Le procureur financier français a révélé qu’il enquêtait sur le groupe de distribution alimentaire Casino pour manipulation financière et délit d’initié qui auraient eu lieu en 2018 et 2019 lorsque le groupe a été enfermé dans une bataille avec des vendeurs à découvert alors qu’il luttait sous de lourdes dettes.
Le parquet a indiqué dans un communiqué que l’enquête préliminaire, ouverte en 2020 à la suite d’un rapport de l’Autorité des marchés financiers, portait sur d’éventuelles accusations liées à des “manipulations de cours de bourse” menées par un groupe de personnes, ainsi qu’à des actes de corruption. et “délit d’initié”.
Les détails de l’enquête sont tombés le même jour que le propriétaire de Casino, Jean-Charles Naouri, a dévoilé un accord pour combiner l’unité française de supermarchés du groupe avec Teract, un petit détaillant alimentaire. Les deux parties sont en pourparlers exclusifs, qui, s’ils étaient finalisés, fourniraient une bouée de sauvetage financière pour aider Naouri à éviter les créanciers et à restructurer ses avoirs lourdement endettés.
Casino a refusé de commenter l’enquête. Le détaillant a également annoncé vendredi une perte en année pleine de 316 millions d’euros et des dettes plus élevées que prévu dans son cœur de métier français.
Cadre avec un penchant pour l’ingénierie financière complexe, Naouri, 74 ans, a construit un réseau de holdings à travers lesquelles il contrôle Casino. Cependant, il les a surchargés de dettes et a ensuite été contraint de placer quatre des participations qui siègent au sommet de Casino – Rallye, Euris, Finatis et Foncière Euris – dans l’équivalent français de la protection contre les faillites en 2019.
Alors qu’un sursis pluriannuel accordé par un tribunal français dans le cadre du processus de restructuration de la dette touche à sa fin, des milliards de dollars de remboursements arriveront à échéance en 2024 et 2025. Les analystes du crédit se sont demandé si Rallye pouvait honorer ses paiements en 2025, tandis que Casino vendait actifs dans le but de couvrir ses obligations.
La période examinée par le procureur couvre les années précédant la demande de protection contre l’insolvabilité des sociétés mères de Casino, au cours desquelles les communications de la société avec le marché ont fait l’objet d’un examen minutieux. Dans un cas, Casino et son rival Carrefour ont publié des déclarations contradictoires sur la question de savoir s’ils envisageaient des pourparlers de fusion.
En plus de l’enquête de longue date du procureur, deux actionnaires minoritaires de Casino – Xavier Kemlin, un descendant du fondateur de la société, et Pierre-Henri Leroy, fondateur du conseil en vote Proxinvest – ont déposé des plaintes supplémentaires contre la société en février.
L’un d’eux, qui allègue que la procédure par laquelle Rallye s’est placé sous la protection de l’insolvabilité en 2019 était frauduleuse, a été déféré au parquet de Paris. Une deuxième plainte n’a pas encore été reçue par les enquêteurs, a indiqué le bureau.
En réponse, Casino a déclaré que les allégations de Kemlin et Leroy étaient “parfaitement inexactes et calomnieuses”, ajoutant que le groupe se réservait le droit d’intenter une action en justice “comme nous l’avons fait en 2018 contre les mêmes individus, en réaction aux mêmes allégations”.
Les résultats financiers de Casino publiés vendredi ont montré une perte nette de 316 millions d’euros pour 2022, une amélioration par rapport à l’année précédente, mais la dette totale est passée à 6,4 milliards d’euros, en hausse de 8% sur un an.
La dette nette de l’activité principale de vente au détail en France a atteint 4,5 milliards d’euros pour l’année, dépassant les attentes des analystes et exerçant une pression supplémentaire sur les flux de trésorerie après une forte baisse des volumes de ventes au cours des derniers mois de l’année.
Si l’accord avec Teract aboutit, Casino scindera ses actifs de distribution français tels que Monoprix et Franprix et les combinera avec Teract, une société cotée créée l’an dernier dans le cadre d’un accord Spac impliquant Invivo, une coopérative d’agriculteurs, et soutenue par plusieurs grands noms du commerce français. La nouvelle entreprise obtiendra 500 millions d’euros de fonds propres, mais aucun détail n’a été donné sur les valorisations ou sur la position de la dette dans les nouvelles entités.
Le groupe de distribution a déclaré qu’il se concentrerait sur la réduction des coûts, la réduction des stocks et le remboursement de ses dettes en 2023, et qu’il était sur la bonne voie pour mener à bien son plan promis de vendre 4,5 milliards d’euros d’actifs d’ici la fin de l’année.
Le cours de l’action Casino a baissé d’un quart au cours du mois dernier après avoir perdu 5% vendredi matin.