Le cyclisme est-il un sport professionnel ou un folklore ? Folklore pour le moment, dommage mais hélas

Hans Vandeweghe est journaliste sportif à Le matin.

Hans Vandeweghe

Même si l’incident de samedi au Col de Joux-Plane, au cours duquel une moto a stoppé l’échappée de Pogacar, s’avère un fait divers et que Pogacar ou Vinegaard pénètrent sur les Champs Elysées quelques minutes devant Vingaard ou Pogacar dimanche, c’est quand même mais c’est Il est grand temps pour tous les acteurs de ce sport de réfléchir à comment tout cela peut être fait différemment, mieux, plus sûr et plus juste.

Un bon twitter à suivre est Adam Hansen. Expert de l’expérience dans une disqualification. Entre 2011 et 2018, il a effectué vingt grands tours d’affilée, six années de suite les trois grands tours s’il vous plaît. Il a été professionnel pendant vingt ans et a pris sa retraite l’an dernier. Depuis mars de cette année, il est le nouveau président du syndicat des cyclistes CPA, succédant à Gianni Bugno.

Adam Hansen n’a presque jamais gagné et Gianni Bugno a beaucoup gagné, mais il est toujours plus présent dans ces quatre mois de présidence que son prédécesseur, qui a surtout apprécié la peluche des VIP et s’est très rarement opposé aux organisateurs. Hansen : « Je vais le dire gentiment. Mon travail est de représenter les coureurs. Je ne suis pas là pour côtoyer ou me lier d’amitié avec les organisateurs, l’UCI, les équipes ou les supporters… »

Pas un mauvais point de départ pour une dirigeante syndicale et s’il y a bien un sport qui pourrait profiter d’un syndicat avec elle sur les dents, ce serait bien le cyclisme professionnel.

Samedi, il a averti les coureurs d’une descente dangereuse lors de la dix-septième étape de mercredi prochain : « Descente technique difficile sur une surface de route certes parfaite, mais la route est si étroite et vous ne voulez pas vous retrouver à côté de la route, alors j’ai demandé les organisateurs pour une sécurité maximale, ce qu’ils ont promis. S’il vous plaît soyez prudente.”

Peu de temps après le trajet, il a été rapide : « Les motos ont toujours influencé le cyclisme et aujourd’hui, elles ont volé des secondes. »

Quel était le problème samedi dernier ? Simple : trop de vélos dans un endroit trop petit, trop de monde dans un endroit trop petit. Je dois encore aller aux Jeux à Paris l’année prochaine et je ne veux pas de ces conneries quadriennales de la part des télédistributeurs ou des photographes, mais avouons-le : ils sont tout simplement trop nombreux à tous les grands événements. Le cyclisme est aussi à peu près le seul sport dans lequel télévision et photographes s’interposent entre conduire/marcher, parfois avec des conséquences désastreuses.

Souvenez-vous de Richie Porte et de l’éventuel Chris Froome qui a couru après leur chute à vélo au Ventoux en 2016. Souvenez-vous de Julian Alaphilippe sur un vélo bloqué au Tour des Flandres en 2020. Souvenez-vous du pire : la mort d’Antoine Demoitié à Gand-Wevelgem en 2016, tombé et écrasé par une moto.

De plus, le cyclisme est le seul sport où le public peut simplement entrer dans le terrain de jeu/l’arène/le stade/la route. S’il le faut, ils peuvent marcher un moment (habillés, à moitié nus, nus) avec les premiers qui livrent une bataille de vie ou de mort, sans risquer d’être exagérés après quelques secondes, emmenés puis verbalisés.

Ou comme Jan Bakelants l’a dit avec justesse dans Vive le Vélo : comme si vous vous teniez juste au bord de la ligne de fond en tant que fan lors d’une finale de Ligue des champions pour voir comment ils terminent la séance de tirs au but. Cependant, la dame qui remue les marmites de Jumbo-Visma pensait que la proximité du public faisait partie du charme du vélo. Bakelants : « Sommes-nous du sport professionnel ou du folklore ? Encore du folklore Jan, dommage mais malheureusement.

Parlez de proximité. Dimanche, téléphone portable en position selfie, un fan a lâché la moitié du peloton, en tête les hommes de la Team Jumbo-Visma, Kuss et Van Hooydonck. L’incident avec le fan de selfie est presque inévitable sur la voie publique. En montée, les solutions sont évidentes : transformer chaque col en stade avec billetterie, placer des nadars sur toute la montée et limiter le nombre de motos en course.

José De Cauwer pensait que les moteurs étaient à blâmer. Renaat Schotte le fit taire. Il y a des raisons à cela : José De Cauwer n’a jamais participé à une course à moto. Lorsque Schotte n’est pas dans une cabine de commentateurs, il préfère s’asseoir à l’arrière d’une moto. Tous ceux qui y sont allés pensent que c’est quelque chose de compréhensible. La VRT a aussi une telle moto qui roule, mais à quoi bon ce « chiot sautillant sur la moto » obligatoire, après quoi sa voix saccadée annonce ce qui se passe dans les marges alors qu’une bataille féroce se déroule en tête ?



ttn-fr-31