Le conseil d’administration d’UniCredit a proposé d’augmenter le salaire du directeur général Andrea Orcel de 30% – de 2,5 millions d’euros à 3,25 millions d’euros par an – quelques semaines seulement après le départ du président du comité des rémunérations de la banque italienne.
Orcel est déjà l’un des banquiers les mieux payés d’Europe, avec un package salarial de 7,5 millions d’euros.
Les nouvelles propositions annoncées mercredi prévoient qu’il maintienne ce niveau de rémunération totale s’il atteint les objectifs actuels de la banque, tels que les bénéfices et le rendement des capitaux propres. Cependant, s’il dépasse ces objectifs, son salaire total pourrait passer à 9,75 millions d’euros.
En vertu des règles de l’UE, les primes sont plafonnées en fonction du salaire fixe annuel.
Les investisseurs d’UniCredit sont globalement satisfaits des performances d’Orcel alors qu’ils commencent à récolter des bénéfices après des années de restructuration sous son prédécesseur, Jean Pierre Mustier.
Le deuxième prêteur italien est l’une des banques les plus performantes d’Europe depuis l’adhésion d’Orcel en avril 2021, le cours de son action ayant plus que doublé.
Le bénéfice annuel a augmenté de 48% pour atteindre 5,2 milliards d’euros en 2022. Il prévoit de distribuer au moins 5,25 milliards d’euros aux actionnaires cette année par le biais de rachats d’actions dans le cadre de son objectif de rapporter 16 milliards d’euros d’ici 2024.
Cependant, les augmentations de salaire proposées par le conseil d’administration se sont avérées être une question très sensible à la banque.
Les articles de presse sur les conversations au niveau du conseil d’administration concernant les demandes de salaire d’Orcel ont été suivis d’une enquête interne sur la source des fuites présumées et ont finalement conduit à la démission de Dame Jayne-Anne Gadhia le mois dernier.
En tant que président du comité de rémunération, Gadhia, l’ancien chef de Virgin Money au Royaume-Uni, était chargé de superviser la rémunération des cadres supérieurs.
Le Financial Times a rapporté cette semaine qu’elle avait été accusée des fuites. Alors que les allégations non fondées ont été retirées, elle a estimé que sa position était devenue intenable et a choisi de se retirer “par principe” à peine trois semaines avant les propositions cruciales de mercredi.
Le nouveau package proposé par le directeur général est l’aboutissement de mois de travail pour le comité des rémunérations. Le panel de trois membres du conseil d’administration est également chargé de rechercher le soutien des investisseurs qui doivent voter sur les propositions lors d’une assemblée annuelle des actionnaires. Le prochain événement de ce type devrait avoir lieu le 31 mars.
Le package salarial d’Orcel n’a été approuvé que de justesse il y a deux ans, lorsque 42,7% des actionnaires ont voté contre, y compris BlackRock, le plus grand investisseur de la banque.
En 2022, le conseil d’administration et le PDG ont convenu que la question serait réexaminée cette année.
Certains actionnaires pensent qu’Orcel devrait être mieux payé sur la base des solides performances d’UniCredit en 2022 et du montant d’argent d’UBS qu’il a sacrifié après son départ de la banque suisse. D’autres estiment que son salaire actuel est suffisant notamment dans le cadre de la stratégie de réduction des coûts de la banque.
Les actionnaires auront désormais un mois pour examiner les propositions du conseil.
Le mois dernier, un tribunal de Madrid a confirmé le procès de plusieurs millions d’euros d’Orcel contre le prêteur espagnol Santander pour son offre avortée de le nommer PDG en 2019 et lui a accordé 43,5 millions d’euros d’indemnisation.