Le film le moins morettien alors que le plus morettien est sorti au cinéma : "Le soleil du futur"


POUR un jour après la sortie de Le soleil du futur Rai 3 propose ce soir à 21h25 l’avant-dernier film Nanni Moretti : Trois étages. Le moins morettien des films du réalisateur est la transposition de livre de l’écrivain israélien Eshkol Nevo. Un beau texte auquel, selon de nombreux critiques, Moretti n’a pas fait honneur.

Trois étages: le complot de Tel-Aviv à Rome

Les trois histoires qui composent le roman se déroulent à Tel-Aviv et racontent les trois plans de la psyché humaine : ça, moi et surmoi. Moretti les transfère à Rome Prati, et les trois étages de la personnalité reflètent ceux d’une copropriété bourgeoise. Au rez-de-chaussée vivent Lucio (Riccardo Scamarcio), sa femme Sara (Elena Lietti) avec leur fille de sept ans, Francesca (Chiara Abalsamo).

L’enfant est souvent confiée à la garde de deux voisins âgés qui la gardent occasionnellement : Giovanna (Anna Bonaiuto) et Renato (Paolo Graziosi). Un jour le vieil homme et la petite fille disparaissent et le père soupçonne Renato d’avoir agressé sa fille.

Elena Vietti et Riccardo Scamarcio.

Au au premier plan, il y a Monica (Alba Rohrwacher) et Giorgio (Adriano Giannini). Il voyage beaucoup pour le travail et elle s’ennuie souvent et a peur seule car elle craint de devenir un jour comme sa mère, hospitalisée pour des troubles mentaux. Petit à petit, Giorgio comprendra qu’il doit être proche de sa famille.
Enfin, au deuxième étage réside un couple de juges : Vittorio (Nanni Moretti) et Dora (Margherita Buy). Un soir, son fils Andrea (Alessandro Sperduti), âgé de vingt ans, écrase et tue une femme, puis demande à ses parents de l’aider à obtenir une peine plus douce. Les trois événements différents, contrairement à ce qui se passe dans le livre, se touchent.

Nanni Moretti joue un juge.

Un film froid par rapport au livre

C’est la première fois que Nanni Moretti ne part pas d’un sujet original mais s’inspire d’un roman. Le transfert du décor de Tel-Aviv à Rome a pénalisé le film : si dans le roman de Nevo la réalité sociale et culturelle de la ville israélienne pèse, en Trois étages il manque l’histoire de notre société. Les reflets et les sensations des personnages manquent et le film paraît plus froid que le splendide livre : les faits relatés dans le texte apparaissent, mais sans raison claire pour laquelle ils se produisent.

Nanni Moretti, Margherita Buy et Alessandro Sperduti.

POUR Cannes 2021 le film a été accueilli par 11 minutes d’applaudissements qui, cependant, ne s’est pas transformé en prix. «Je suis soudainement devenu vieux», a commenté Nanni Moretti dans un post ironique sur Instagram.

En conférence de presse, les commentaires ne manquent pas sur le jugement des critiques : « Il y a quarante ans, je lisais tout, j’achetais même les journaux le soir : maintenant je suis plus détaché, j’ai tendance à ne pas lire plus de quelques critiques. Plus le temps passe, plus j’aime ce travail. Avec ce film j’ai alors eu l’occasion d’explorer des thématiques universelles qui me sont chères : l’importance du choix, le sentiment de culpabilité, la responsabilité envers soi-même et envers les autres».

Nanni Moretti avec une partie du casting de “Trois étages” à Cannes 2021 : De gauche à droite Karen Di Porto, Elena Lietti, Denise Tantucci, Margherita Buy, Alba Rohrwacher, Chiara Abalsamo et Gea Dall. (Contraste)

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Au casting la “habituelle” Margherita Buy avec Riccardo Scamarcio

Riccardo Scamarcio, Alba Rohrwacher, Anna Bonaiuto, Paolo Graziosi, Alessandro Sperduti, Elena Lietti, Chiara Abalsamo jouent dans le film avec Margherita Buy. Les hommes et les femmes ont des nuances différentes dans le film. Moretti a expliqué : « Les personnages masculins sont « noyés » dans leurs obsessions, comme Scamarcio, leur rigidité, l’homme que je joue, ou leur nonchalance, celle de Giannini. Chacun d’eux est convaincu d’avoir raison et pour cette raison ils restent immobiles et cloués, ils ne bougent pas. Les personnages féminins, au contraire, ont une autre propension envers les autres, et essaient de réparer et de dissoudre les conflits». .

Alba Rohrwacher adorait son personnage : « Un soir, pendant le tournage, j’ai envoyé un message à Nanni pour lui dire que j’aimais beaucoup Monica. Au fur et à mesure que je la « connaissais », je me laissais conquérir par sa condition de solitude forcée, Je me suis tellement laissée émouvoir que je me suis toujours sentie à ses côtés. On a décidé avec Nanni de donner une veine de désordre à “Monica” même à travers la couleur rouge de ses cheveux.

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