LE DÉBAT. Un impôt sur la fortune est-il une bonne idée pour économiser du pouvoir d’achat ?


L’impôt sur la fortune est de retour sur la table du gouvernement fédéral. Les socialistes, les verts et le CD&V voient dans la taxe un moyen d’économiser du pouvoir d’achat. Les libéraux attendent toujours. Qu’en penses-tu? Un impôt sur la fortune est-il une bonne idée pour augmenter le pouvoir d’achat ? Ce soir, nous regroupons les réactions les plus fascinantes dans une nouvelle pièce. Lisez ci-dessous ce qu’en pensent nos experts et certains politiciens.

Les socialistes, les verts et le CD&V voient dans la taxe un moyen d’économiser du pouvoir d’achat. Les Verts veulent que les entreprises qui réalisent des profits contribuent davantage, CD&V cible les 1% de Belges les plus riches. Les socialistes réclament également l’introduction d’un impôt sur les bénéfices excédentaires. L’idée de cette « contribution pouvoir d’achat » serait lancée d’ici le 1er mai.

Une telle taxe est idéologiquement plus difficile pour les partis libéraux de gouvernement. MR renvoie l’idée à la corbeille, Open Vld la regarde « avec un esprit ouvert » si elle peut augmenter le pouvoir d’achat de la classe moyenne. « Mais personne n’avait de proposition qui n’affecterait que 1% des riches sans affecter également la classe moyenne », semble-t-il.

Bart Van Craeynest, économiste chez VOKA :

« Le problème avec nos finances publiques, ce n’est pas tout de suite le trop peu d’impôts », explique l’économiste Van Craeynest sur Twitter. « Plutôt que de penser à toutes sortes de nouvelles taxes, peut-être pourrions-nous d’abord contrôler un peu les dépenses publiques. » Les chiffres montrent que la Belgique est sur la bonne voie pour les dépenses publiques les plus élevées parmi les pays industrialisés, rapporte Van Craeynest.


« Pour ceux qui pensent que le capital n’est pas encore taxé en Belgique », écrit Van Craeynest avec un graphique illustrant la pression fiscale sur le capital.


Paul Magnette, président du PS :

Le PS veut introduire un prélèvement de 1% sur tous les actifs supérieurs à 1 million d’euros. Cela devrait générer un bénéfice structurel pour le Trésor d’environ 3 milliards d’euros. « Nous parlons des 1 % les plus riches », a expliqué Magnette à la radio. «Cela devrait suffire à réduire les impôts des personnes à revenu faible et moyen et à faire gagner aux travailleurs environ 100 dollars par mois. Dans le contexte actuel d’escalade de l’inflation et de hausse explosive des prix, ce serait une mesure fondamentalement socialement et fiscalement juste.

Michel Maus, fiscaliste :

« Il y a eu quelques tentatives dans le passé pour taxer davantage les gros actifs, mais sans grand succès. Par exemple, la taxe supplémentaire de 4 % sur les dividendes pour les Belges disposant de revenus mobiliers supérieurs à 20 020 euros n’a rapporté que 76 millions d’euros au gouvernement Di Rupo, soit la moitié du rendement proposé. La taxe sur les valeurs mobilières du gouvernement Michel I a ensuite été annulée par la Cour constitutionnelle », a déclaré Maus plus tôt à notre éditorial.

« Taxer les grands actifs n’est donc pas seulement politiquement, mais aussi juridiquement pas si évident. Il y a des lois (constitutionnelles) ennuyeuses et beaucoup d’objections pratiques entre le rêve politique et l’action.

Paul De Grauwe, professeur à la London School of Economics :

« La hausse des prix du pétrole et du gaz signifie que le pouvoir d’achat de la Belgique dans son ensemble se dégrade. Quelqu’un devra porter ça », explique De Grauwe. « Aujourd’hui, les entrepreneurs belges sont devenus très rentables. Une étude récente de la Banque nationale montre que les marges bénéficiaires brutes des entreprises belges ont connu une forte hausse. En 2014, cette marge était en moyenne de 39 % ; en 2021, il était passé à plus de 45 %. De plus, l’étude montre que cette marge bénéficiaire moyenne est nettement supérieure à celle des Pays-Bas, de l’Allemagne et de la France, les pays de référence dans toute discussion sur la compétitivité.

« Ces chiffres se rapportent aux marges bénéficiaires brutes, c’est-à-dire avant impôts. Au cours de la même période, l’impôt sur les sociétés est passé de 33 % à 25 %. Cela implique que les marges bénéficiaires après impôt ont encore augmenté », poursuit-il.

« Si le pays perd du pouvoir d’achat en raison de la hausse des prix du pétrole et du gaz, la situation économique actuelle nécessite l’utilisation de capital, et non de main-d’œuvre. Comment est-ce possible? Tout simplement, par une augmentation temporaire de l’impôt sur les sociétés. Il a récemment été réduit de 33 % à 25 %. Ma proposition est de ramener le taux d’imposition des sociétés à 33 % pendant un an.

Syndicat socialiste ABVV :

« Cinq partis sur sept au gouvernement fédéral sont en faveur d’un impôt taxant les très riches ou les sociétés profitant. Cette mesure éventuelle peut faire la différence. Même si ça ne devrait pas toucher la classe moyenne », ça sonne à l’ABVV.

Egbert Lachaert, président d’Open Vld

« Personne n’est contre des impôts équitables pour les très riches, mais l’objectif ultime est de réduire les impôts pour tous ceux qui travaillent ou font des affaires », a déclaré le président d’Open Vld Lachaert. « A cette fin, d’autres parties peuvent également mettre en œuvre de toute urgence les accords d’activation et lancer le débat sur les dépenses publiques. »

Conner Rousseau, président avant :

Le président de Vooruit, Conner Rousseau, a déjà levé un coin du voile dans la conversation controversée avec ‘Humo’. Il veut également cibler les entreprises avec profit. Selon nos informations, les socialistes souhaiteraient faire passer l’impôt sur les sociétés des entreprises les plus rentables de 25 à 35 %. « Tout le monde devra contribuer. De cette façon, les entreprises peuvent soutenir le pouvoir d’achat des travailleurs. Ils ont encore assez de marge, d’ailleurs », peut-on entendre sur Keizerlaan. Le « bébé » recevrait le nom approprié de « contribution au pouvoir d’achat » et devrait générer 1 milliard d’euros par an.

Geert Noels, économiste :

« En Belgique, il n’y a pas de courage pour une bonne politique, mais il y a toujours de l’inspiration pour de nouvelles taxes », écrit Noels sur Twitter. « Nous devons amener l’argent là où il se trouve », déclare le gouvernement Vivaldi. Eh bien, c’est sur vous, et sur tous les rangs que vous contrôlez. Utilisez-le mieux.

Isolde Van Den Eynde, notre politologue :

« Un impôt sur la fortune, disons au moins cinq des sept partis du gouvernement fédéral. Cela a été proclamé pendant des années. L’année dernière c’était aussi le message de Conner Rousseau (Vooruit). Et puis? Rien. Nada », écrit notre politologue dans son article d’opinion. « Il faut que ce ne soit pas si évident. Politiquement et juridiquement. Mais la facture doit être juste. Pour l’avenir du petit Magnette, du petit Lachaert et du petit Coens. Quiconque intervient maintenant doit également le faire de manière ciblée. Vous ne pouvez pas continuer à rédiger des chèques de chauffage. Ensuite, ils doivent surmonter les différences. Une approche rouge, verte ou orange ? Le citoyen dans le besoin ne veut surtout pas payer le bleu. Osent-ils dire qu’il n’y a aucun soutien pour cela au sein du gouvernement? Ce dernier éteint alors la lumière.

Et maintenant, c’est à vous de décider. Quel est ton opinion? Faites-le nous savoir dans les commentaires sous cet article. Nous regroupons les réactions les plus fascinantes dans une nouvelle pièce ce soir.



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