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Le Congrès national africain, au pouvoir en Afrique du Sud, a signé un accord historique de partage du pouvoir avec l’Alliance démocratique, ouvrant la voie à la formation d’un nouveau gouvernement sous la direction de Cyril Ramaphosa, de l’ANC.
Un tel accord était vital pour permettre à l’ANC, qui a perdu sa majorité pour la première fois depuis la fin du régime de la minorité blanche il y a 30 ans lors des élections de mai, de rester au pouvoir avec une majorité ouvrière.
Cet accord fait suite à une longue période de négociations entre l’ANC et les partis d’opposition, notamment le parti libéral DA et le petit parti Inkatha Freedom (IFP), dominé par les Zoulous, et qui est également partie à l’accord. La percée s’est produite à la onzième heure vendredi, lors d’une pause pour la première séance du Parlement au Cap depuis les élections.
Les négociations précédentes s’étaient poursuivies jusqu’à 2 heures du matin vendredi. Les derniers points controversés, concernant les modalités de résolution des désaccords au sein du gouvernement, n’ont été aplanis qu’en période de session du Parlement.
Le document de neuf pages engage les parties à « coopérer par le biais d’un gouvernement volontaire d’unité nationale ». Il est important de noter que les Combattants de la liberté économique de Julius Malema et Umkhonto weSizwe (MK) de Jacob Zuma – deux partis radicaux qui promeuvent la nationalisation des banques et d’industries importantes – ne font pas partie de l’accord.
L’accord engage le DA à soutenir le choix de l’ANC de Ramaphosa comme président et de Thoko Didiza de l’ANC comme président du Parlement. En contrepartie, le candidat du DA sera vice-président.
Mais l’accord de partage du pouvoir ouvre également la voie à l’attribution au DA et à d’autres partis de postes ministériels et de « postes de direction » dans certaines commissions parlementaires, dont l’IFP deviendra le « président des présidents ».
Signé par le secrétaire général de l’ANC, Fikile Mbalula, et la présidente du DA, Helen Zille, le document expose les mécanismes du gouvernement de coalition, depuis la manière dont le cabinet sera constitué jusqu’aux lignes directrices pour l’élaboration des politiques et la résolution des différends.
Zille a déclaré au Financial Times qu’il s’agissait d’un développement important pour le pays. « Cela donne à l’Afrique du Sud une chance de créer une démocratie stable et une économie inclusive », a-t-elle déclaré.
Le document stipule que même si le président conserve le pouvoir de nommer son cabinet, cela doit se faire « en consultation avec les dirigeants des partis respectifs ».
En cas de désaccord, l’accord stipule qu’un « principe de consensus suffisant s’appliquera », défini comme le soutien des partis détenant au moins 60 pour cent des sièges parlementaires.
L’accord de coalition comprend neuf priorités de haut niveau visant à redresser l’économie en difficulté de l’Afrique du Sud, qui a eu du mal à dépasser un taux de croissance annuel de 1 pour cent au cours de la dernière décennie. Celles-ci vont de « une croissance économique rapide, inclusive et durable » à « la stabilisation du gouvernement local ».
Velenkosini Hlabisa, le leader de l’IFP, a déclaré au FT que son parti « reste partie prenante de l’accord » mais que la « question des positions ministérielles » ne sera discutée qu’à une date ultérieure.
John Steenhuisen, chef du DA, a déclaré aux journalistes que l’accord était un moment « historique » pour le pays, qui permettra à son parti de désormais « co-gouverner ».
Steenhuisen a ajouté que la formation du nouveau gouvernement se fera par étapes. Si la signature vendredi de cette déclaration d’intention a permis d’élire le président et le président du parlement, le cabinet ne sera nommé que plus tard par le président.
Il a déclaré que l’EFF et le parti MK « ne partagent pas les principes constitutionnels » qui garantiraient le progrès du pays. Il a déclaré que si l’ANC avait choisi de former un partenariat avec ces deux-là, le DA n’aurait pas rejoint le gouvernement.
Les investisseurs ont déclaré qu’ils préféraient un accord entre l’ANC et le DA favorable au marché, estimant qu’il garantirait une politique stable et pourrait potentiellement accélérer la croissance économique. Le rand, qui s’était affaibli pour atteindre 19 rands par rapport au dollar ces derniers jours en raison des craintes d’une coalition entre l’ANC et l’EFF de gauche, s’est renforcé après l’annonce d’un accord avec le DA à environ 18,33 rands.