Les athlètes belges remporteront quatre médailles après les Championnats du monde d’athlétisme en salle à Glasgow ce week-end. « En tant que pays, nous avons fait un grand pas en avant », déclare le journaliste sportif Hans Vandeweghe. Mais cela ne signifie pas nécessairement que nous pouvons simplement répéter cela lors des Jeux Olympiques.
Trois médailles d’or, une de bronze. Peut-on parler d’une Coupe du monde d’athlétisme réussie ?
« Ce n’était certainement pas ce à quoi on s’attendait, personne n’avait dit à l’avance que cela était possible. On pourrait voir cela des deux côtés. Il y aura des gens qui diront que c’est « seulement » en salle et que c’est dans une année olympique au cours de laquelle les vrais meilleurs joueurs ne veulent atteindre leur sommet qu’une seule fois et c’est pourquoi ils n’y sont pas encore. Mais il y a eu des années comme ça, et puis la Belgique n’a rien obtenu du tout. C’est maintenant. Nous avons donc fait un grand pas en avant en tant que pays.
Alexander Doom remporte l’or au 400 mètres et bat le champion olympique et détenteur du record du monde Karsten Warholm. Et au début, il a même hésité à participer ?
« Il se concentre en effet principalement sur l’équipe de relais, mais le fait qu’il ait désormais décidé de participer également individuellement en dit long sur les étapes que nous avons franchies en tant que pays, également mentalement.
« Les 400 mètres sont un chiffre terrible. Cela signifie mourir jusqu’à la fin, on subit beaucoup de blessures et on doit rivaliser avec les meilleurs athlètes. Et pourtant, en tant que pays, nous sommes au sommet. Doom y dépasse les athlètes qui sont plus rapides que lui. Il dépasse Warholm, avant tout un coureur de haies mais aussi un bon sprinter. En fait, nos athlètes à Glasgow ont découvert que les adversaires qu’ils affrontent n’ont que deux bras et deux jambes, qu’ils ne sont que des humains.
Un jour plus tard, Doom aide également les Tornados à remporter l’or au 4×400. Sans le capitaine Kevin Borlée cette fois. L’avenir de cette équipe est-il assuré ?
« Ce succès est la tradition que nous avons héritée de Jacques Borlée en tant qu’entraîneur. Cet homme se dispute régulièrement avec les autorités et il se plaint peut-être beaucoup, mais cela s’avère souvent justifié. Doom avait une relation difficile avec Borlée car il favorisait ses fils dans l’équipe. Il a maintenant gravi les échelons avec les Tornados et est devenu le dernier coureur du 4×400. Cela montre ses sérieux progrès.
« Maintenant, c’est la dernière année que Jacques Borlée entraîne, donc cela pourrait bientôt se terminer. Les jeunes athlètes voient qu’il est possible de gagner des prix avec l’équipe 4×400 et seront peut-être plus susceptibles de choisir cette distance, ce qui garantit l’afflux de nouveaux talents.
« Le 4×400 ne consiste pas seulement à courir vite, mais aussi à passer le relais le plus rapidement possible. La Belgique a maîtrisé cela sous Borlée. Notre pays ne fait quasiment aucune erreur en la matière et on le voit moins avec, par exemple, l’équipe américaine, qui arrive avec quatre coureurs rapides qui verront ensuite comment passer le relais. Notre pays sait vraiment comment maximiser son potentiel. Par ailleurs, l’athlétisme est également l’un des rares sports dans lequel les athlètes francophones de notre pays contribuent également à la réussite. Nafi Thiam en premier lieu, mais pensez aussi à Julien Watrin, qui se remet d’un cancer des testicules et n’était pas présent, ou à Eliott Crestan, qui a remporté le bronze sur 800 mètres.
La première médaille d’or est arrivée le week-end dernier pour Noor Vidts, en pentathlon.
« Vidts était bien sûr déjà le champion en titre. Une fleur pour elle, mais tout un pot de fleurs pour son entraîneur Fernando Oliva. C’est aussi l’entraîneur qui a rendu Kim Meylemans plus rapide au début du skeleton. La façon dont il parvient à tirer le meilleur parti de Vidts est incroyable. Vidts n’est pas un talent mondial comme Nafi Thiam, mais Vidts a toujours l’air encore plus athlétique qu’elle ne l’est déjà à chaque fois.
« Aux Jeux Olympiques, ce n’est pas un pentathlon mais un heptathlon et il faudra compter sur l’abandon des vrais meilleurs joueurs. L’heptathlon s’étale sur deux jours, c’est beaucoup plus dur et il arrive toujours que deux ou trois athlètes se blessent.
Après cette Coupe du Monde, que peut-on encore espérer pour les Jeux de cet été ?
« Ces médailles ne garantissent rien pour les Jeux. Beaucoup de choses peuvent encore arriver, n’oubliez pas qu’il faut encore souvent se positionner. Pour le 4×400 mètres, cela n’arrivera qu’aux Championnats du monde de relais aux Bahamas. A cet effet, l’équipe effectuera d’abord un stage à Curaçao. Il y a aussi un Championnat d’Europe à venir, mais cet été, bien sûr, seuls les Jeux comptent.
« Nous sommes désormais parmi les meilleurs au monde sur 400 et 800 mètres. S’ils restent tous en bonne santé, n’agissent pas de manière trop folle et progressent, quelque chose de positif peut certainement en sortir. Mais pour l’heure, je ne vois qu’un seul prétendant à une médaille aux Jeux en athlétisme : Nafi Thiam. Elle aussi doit encore se qualifier, mais elle est la seule à être déjà mentionnée dans les pronostics internationaux.
«Je vois Alexander Doom atteindre la finale tout au plus, s’il choisit également de présenter des numéros individuels. Il est également possible qu’il veuille se réserver pour le 4×400 mètres. Mais globalement, nous avons fait un pas vers le sous-sommet et là, on peut rêver d’une place finale. Et puis on se bat pour les médailles, ce qui n’était pas le cas avant. Même si vous jouez contre des Américains ou des Jamaïcains coriaces, au final, cela revient parfois à passer une bonne journée alors que vos adversaires s’en sortent un peu moins bien.