Le frisson de marcher parmi les pingouins ou d’apercevoir des baleines et des orques. Avec les scientifiques qui étudient le changement climatique dans le laboratoire-continent. Pour protéger cet environnement unique et incroyable, peu de personnes se déplacent et dans des périodes limitées. Sur des navires de haute technologie


Les immenses étendues de glace de l’Antarctique, 14 millions de kilomètres carrés marqués par des chaînes de montagnes aux sommets atteignant les cinq mille mètres, gardent les secrets de l’évolution climatique. La gigantesque région blanche de l’hémisphère sud – qui contient environ 90 % de la glace et 70 % de l’eau douce du monde – joue un rôle crucial pour le climat terrestre et les écosystèmes marins : l’océan Antarctique absorbe 75 % de l’excès de chaleur planétaire et près d’un tiers des émissions de CO2 capturées dans les mers du monde. Ce n’est pas tout.

Pingouins sur un iceberg, archipel des Shetland du Sud, Antarctique.

En Antarctique, étudier le changement climatique

« Ce qui s’est passé dans l’atmosphère au cours des siècles est enregistré dans les différentes couches d’eau solidifiée présentes sur le continent blanc », explique Carlo Barbante, directeur de l’Institut des sciences polaires du Cnr. Les particules d’air incorporées dans la glace remontent à des époques de plus en plus lointaines au fur et à mesure que l’on s’enfonce. «Pour celui-ci parmi plusieurs projets coordonnés par l’Italie en Antarctique, Au-delà de l’épopéevise à extraire des échantillons de glace à une profondeur d’environ trois mille mètres. Récupérer des informations sur le climat du passé en remontant dans le temps jusqu’à il y a un million et demi d’années, données qui permettent de mettre en perspective les changements climatiques actuels et futurs.

Jamais dans l’histoire le recul des glaces n’a été aussi rapide qu’au cours des vingt dernières années. L’iceberg A 74, un géant de 1 200 kilomètres carrés qui s’est détaché du continent l’an dernier, est un terrible exemple de ce qui pourrait arriver.

Vous voyagez en peu de temps et sur des périodes limitées

L’Antarctique est un continent extrême et absolu, dont on ne savait rien pendant des siècles. Naviguer dans ces parages est un événement exceptionnel possible pendant quelques mois durant l’été austral, qui correspond à notre hiver. Inhospitalière, rude, mais terriblement fascinante, cette bande de terre, isolée et déserte, est le grand régulateur du climat mondial depuis environ 15 millions d’années.

Au XIXe siècle, les baleiniers s’aventurèrent dans ces mers en surmontant des difficultés inimaginables, puis commença l’ère héroïque des grandes explorations antarctiques, qui s’acheva il y a exactement 100 ans avec l’expédition de Shackleton à bord de l’Endurance, le navire coulé dans la mer de Weddel en 1915. De plus, elle a été localisée en mars dernier à trois mille mètres de profondeur. Au cours des dernières décennies, nous sommes passés des anciens brise-glaces à de luxueux navires de haute technologie, toujours accessibles uniquement à un nombre limité de touristes chaque année, conformément au traité de l’Atlantique signé en 1959, auquel 53 pays adhèrent. Et aussi dans le respect des règles Iaato (Association internationale des voyagistes de l’Antarctique)fondée en 1991 pour promouvoir le tourisme responsable en Antarctique.

Le monde au bout du monde

L’envie de découvrir le monde du bout du monde est toujours forte, mais chaque saison seul un petit nombre de bateaux ont accès à l’Antarctique. Pour les voyageuses intrépides, la solution la plus durable est de naviguer vers la péninsule antarctique à bord Clochard de l’océanun confortable voilier de 20 mètres de long et 8 cabines, accompagné du personnel et d’un scientifique (18 nuits dont une en base scientifique avec swoop-antarctique.comà partir de 18 700 euros selon le type de cabine et les dates de départ, au plus tard le 5 mars 2023).

Éponges, algues et étoiles de mer : voici la vie marine sous la glace de l'océan Austral

Entre des navires de croisière de dernière génération plus respectueux de l’environnement: Minerva et Vega de Swan Hellenic, tous deux pour 152 passagers. Ils naviguent à propulsion hybride (diesel-électrique), disposent d’un système sophistiqué de gestion des déchets, d’un laboratoire de recherche scientifique embarqué ainsi que d’un appareil très moderne de maintien en position sans ancre, indispensable pour les escales en zones protégées (swanhellenic.com10 jours de croisière-expédition en suite tout compris, des vols Buenos Aires à Ushuaia jusqu’à l’hôtel 5 étoiles pour la nuit de pré-embarquement et room service 24h/24, à partir de 10 045 euros par personne).

En croisière en Antarctique

Les croisières découvrir le continent le plus blanc, le plus froid, le plus venteux, le plus sec et le plus mystérieux de la planète partent principalement d’Ushuaia, pointe extrême de l’Argentine. S’aventurer dans le détroit de Drake, cette étendue de mer qui sépare l’océan Pacifique de l’Atlantique, vers le labyrinthe d’îles de la péninsule antarctique.

La traversée d’environ deux jours peut être calme ou orageuse avec des vagues pouvant atteindre une dizaine de mètres de haut et vent supérieur à 55 nœuds, avec des changements d’itinéraire conséquents. A la hauteur de l’archipel des Shetland du Sud commence le spectacle de la nature qui se poursuit le long de la côte et des îlots de la péninsule antarctique : parois verticales, montagnes de glace sculptées par le vent et la mer, petits et grands icebergs aux formes les plus incroyables.

Naviguer aux pieds des géants instables aux reflets bleus est une sensation forte, presque brûlante. Enveloppés dans de grandes vestes turquoises (cadeau-souvenir retrouvé à l’arrivée en cabine), depuis le pont du navire, il n’est pas difficile d’imaginer les peurs des premiers explorateurs, d’autant plus lorsque le navire est englouti par des bancs de brouillard. Le ciel clair rend le panorama encore plus suggestif, le bleu cobalt touche les sommets enneigés des montagnes qui plongent dans la mer avec d’effrayants murs de glace et des séracs en surplomb.

Une colonie de manchots empereurs. En Antarctique, la population de manchots est estimée entre 270 000 et 350 000 individus.

Marcher sur la glace, comme des pingouins

Il atterrit même deux fois par jour, avec des règles et des protocoles de sécurité très stricts pour atteindre des coins reculés, des bases de recherche scientifique ou pour repérer des colonies de manchots. L’habillage fut long et scrupuleux. Nous descendons à bord des Zodiacs par groupes de 10-12 passagers, équipés de bottes pour marcher sur la glace et de vestes chaudes pré-décontaminées pour éviter de transporter des agents pathogènes exogènes. Le crépitement du moteur rompt le silence alors que la coque glisse dans le calme de l’eau. Nous courons dans le vent, des lames de glace fouettent nos visages. La température en Antarctique est en dessous de zéro. L’émotion grandit, le paysage devient protagoniste.

Comme dans un documentaire

Une fois à terre, ça arrive en Antarctique de côtoyer à pied colonies de manchots ou d’éléphants de merlent en apparence seulement, ou on assiste, à distance de sécurité, à la jeu de combat de phoques sur la banquise ou, selon l’heure de la journée, on peut être enchanté par la lueur rose du crépuscule qui s’estompe en orange, violet et violet décrivant le profil des montagnes reflétées dans l’eau.

Leçons de scientifiques en Antarctique

Le temps à bord, entre un débarquement et l’autre, est marqué par des rencontres et des séminaires avec des scientifiques et des experts de la conservation, par le plaisir de scruter l’horizon puis, tout à coup, il y a des observations, toujours passionnantes. L’air est vif et l’eau glacée et immobile, soudain des orques émergent de la mer plate, qui avec un peu de chance dessinent des paraboles dans l’air avant de retomber avec fracas et éclaboussures.

Parfois avec des mouvements fluides d’autres grosses queues émergent, celles des baleines: Rorqual à bosse, Bleu, Nageoire et Minke, ou plus près des phoques léopards du rivage, chassant souvent des pingouins. Le capitaine suggère où il est préférable de regarder, que ce soit à l’arrière ou à l’avant, et il peut arriver qu’il tourne en rond pour donner à chacun plus de temps pour profiter du spectacle électrisant de la nature.

Au-delà du cercle polaire

Après l’archipel des Shetland du Sud, avec Hannah Point, péninsule étroite où, en plus des manchots, on peut voir des phoques de Weddel et de l’Antarctique, et des éléphants de mer, on traverse le cercle polaire (66°33′ 39 ») en direction de l’archipel depuis le Wilhelmine. Voici trois des points les plus spectaculaires de la croisière : l’île volcanique Petermann, Port Charcot et la petite baie abritée de l’île Booth.

Puis, Si le temps et la glace le permettent, vous traverserez le pittoresque chenal Lemaire. Dix kilomètres de montagnes surplombant la mer où le silence est rompu par le bruit des calottes glaciaires tombant à l’eau. Si le temps est favorable le navire s’arrête dans la caldeira de l’île de la Déception, à Pendulum Cove, pour les sources d’eau thermale. Il y a ceux qui se plongent dans de l’eau très chaude, entourée de glace.

Vous apprenez vite qu’ici l’homme est un observateur de passage ; que les pingouins vivent leurs journées sans se soucier de notre présence. Ce temps change soudainement. Et aussi que la glace peut brusquement fermer des passages. En Antarctique, rien n’est confortable ou facile. C’est peut-être là que réside sa beauté incomparable.

Antarctique en Italie

Le Musée national de l’Antarctique a trois bureaux : Gênes, Sienne et Trieste. Elle est née en 1996, quinze ans après le début de la Programme national de recherche en Antarctique pour préserver, étudier et valoriser les découvertes recueillies lors des expéditions scientifiques italiennes en Antarctique.

A Gênes, des visions 3D

Le musée conserve du matériel biologique, des organismes dans l’éthanol, éponges et coquillages surgelés ou dans le formol. La collection n’est pas disponible actuellement, mais il est possible de voir la collections numériques en 3d.

A Sienne, parmi les météorites

Le siège du Musée de l’Antarctique de Sienne est dédié à sciences de la Terre et garde les rochers, minéraux, fossiles et glace. Parmi les découvertes, des troncs fossiles d’Allan Hills (South Victoria Land), des empreintes fossiles de feuilles d’une forêt vieille de 300 millions d’années et un prestigieuse collection de météorites antarctiques. Une collection de films et de publications est également visible. Il est situé dans la Via del Laterino 8, sur rendez-vous du lundi au vendredi 9-13 et mardi et jeudi également 15-17. Entrée libre.

A Trieste, avec les explorateurs

Le bureau de Trieste expose une riche documentation sur l’épopée des grandes explorations et l’histoire des italiennes. Via E. Weiss 21, mardi, mercredi et samedi de 9h30 à 13h, jeudi et vendredi également de 15h à 18h, entrée 6 euros.

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