Quiconque achète une voiture électrique peut désormais bénéficier d’une prime pouvant aller jusqu’à 5 000 euros. Il s’agit ici de la mesure la plus controversée du nouvel accord budgétaire flamand. Cette prime est-elle vraiment si absurde ?
“Malheureusement, l’argent ne pousse pas dans les arbres.” C’est ce qu’a déclaré lundi le Premier ministre flamand Jan Jambon (N-VA) lors de sa déclaration de septembre au Parlement flamand. « Nous avons reversé chaque euro non pas deux mais trois fois. Nous éliminons des dépenses qui étaient autrefois utiles, mais qui ne le sont plus aujourd’hui.
Un exemple en est la décision de mettre fin aux primes pour ceux qui installent des panneaux solaires début 2024. Une décision assez historique, par laquelle le gouvernement flamand ferme un robinet controversé de subventions vertes qui nous a coûté au moins 14 milliards d’euros (!) depuis le début du siècle. .
Et encore. Mais le gouvernement flamand ouvre également un nouveau robinet de subventions vertes. Il y aura une prime pour quiconque achète une voiture électrique neuve ou d’occasion. Cette prime devrait abaisser la barrière à l’entrée d’un tel modèle respectueux du climat. En 2024, on partira avec une somme de 5 000 euros pour une voiture neuve et 3 000 euros pour une d’occasion. La prime s’applique jusqu’en 2027 et diminue chaque année.
Le moteur de ce projet est la ministre de la Mobilité Lydia Peeters (Open Vld). Elle parle elle-même d’une mesure qui « devrait pleinement soutenir le verdissement du parc automobile flamand ». Car même si le nombre de véhicules utilitaires électriques sur nos routes augmente rapidement, le marché « normal » est à la traîne. Seulement 2 pour cent y conduisent une voiture verte. Beaucoup trop peu au regard des objectifs climatiques flamands, estime-t-on.
Cadeau
La prime aux voitures électriques n’est pas nouvelle. La mesure fait effectivement son grand retour.
En 2016, Annemie Turtelboom (Open Vld), alors ministre de l’Énergie, a introduit pour la première fois une prime pour l’achat de voitures électriques. Elle brandit une prime pouvant aller jusqu’à 4 000 euros pour quiconque franchirait le pas. Mais cela ne se traduit pas par un afflux populaire. En 2016, 2017 et 2018, les millions d’euros débloqués pour les primes restent intacts. Pourtant, la ministre Lydia Peeters – qui a fini par remplacer Turtelboom après un jeu libéral de chaises musicales en 2019 – a prolongé l’accord juste avant les élections.
Non sans combat, d’ailleurs. L’actuel ministre du Budget Matthias Diependaele est l’un des députés qui s’est présenté au fil des années comme un farouche opposant à la prime. Il est toujours le chef du parti N-VA. Début 2019, Diependaele avait qualifié la prime de « cadeau financier ». Il vaudrait mieux que cet argent soit consacré à de nouvelles bornes de recharge.
Dès que le gouvernement Jambon prendra ses fonctions fin 2019 – avec Zuhal Demir (N-VA) comme nouveau ministre de l’Énergie – le dada bleu prendra rapidement fin. Pour de bon, semble-t-il. « La mesure n’est pas à la hauteur de ses attentes. La prime a peu d’influence sur la volonté d’achat », explique Demir.
Inattendu
Force est de constater que le retour de la prime aux voitures électriques n’est pas bien accueilli aujourd’hui par la N-VA. Cependant, au sein du parti, il est fait référence aux accords conclus lors de la mise à jour du plan climatique flamand en mai. Peeters (en tant que ministre de la Mobilité) s’est alors vu promettre qu’elle pourrait développer une incitation à l’écologisation du parc automobile. Et c’est ce qu’elle fait maintenant.
Un nationaliste flamand : « Nous ne pensions pas qu’elle proposerait cette mesure maintenant. Mais la question s’est quand même posée. Et cette question a été soutenue par Bart Somers, le vice-Premier ministre libéral.»
Peeters lui-même assure que la nouvelle prime est structurée différemment de l’ancienne. Quiconque souhaite acquérir un modèle de voiture plus cher, au-dessus de 40 000 euros, n’a plus droit à une subvention. L’accent est également mis davantage sur le marché de l’occasion. Les véhicules utilitaires écologiques d’aujourd’hui sont les voitures d’occasion écologiques et abordables de demain. La clé est de stimuler l’appétit en temps opportun.
Quoi qu’il en soit, Peeters souligne que les montagnes de dettes comme celles liées aux panneaux solaires sont exclues. Le budget est strictement défini : un montant total de 75 millions d’euros est prévu au budget d’ici 2027.
Chinois
Le scepticisme reste élevé chez Bond Beter Leefmilieu. La prime est critiquée comme une « solution trop facile » et fait référence, entre autres, à une étude de Deloitte sur le marché des voitures électriques. Le consultant pointe un certain nombre de risques liés à une prime à l’achat, dont le risque qu’elle augmente le prix de revient et profite surtout au secteur automobile. Deloitte a établi que les modèles électriques aux Pays-Bas coûtent jusqu’à 2 000 euros de plus que chez nous. Aux Pays-Bas, une prime de 2 000 euros s’applique.
Les cercles verts se méfient depuis longtemps des liens entre Peeters et le secteur automobile. Sa récente opposition aux nouvelles normes d’émissions pour les voitures essence et diesel pourrait y être pour quelque chose. Idem pour l’accueil jubilatoire que lui réserve sa nouvelle prime de la part de la fédération automobile Febiac.
L’autojournaliste Tony Verhelle ajoute un autre élément. « Des voitures électriques plus petites et moins chères sont développées en Europe. Vous possédez déjà, entre autres, une Dacia, une Fiat 500 et une Peugeot 208. Mais il existe également de nombreux modèles chinois. La MG chinoise est l’un des leaders du marché privé. Donc, avec cette prime, vous pourriez avoir pour effet secondaire de donner un coup de pouce aux Chinois, plus que tous. Et ce, alors que l’Europe souhaite réduire les importations chinoises, notamment de voitures.
Verhelle pense que la prime peut aider les gens à faire un choix écologique, mais il ne s’attend pas à des miracles. « Aux Pays-Bas, le budget des primes ne s’épuise pas. Il y a trop peu de demande.
La ligne
Ce qui nous amène à la critique la plus fondamentale, qui peut être entendue au Parlement flamand mais aussi de la part de l’organisation de voyages TreinTramBus, entre autres : pourquoi mettre de l’argent frais à disposition pour les voitures électriques, mais pas pour le moribond De Lijn ? Les transports publics flamands souffrent de problèmes.
Selon Peeters, cette critique est injustifiée. Son cabinet souligne l’allocation “immense” d’un milliard d’euros par an, l’écologisation du parc de bus, l’annonce selon laquelle il y aura des fonds supplémentaires pour le transport des jeunes vulnérables et le fait qu’elle s’est à nouveau battue pour maintenir les prix des billets stables. “Car oui, une indexation des prix des billets était également sur la table lors de cette négociation”, précise-t-on.