Le convoi humanitaire pour la bande de Gaza n’est qu’une goutte d’eau dans le seau


Selon Martin Griffiths, coordinateur de l’aide des Nations Unies, au moins 100 camions par jour sont nécessaires pour répondre aux pires besoins des Gazaouis. Avant la guerre, 450 camions se rendaient quotidiennement dans la bande de Gaza, fortement dépendante de l’aide internationale.

Israël a accepté le convoi de premiers secours, à condition que la cargaison puisse être inspectée pour détecter la présence d’armes et qu’elle ne finisse pas entre les mains du Hamas. Israël ne veut pas non plus autoriser le carburant, car il pourrait être utilisé par le Hamas. Or, selon l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour la Palestine, le carburant est indispensable, y compris pour les pompes à eau. Le carburant est également nécessaire pour alimenter les générateurs utilisés dans les hôpitaux, maintenant qu’Israël a coupé l’électricité.

Selon Al Jazeera, les bébés en couveuse, les patients atteints de cancer et de reins risquent de mourir si les hôpitaux ne sont pas approvisionnés rapidement en carburant. En outre, la dernière usine de dessalement en activité, qui transforme l’eau de mer en eau potable, a été fermée faute de carburant.

L’aide humanitaire à la bande de Gaza est entravée par les dégâts causés aux routes par les bombardements israéliens. La situation sur le terrain est également dangereuse : Israël a bombardé la région de Rafah à quatre reprises depuis le 7 octobre.

Une aide humanitaire nécessaire

La France a appelé samedi matin à un « cessez-le-feu humanitaire » pour approvisionner Gaza. Vendredi soir, le ministre de la Défense Ollongren a appelé à un cessez-le-feu pour permettre le passage de l’aide humanitaire. Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, souhaite également que les combats cessent pour apporter de l’aide aux Gazaouis. Au poste frontière de Rafah, « vous voyez des camions pleins d’un côté et des estomacs vides de l’autre », a déclaré António Guterres. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) souhaitait une trêve humanitaire et une aide illimitée à la bande de Gaza.

Le coordinateur de l’ONU, Griffiths, s’est dit confiant dans le fait que les premiers camions de samedi marqueront le début d’un « effort durable visant à fournir à la population de Gaza des fournitures essentielles, notamment de l’eau, des médicaments, de la nourriture et du carburant ». Selon Griffiths, la situation humanitaire à Gaza, déjà précaire avant la guerre, a désormais atteint des niveaux catastrophiques. « La population de Gaza a enduré des décennies de souffrance. La communauté internationale ne peut pas les abandonner maintenant. »

ImageAFP

L’aide humanitaire a également été discutée lors d’un sommet de paix entre dirigeants arabes et européens tenu samedi au Caire. La réunion au sommet n’a produit aucun résultat concret, notamment parce que les principaux pays concernés, Israël, les États-Unis et l’Iran, étaient absents.

Insatisfaction croissante

Cependant, les déclarations des dirigeants européens et arabes reflétaient le mécontentement croissant à l’égard des actions d’Israël. Après l’attaque du Hamas du 7 octobre, les dirigeants européens ont exprimé leur soutien à Israël. Deux semaines plus tard, après la poursuite des bombardements et le blocus de la bande de Gaza, les Européens sont devenus critiques à l’égard d’Israël. Le président de l’UE Michel a qualifié le blocus de la bande de Gaza de contraire au droit international. Israël a le droit de se défendre, a déclaré Michel, mais il a également le devoir de protéger autant que possible les civils et les infrastructures. Le ministre britannique des Affaires étrangères Cleverly a appelé l’armée israélienne à faire preuve de retenue. Michel et le Premier ministre italien Meloni ont préconisé une solution à deux États qui devrait conduire à un État séparé pour les Palestiniens.

Les pays arabes pro-occidentaux comme l’Égypte et la Jordanie ont également vivement critiqué les actions d’Israël. « La liquidation de la cause palestinienne n’est pas du domaine du possible et ne se fera certainement pas aux dépens de l’Egypte », a déclaré le président égyptien Sissi, faisant allusion à une éventuelle expulsion des Palestiniens de la bande de Gaza vers le désert égyptien du Sinaï. Les discours de Sissi et du roi Abdallah de Jordanie témoignent de la colère croissante dans le monde arabe, y compris dans les pays qui ont conclu depuis longtemps la paix avec Israël, et de l’isolement croissant de l’État juif.



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