Le fugitif catalan se voit refuser l’amnistie promise par le Premier ministre espagnol


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Un dirigeant séparatiste catalan en fuite s’est vu refuser l’amnistie lundi, une décision qui menace la fragile majorité gouvernementale du Premier ministre espagnol Pedro Sánchez.

La Cour suprême espagnole a décidé que l’amnistie ne s’appliquerait pas à l’une des accusations auxquelles Carles Puigdemont est confronté en relation avec une tentative illégale d’indépendance catalane en 2017.

La décision des juges ajoute une nouvelle coda au mouvement le plus explosif de ces dernières années dans la politique espagnole et soulève des questions sur la stabilité du gouvernement socialiste de Sánchez, qui a besoin du soutien du parti de Puigdemont pour faire passer des lois.

Les accusations en question concernent le détournement présumé de fonds publics par Puigdemont, ancien président de la région de Catalogne, réfugié en Belgique après l’échec du référendum. Lundi, il a comparé le tribunal à la mafia italienne, en écrivant « Toga nostra » sur X, en référence à la robe portée par les juges.

Josep Rull, l’un des principaux députés du parti Junts per Catalunya de Puigdemont, a déclaré : « Refuser l’amnistie est un nouvel acte d’infamie de la part des dirigeants du système judiciaire espagnol. »

Oriol Bartomeus, politologue à l’Université autonome de Barcelone, a déclaré : « Pour Sánchez, cela signifie plus de problèmes avec Junts, car Junts voudra le faire payer. C’est une mauvaise nouvelle. »

La décision du juge peut faire l’objet d’un appel devant la Cour suprême et devant la Cour constitutionnelle espagnole.

Le gouvernement du Premier ministre socialiste espagnol Pedro Sánchez compte sur le soutien du parti séparatiste Junts pour faire passer des lois © Oscar Del Pozo/AFP via Getty Images

Sánchez avait fait valoir que l’accord d’amnistie, qui lui donnait les sept voix du parti Junts per Catalunya de Puigdemont au parlement national, était nécessaire pour désamorcer le conflit sur le statut de la Catalogne.

Les détracteurs du Premier ministre ont qualifié le projet d’amnistie d’atteinte à l’Etat de droit et de preuve de sa volonté de tout faire pour rester au pouvoir. Il a déclenché des manifestations de rue et a été rejeté par deux tiers des Espagnols selon certains sondages.

Alberto Núñez Feijóo, chef du Parti populaire, l’opposition conservatrice espagnole, s’est moqué de la coalition au pouvoir. Il a déclaré qu’elle n’avait eu à voter qu’une seule loi et qu’elle n’avait même pas su comment s’y prendre correctement.

En raison des troubles autour du plan d’amnistie et d’une série d’élections, le Parlement espagnol n’a adopté aucune autre loi majeure depuis plus d’un an.

Bartomeus a souligné que la décision du juge compliquerait également les tentatives prolongées de former un nouveau gouvernement régional en Catalogne, où le parti socialiste a battu Puigdemont mais n’a pas obtenu la majorité aux élections de mai.

Après l’échec du référendum sur l’indépendance, Puigdemont s’enfuit d’Espagne, accroupi sur la banquette arrière d’une Skoda. En exil en Belgique, il est élu député européen.

La loi d’amnistie, entrée en vigueur le 30 mai, devrait couvrir des centaines de politiciens, militants et citoyens ordinaires confrontés à des sanctions en raison de la cause indépendantiste catalane.

La semaine dernière, l’un des gardes du corps de Puigdemont est devenu l’un des premiers bénéficiaires de cette loi, aux côtés de l’ancien ministre de l’Intérieur de Catalogne, à la suite de décisions judiciaires prises à leur sujet. Les deux hommes avaient été condamnés l’an dernier à des peines de prison d’au moins quatre ans.

Mais le juge de la Cour suprême a déclaré que l’amnistie ne s’appliquait pas aux accusations de détournement de fonds auxquelles Puigdemont était confronté, car sa conduite relevait de deux exceptions inscrites dans la loi : l’amnistie n’est pas autorisée pour les crimes commis à des fins d’enrichissement personnel ou pour les crimes qui portent atteinte aux intérêts financiers de l’UE.

Le juge a toutefois déclaré que l’amnistie s’appliquait aux autres accusations auxquelles Puigdemont fait face pour désobéissance.



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