Le dévoilement d’un résistant français (98) conduit à des fouilles dans une fosse commune avec des soldats allemands


Près de quatre-vingts ans après leur exécution par des résistants français, des fouilles ont commencé pour les restes de 46 soldats de la Wehrmacht et d’un collaborateur présumé près de la ville de Meymac, dans le centre de la France.

Dix jours ont été alloués pour les travaux. Dans la zone, qui sera fouillée à l’aide d’un radar au sol, plus de 30 arbres ont été abattus. Une vingtaine d’archéologues, d’anthropologues et de personnes qui les soutiennent espèrent faire le « travail de dur ».

L’opération fait suite aux révélations d’un vétéran de la Résistance française. Il a nommé la zone forestière Le Vert comme site de la fosse commune en mai. Les spécialistes qui mènent les recherches ont besoin de repos et de concentration. C’est pourquoi la préfecture de Corrèze a choisi d’inviter les médias au début de l’enquête. Après cela, l’endroit n’est plus accessible aux étrangers.

Le vétéran de la Résistance Edmond Réveil est soulagé que le « secret de Mymac » ait été révélé après presque quatre-vingts ans. « Il fallait que ça se sache et je pense que c’est fini maintenant. J’ai 98 ans et je veux me reposer », a-t-il déclaré mercredi matin aux journalistes régionaux. France 3. Selon la chaîne publique, le nonagénaire a ressenti « au crépuscule de sa vie le besoin de tout raconter car le poids de cette sale histoire de guerre est devenu trop lourd pour lui ».

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Vétéran de la Résistance Edmond Réveil. © Vidéo fixe La Montagne

Crime de guerre

Selon Réveil, le fait d’avoir tiré sur les 46 soldats allemands et une présumée collaboratrice (20) était un crime de guerre, puisqu’ils n’étaient pas armés et que l’exécution avait été ordonnée par des autorités supérieures. Le crime est désormais prescrit car il a eu lieu il y a plus de 30 ans.

Le Français, dernier témoin oculaire survivant, faisait partie du mouvement de résistance français FTP, fondé en 1942 par la direction du Parti communiste français. Début juin 1944, il avait fait d’innombrables prisonniers dans la ville de Tulle lors d’une attaque contre une école où étaient cantonnés des soldats allemands. La Waffen-SS avait pendu 99 civils innocents dans la ville. Le groupe de résistants se replie dans une zone forestière avec les soldats allemands capturés et un collaborateur présumé, qui aurait travaillé pour la Gestapo.

« Les gens n’étaient pas préparés à tant de prisonniers », a déclaré Réveil dans une interview au journal régional lundi La Montagne. Une partie d’entre eux – les 46 soldats allemands et collaboratrices – ont été transférés au département pour lequel il travaillait comme coursier. « Nous avons reçu l’ordre de les fusiller. » Quatre résistants, dont le Français alors âgé de 18 ans, ont refusé, les autres ont chacun tiré sur un Allemand.

Dessiné

« Parce que personne ne voulait tuer la femme, on a tiré au sort. Ensuite, les prisonniers ont dû creuser leurs propres tombes et notre commandant, un Alsacien germanophone, leur a dit en larmes qu’ils seraient exécutés. Avant leur mort, les prisonniers ont regardé des photos de leurs proches à la maison. Ce n’étaient pas de jeunes soldats parce que les jeunes étaient en Russie. Après l’exécution, nous avons jeté de la chaux sur la fosse commune. Ça sentait le sang. Nous n’en avons plus jamais reparlé après ça. »

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Le véhicule radar au sol qui a balayé le sol dans la zone forestière.
Le véhicule radar au sol qui a balayé le sol dans la zone forestière. © Vidéo fixe La Montagne

Secret public

L’exécution des prisonniers de guerre allemands était un secret de polichinelle à Meymac. Les faits ont été révélés dans un ouvrage historique, mais les habitants plus tard n’ont pas voulu rouvrir de vieilles blessures et sont restés silencieux à ce sujet. Le lieu est resté secret jusqu’à sa révélation par Réveil.

La Commission allemande des sépultures de guerre recherchait déjà les corps des soldats dans les années 1960. Les restes de onze d’entre eux ont été retrouvés en 1967 et enterrés dans un cimetière militaire allemand de l’ouest de la France. Le maire de Meymac a demandé à la commission des sépultures de guerre en 1969 de ne pas poursuivre les recherches. Peut-être par crainte que la réputation des résistants français ne soit entachée.

Un bouquet de fleurs avec un ruban dans le tricolore allemand à la zone forestière avec la fosse commune présumée.
Un bouquet de fleurs avec un ruban dans le tricolore allemand à la zone forestière avec la fosse commune présumée. © Vidéo fixe La Montagne

Après la révélation de Réveil, le Service national des anciens combattants et victimes de guerre (ONaCVG), qui travaille en collaboration avec la Commission allemande des sépultures de guerre, a pu localiser un endroit où les soldats seraient enterrés, principalement en raison de la taille et de la de nombreux « effets métalliques » des uniformes et des médailles proviendraient des victimes.

Si les restes des 46 soldats allemands sont retrouvés, ils seront examinés à l’Institut anthropologique de Marseille. Les scientifiques utilisent des os, des cheveux et des uniformes pour identifier les victimes. Dès que cela sera connu, la Commission allemande des sépultures de guerre contactera les familles. Ils ont le choix : rendre les restes en Allemagne ou les faire enterrer dans un cimetière militaire allemand en France.

AFP
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