Le Coup d’Italie de Romain Bardet



Journaliste de tournée

En date du : 29 juin 2024, 21 h 51

Romain Bardet s’empare du maillot jaune lors de la 1ère étape du Tour de France grâce à l’aide de son équipier Frank van den Broek. Il s’agit d’un coup d’État planifié depuis longtemps et bien mis en œuvre. Pour Bardet, ce triomphe complète sa carrière.

C’est avec stupéfaction que Romain Bardet et son équipier Frank van den Broek se sont affrontés à l’arrivée à Rimini. Tous deux n’arrêtaient pas de secouer la tête, de rire, de s’embrasser, de rire. Ce coup d’éclat qu’ils venaient de réaliser sur la première étape du Tour de France leur paraissait complètement invraisemblable.

Bardet « comme dans la machine à laver »

Une bonne heure plus tard, alors que Romain Bardet, vêtu de jaune, devait répondre à de nombreuses questions, il ne parvenait pas à sortir de la confusion des émotions. « J’ai l’impression d’être dans une machine à laver. » Bardet a décrit sa vie intérieure après que son rêve de maillot jaune soit devenu réalité. Le rêve de tout cycliste professionnel, surtout s’il vient de France.

« C’était bien sûr un objectif que je m’étais fixé » dit Bardet. « J’en étais proche, c’était à ma portée, mais ça n’a jamais marché. » Jusqu’à ce jour où le Tour de France s’élançait en Italie pour la première fois en 121 ans d’histoire. Une journée où tout le monde s’attendait à un premier échange de coups entre les favoris pour la victoire finale, car il fallait franchir plus de 3 600 mètres d’altitude sur le chemin de Florence à travers les Apennins jusqu’à la côte adriatique italienne.

Classiques du manuel de tactique

Les choses se sont passées différemment car l’équipe dsm-unternehmenich PostNL a interprété un classique du manuel de tactique cycliste. Le coéquipier de Bardet, An den Broek, s’est retrouvé dans le groupe d’échappée dès le premier jour de sa première tournée. Bardet s’est ensuite détaché du groupe de tête dans l’avant-dernière montée à 50 kilomètres de l’arrivée, a rattrapé son retard puis a roulé jusqu’à l’arrivée en compagnie du Néerlandais.

Sportschau Tourfunk, 29 juin 2024 19h53

Les deux hommes ont gagné cinq secondes face au vent contraire du groupe de poursuivants des favoris. « En fin de compte, c’était une pure course cycliste. Je n’y serais pas arrivé sans Frank« , disait très justement Bardet après avoir pointé du doigt son jeune collègue peu avant l’arrivée. « La moitié du maillot lui appartient. »

Van den Broek aurait tout lui-même Maillot Jaune peut conquérir dès sa première journée sur la course cycliste la plus importante du monde. Mais il a obéi docilement aux instructions de l’équipe et a laissé le capitaine senior de l’équipe remporter la victoire et le carton jaune.

Le fardeau des attentes mis de côté

Bardet, 33 ans, est originaire de Brioude en Auvergne et participe cette année à son dernier Tour de France. C’est sa onzième participation. Il a célébré sa quatrième victoire d’étape à Rimini. Il a même terminé le tour sur le podium à deux reprises : deuxième en 2016 et troisième l’année suivante.

Bardet sait donc quel fardeau doit supporter un bon spécialiste français du tourisme. Après tout, la Grande Nation attend depuis 29 ans un vainqueur de tournée venant de son propre pays. Bernard Hinault fut le dernier Français à y parvenir en 1985. « Le prochain vainqueur du Tour de France devrait terminer sa carrière sur les Champs Élysées. Ce serait difficile de vivre avec toute cette attention et cette pression », Bardet a dit un jour.

J’ai échappé à la routine

À un moment donné, il n’a plus cherché à remporter la victoire sur le Tour. Il a rejoint le Team DSM pour la saison 2021, qui courait encore sous licence allemande, car il voulait échapper au train-train de son équipe française et se développer davantage en tant qu’athlète, mais cela ne signifiait plus se concentrer uniquement sur le tournée. Il y avait aussi d’autres espoirs comme Thibaut Pinot ou Julian Alaphilippe, qui ont fait rêver les Français en 2019.

Bardet, en revanche, a décidé de ne pas participer en 2022 et a plutôt participé au Giro d’Italia et à la Vuelta a Espana. Il a également participé au Giro cette année et a terminé neuvième. Et le plan de la tournée a été élaboré le soir suivant la dernière étape à Rome.

« Romain et moi sommes restés assis ensemble jusqu’à 1h du matin et avons discuté de la façon dont nous voulions commencer la tournée »a déclaré le directeur sportif de l’équipe dsm-unternehmenich Post NL, Matt Winston à Rimini. « Et nous avons dit que nous voulions nous lancer sur les chapeaux de roue. Romain s’est préparé spécifiquement pour ce premier week-end. »

En jaune pour la France ?

Ce plan a désormais fonctionné et Romain Bardet aura sa chance en jaune, même s’il ne portera certainement pas le maillot jusqu’à Nice, où le Tour se terminera dans trois semaines. Avec un peu de chance, il pourra le défendre dimanche et lundi. Alors Bardet porterait le Maillot Jaune en France sur ses épaules – il serait sûr des applaudissements de ses compatriotes.

Mais même si ce n’est pas le cas, le Français l’a probablement vécu à Rimini »le plus grand jour de sa carrière », comme son coéquipier John Degenkolb le soupçonnait à juste titre. Mais Bardet lui-même aura encore besoin d’un peu. « Un jour, quand je pourrai réfléchir à cette victoire, je regarderai en arrière et je réaliserai à quel point c’était spécial », il a dit. Mais d’abord, la machine à laver doit s’arrêter.



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