Le documentaire « Dahomey » sur l’art pillé remporte la Berlinale


Pour la deuxième année consécutive, un documentaire a remporté l’Ours d’Or à la Berlinale, le festival du film de Berlin. Après Sur l’Adamantà propos d’une clinique psychiatrique à Paris, remporté samedi Dahomey par Mate Diop. Elle suit 26 objets d’art volés jusqu’au Bénin, en Afrique, d’où ils ont été pillés par l’armée française en 1892.

Diop laisse la statue du roi Gheze commenter poétiquement ses pérégrinations et propose un débat animé sur l’art pillé et le colonialisme au Bénin. L’un célèbre la restitution, un autre la considère comme une aumône, un troisième souligne le caractère inéluctable des schémas de pensée occidentaux. Car pourquoi ces images sont-elles exposées dans un musée en tant qu’« art » ? Ils n’étaient pas coupés de cette façon à l’époque. Et pourquoi tout le monde discute en français ?

Bonjour

Dahomey est un petit documentaire magnifique et réfléchi qui illustre également à quel point le fossé est désormais profond entre Berlin et ses anciens rivaux Cannes et Venise. Un Ours d’Or est rarement un incontournable, mais le directeur artistique en exil Carlo Chatrian n’a pas réussi à changer cela. Il a pris ses fonctions alors que, selon les critiques, la Berlinale avait besoin d’une « cure de désintoxication », mais – en partie à cause des années corona – n’a jamais vraiment réussi à laisser sa marque sur le festival.

Son dernier concours contenait de nombreux ingrédients familiers ; une expérience cérébrale (Architecture), le folklore (Shambhala), le kitsch noble italien (Gloria !), un eurodrame avec le cœur à la bonne place (Langue étrangère et À Liebe, Eure Hilde) et un film des réalisateurs iraniens persécutés, cette année Maryam Moghaddam et Behtash Sanaeeha, qui apparaissent dans l’attachant Mon gâteau préféré osons suggérer qu’une veuve âgée puisse désirer une vie amoureuse.

Le buzz est plutôt venu des films que la Berlinale a partagés avec le festival américain de Sundance, qui a lieu en janvier ; La Berlinale parvient à attirer peu de films de premier plan grâce à ses propres mérites. Bien que Chatrian en oublie parfois un : il a laissé de côté le dernier candidat aux Oscars. La fille tranquille ne fera pas ses débuts dans sa compétition principale en 2022, mais dans le programme jeunesse Génération Kplus.

Sa successeure, Tricia Tuttle, peut désormais rehausser le statut de la Berlinale, même si les problèmes ne sont pas existentiels. La Berlinale est un immense festival public qui propose un large éventail de films et une liste d’invités passionnante. La position de numéro trois européen n’est pas menacée.

Film aux méandres tendres

Les prix restent. Le vétéran du festival Hong Sangsoo de Corée du Sud a reçu le Grand Prix du Jury (argent) pour l’un de ses films aux tendres méandres, Les besoins d’un voyageur: Isabelle Huppert, en enseignante déchue, donne des cours de français à des dames coréennes.

Le Prix du Jury (bronze) est revenu au Français Bruno Dumont L’Empire: science-fiction bizarre sur deux civilisations extraterrestres – 0 et 1 – qui entrent en collision dans les dunes près de Calais. L’Empire combine les bêtises du quotidien – les extraterrestres sont menacés par les baigneurs, les pêcheurs et les agriculteurs sur des chevaux de trait – avec les effets grandioses des cathédrales et des palais volants.

L’Ours d’argent du meilleur réalisateur est allé à Nelson Carlos de Los Santos Les Arias de l’inimitable Pépé: le fantôme d’un hippopotame tué amené en Colombie pour le zoo du baron de la coke Pablo Escobar raconte une histoire plutôt incohérente sur son nouvel habitat.

Le meilleur acteur (non sexiste) était Sebastian Stan dans le rôle d’Edward/Guy dans Un homme différent, un homme défiguré par la neurofibromatose qui retrouve soudain un beau visage après un remède miracle. La meilleure actrice dans un second rôle a été décernée à Emily Watson dans le rôle de l’effrayante Mère Supérieure. De petites choses comme celles-ci.

Des prix de consolation ont été attribués aux films allemands et autrichiens qui méritaient davantage. Matthias Glasner a remporté l’Ours d’argent du meilleur scénario Sterbenun récit bergmanien impitoyable de trois heures avec une famille sans amour.

L’obscurité, filmée sans lumière artificielle Des Teufels Bad (meilleur travail photographique) est un portrait sombre et imposant d’une femme pieuse et déprimée qui commet un infanticide au XVIIIe siècle dans l’espoir d’être exécutée. Une issue que choisissent à l’époque des centaines de femmes catholiques : l’exécution, contrairement au suicide, offre encore une perspective de paradis.

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