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Le fondateur milliardaire de Kakao, la principale société Internet de Corée du Sud, a été arrêté en lien avec une prétendue manipulation boursière lors de la bataille d’enchères acharnée de l’année dernière pour une agence de K-pop.
Le tribunal du district sud de Séoul a émis mardi un mandat d’arrêt contre Brian Kim, invoquant des inquiétudes concernant la destruction de preuves et le risque de fuite. Il s’agit du dernier rebondissement judiciaire en date pour le géant de l’internet, alors que le groupe fait l’objet d’une surveillance réglementaire plus stricte.
Kakao a racheté SM Entertainment l’année dernière après avoir remporté une enchère intense avec Hybe, l’agence à l’origine de la sensation K-pop BTS. Mais les régulateurs financiers ont accusé les dirigeants de Kakao d’avoir acheté 240 milliards de wons (173 millions de dollars) d’actions SM pour saper l’offre publique d’achat de Hybe.
Kim a nié toute implication dans des activités illégales liées à l’acquisition de SM. Le directeur des investissements de Kakao, Bae Jae-hyun, est jugé pour son implication dans cette affaire. Bae a également nié tout acte répréhensible.
Kim a été célébré comme l’un des entrepreneurs Internet les plus prospères du pays après avoir créé l’application de messagerie populaire Kakao en 2010. Il est l’un des rares milliardaires autodidactes de Corée du Sud – un exploit rare dans un pays où l’économie est dominée par une poignée de grands conglomérats familiaux connus sous le nom de chaebol.
Sorti de la pauvreté, il a bâti un géant de l’Internet dont les activités vont des réseaux sociaux et des portails Internet à la banque en ligne, aux achats et aux jeux. Kakao est désormais le 15e plus grand conglomérat du pays en termes d’actifs, selon la Commission coréenne du commerce équitable.
Kim est l’homme d’affaires le plus en vue à avoir été placé en détention en Corée du Sud depuis des années. Le président de Samsung Electronics, Lee Jae-yong, a été arrêté en 2017 pour corruption, mais a ensuite été gracié. Il fait actuellement l’objet d’une autre affaire, alléguant manipulation du cours des actions et fraude comptable.
L’expansion rapide de Kakao au cours de la dernière décennie a suscité des critiques selon lesquelles le groupe porte préjudice aux magasins physiques locaux. Il est devenu une cible privilégiée des autorités sud-coréennes qui renforcent la réglementation contre les géants de l’Internet.
Les ennuis judiciaires de Kim assombrissent les perspectives commerciales de Kakao à l’heure où le groupe accélère ses investissements dans l’intelligence artificielle et étend sa présence à l’étranger avec des bandes dessinées numériques appelées webtoons. Kakao prévoit de lancer de nouveaux services d’intelligence artificielle cette année.
Dans un communiqué, Kakao a exprimé ses regrets face à l’arrestation de Kim et a déclaré qu’il ferait de son mieux pour minimiser tout vide de leadership.
Kim est le plus gros actionnaire de Kakao : lui et ses affiliés détiennent 24 % des parts. S’il est reconnu coupable, il pourrait perdre le contrôle de la banque en ligne KakaoBank. En vertu de la loi sud-coréenne, les personnes reconnues coupables de délits financiers ne peuvent détenir plus de 10 % des parts d’une banque.
Le cours de l’action Kakao a chuté de 77 % depuis qu’il a atteint un niveau record en 2021, ce qui lui confère une valorisation boursière actuelle de 17 400 milliards de wons. Son action a chuté de 4,6 % mardi, tandis que l’indice de référence Kospi a augmenté de 0,4 %.