Le français Total signe un accord GNL de 27 ans avec le Qatar


Débloquez gratuitement Editor’s Digest

TotalEnergies a signé un accord de 27 ans avec le Qatar pour sécuriser le gaz naturel liquéfié, prolongeant l’engagement de la France en faveur des combustibles fossiles au-delà de 2050 dans le cadre de l’un des accords d’approvisionnement en GNL les plus longs jamais signés.

Le Qatar fournira jusqu’à 3,5 millions de tonnes de GNL à la France par an à partir de 2026 à un prix non divulgué, les livraisons devant se poursuivre jusqu’en 2053, ce qui en fera l’accord le plus important et le plus long conclu par cet État du Golfe avec l’Europe.

Le contrat met en évidence la dépendance de la France à l’égard des énergies émettrices de carbone, malgré son objectif d’atteindre zéro émission nette en 2050.

Cela souligne également les tensions entre le besoin de sécurité énergétique de l’Europe et son objectif de réduire sa dépendance aux combustibles fossiles pour répondre aux ambitions environnementales du continent.

Le Qatar fournit du GNL à la France depuis 2009, mais la demande européenne pour ce carburant a augmenté depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Même si la France était moins dépendante du gaz russe que l’Allemagne, la guerre a obligé à repenser son approche du GNL.

Les flux de GNL vers la France ont augmenté rapidement depuis l’invasion de février 2022, en hausse de 102 % l’année dernière, selon le réseau gazier GRDF.

La France était le quatrième importateur mondial de GNL en 2022, derrière le Japon, la Chine et la Corée du Sud, selon les chiffres de la société d’information commerciale ICIS.

Le GNL produit 50 pour cent moins de dioxyde de carbone que le charbon pour la même quantité d’énergie lorsqu’il est brûlé, et 30 pour cent de moins que le pétrole.

Il reste cependant une source d’émissions importante, ce qui signifie que la France devrait compenser tout GNL encore brûlé en 2050 pour atteindre son objectif de zéro émission nette.

Le président Emmanuel Macron a lancé une vaste campagne visant à s’appuyer sur l’énergie nucléaire à faible émission de carbone dans le cadre de cet objectif, avec un programme de 52 milliards d’euros pour construire au moins six nouveaux réacteurs.

Par ailleurs, la France tente d’accélérer son déploiement d’énergies renouvelables, qui est en retard par rapport à celui de ses voisins européens.

Le Qatar a récemment signé des accords de 27 ans avec les sociétés chinoises Sinopec et China National Petroleum Corporation, mais il s’agit du premier accord de ce type avec l’Europe, selon Alex Froley, analyste GNL chez ICIS, une société d’information sur le marché de l’énergie.

“Cet accord contribue à garantir une grande partie de l’approvisionnement en gaz des ménages, des centrales électriques et de l’industrie françaises dans les décennies à venir”, a-t-il ajouté.

Il fait suite à un accord de 15 ans entre les groupes de services publics allemands Uniper et RWE avec le Qatar visant à obtenir 2 millions de tonnes de GNL par an, annoncé en novembre – le premier accord à long terme pour la fourniture de GNL à un pays de l’UE depuis le début de la guerre en Ukraine.

Le groupe gazier français Engie a signé l’année dernière un accord de fourniture de GNL de 15 ans avec NextDecade, basé à Houston, après avoir précédemment rejeté un tel accord parce que le gouvernement français, son actionnaire à 24 pour cent, avait fait part de ses préoccupations environnementales concernant un tel accord.

Les derniers contrats entre Total et la société publique QatarEnergy seront principalement orientés vers le marché français. Total, qui entretient des relations étroites avec le Qatar depuis des années, a été la première major internationale choisie comme partenaire du grand projet North Field East LNG en décembre dernier.

Environ 16 pour cent de la consommation énergétique de la France provient du gaz, dont environ 40 pour cent sont destinés au chauffage domestique.

La France dispose de quatre terminaux d’importation de GNL et envisage d’en construire un nouveau flottant près du port nord du Havre.

Le GNL proviendra de deux joint-ventures entre QatarEnergy et Total : le projet North Field East, dans lequel la major française détient une participation de 6,25 pour cent, et North Field South, dans lequel Total détient une participation de 9,37 pour cent. Ces 3,5 millions de tonnes représentent « effectivement la part de Total dans la production » de ces sites, a déclaré Froley.

Saad Sherida Al-Kaabi, ministre de l’énergie du Qatar, a déclaré : « Ces deux nouveaux accords que nous avons signés avec notre partenaire TotalEnergies démontrent notre engagement continu envers les marchés européens en général, et envers le marché français en particulier, contribuant ainsi à la sécurité énergétique de la France. »



ttn-fr-56