non-UE

Le directeur des écuries des Fattorie della Piana (qui sont des environnements robotisés où la traite se déroule librement, avec des douches et une ventilation pour rafraîchir les animaux pendant les périodes les plus chaudes) est un Indien qui y travaille depuis de nombreuses années. Au sein de l’entreprise, une excellence calabraise dans la province de Reggio de Calabre, connue dans le monde entier pour la qualité de ses produits laitiers et pour la grande attention qu’elle accorde au bien-être animal, à la durabilité environnementale et à la responsabilité sociale (au Japon, c’est un modèle commercial leader ), près de 30 pour cent des travailleurs agricoles sont des citoyens de pays tiers. Parmi les 180 salariés, on compte également des Sénégalais, des Marocains et des Sud-Américains. «Pour nous, il est essentiel d’établir des relations correctes – explique Federica Basile, à qui son père Carmelo a passé pendant quelques années le relais de la présidence de l’entreprise –, nous donnons à nos ouvriers et ouvriers de la nourriture et souvent aussi un logement, nous garantissons un contrat dûment enregistré et une fiche de salaire adéquate. Mais nous souffrons aussi du gangmastering. Un mécanisme qui nie les droits de ceux qui travaillent et qui se retourne contre lui sous forme de concurrence déloyale. »

En savoir plus

Le phénomène change, anciens ouvriers, nouveaux caporaux

Dans de nombreux territoires, comme celui de Piana di Gioia Tauro, des associations, coopératives et syndicats ont mis en œuvre une série de pratiques contre l’exploitation des travailleurs pour garantir les droits des travailleurs saisonniers, pour la plupart africains. Le travail légal, le logement et l’accès aux services de santé éloignent les caporaux. Mais il faut suivre l’évolution du phénomène : « Aujourd’hui, les nouveaux intermédiaires illégaux sont souvent d’anciens travailleurs – explique Celeste Logiacco, secrétaire confédérale de la CGIL Calabre, chargée de l’immigration -. Mais le nombre de travailleurs étrangers diminue, beaucoup recherchent des opportunités dans la construction, le commerce et les services, ou tentent de se lancer dans des travaux agricoles qui durent toute l’année, comme la récolte des kiwis par exemple.



ttn-fr-11