Le chef politique du Hamas Ismail Haniyeh tué en Iran


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Le Hamas a déclaré que son leader politique Ismail Haniyeh avait été tué dans une frappe israélienne en Iran tôt mercredi, une attaque qui augmente considérablement le risque d’une nouvelle escalade des hostilités régionales.

Le groupe militant palestinien a déclaré dans un communiqué que Haniyeh, qui vivait en exil, est mort après une attaque « sioniste perfide » contre sa résidence à Téhéran. Les gardiens de la révolution iraniens ont confirmé que Haniyeh avait été tué lors d’une attaque dans la capitale iranienne, mais n’ont pas fourni plus de détails.

L’assassinat de Haniyeh intervient quelques heures après qu’Israël a annoncé avoir tué un haut commandant du Hezbollah lors d’une frappe aérienne sur Beyrouth, la capitale libanaise, renforçant les craintes de voir la région glisser vers une guerre à grande échelle.

Israël n’a pas immédiatement commenté la mort de Haniyeh et ne confirme ni n’infirme habituellement les tentatives d’assassinat sur le sol étranger. Les responsables israéliens ont déjà déclaré qu’ils tiendraient tous les dirigeants du Hamas responsables de l’attaque du 7 octobre contre le sud d’Israël.

Le chef du Hamas, âgé d’une soixantaine d’années, vivait en exil au Qatar mais se rendait régulièrement en Iran, pays qui soutient le Hamas dans le cadre de son « axe de résistance ». Haniyeh avait assisté mardi à l’investiture du nouveau président iranien Massoud Pezeshkian et l’avait rencontré plus tôt dans la journée.

Haniyeh, qui dirige le Hamas depuis 2017, est le membre le plus en vue du Hamas à avoir été tué depuis l’attaque du groupe militant en octobre et depuis que l’offensive de représailles d’Israël à Gaza a déclenché une vague d’hostilités dans la région. Il était le principal interlocuteur des médiateurs qui tentaient de négocier un cessez-le-feu à Gaza et la libération des otages israéliens détenus dans la bande de Gaza.

Son assassinat à Téhéran constituerait un énorme embarras pour l’Iran et le régime risquerait de riposter contre Israël. Les tensions dans la région avaient déjà augmenté après qu’Israël a annoncé avoir tué Fuad Shukr, un haut responsable du Hezbollah, lors d’une frappe aérienne contre un immeuble résidentiel dans le sud de Beyrouth mardi.

Les Forces de défense israéliennes ont décrit Shukr comme le commandant militaire le plus haut placé du Hezbollah et le bras droit d’Hassan Nasrallah, chef du groupe militant libanais soutenu par l’Iran.

Le Hezbollah n’a pas fait de commentaire officiel sur la frappe israélienne, mais il s’agit de la première attaque israélienne visant l’un des dirigeants du groupe à Beyrouth depuis le 7 octobre. Elle intervient en représailles à une frappe de roquettes samedi sur le plateau du Golan occupé, qui a tué 12 jeunes sur un terrain de football.

Israël a accusé le Hezbollah d’être responsable de cette attaque, l’incident le plus meurtrier pour les civils dans le territoire contrôlé par Israël depuis qu’Israël et le groupe militant libanais ont commencé à échanger des tirs presque quotidiens il y a près de 10 mois.

L’Agence nationale de presse officielle libanaise a déclaré que la frappe israélienne sur Beyrouth mardi, menée avec un drone qui a lancé trois roquettes, avait ciblé la zone autour du Conseil de la Choura du Hezbollah, dans le quartier densément peuplé de Haret Hreik, un bastion du groupe militant.

Une forte explosion a ravagé la zone, et des images télévisées ont montré plusieurs étages d’un immeuble résidentiel gravement endommagés et d’importantes colonnes de fumée. Au moins trois personnes ont été tuées – une femme et deux enfants – et 74 autres blessées, certaines grièvement, a indiqué le ministère libanais de la Santé.

Le Hezbollah, considéré comme l’un des acteurs non étatiques les plus lourdement armés au monde, a déjà mis en garde Israël contre « tout assassinat sur le sol libanais contre un Libanais, un Syrien, un Iranien ou un Palestinien », suggérant que la frappe israélienne serait accueillie par une réponse décisive.

« L’ennemi israélien a commis un acte stupide, de par son ampleur, son timing et ses circonstances, en ciblant une zone entièrement civile », a déclaré Ali Ammar, responsable du Hezbollah, à la chaîne de télévision Al-Manar, après l’attaque israélienne. « L’ennemi israélien en paiera le prix tôt ou tard. »

On s’inquiète également de la manière dont l’Iran, qui considère le Hezbollah comme son principal mandataire, réagira, en particulier s’il est confirmé qu’Israël a mené la frappe à Téhéran qui a tué Haniyeh.

Le ministère turc des Affaires étrangères a condamné le meurtre de Haniyeh, avertissant qu’il risquait d’élargir « la guerre à Gaza à une échelle régionale ».

« Si la communauté internationale ne prend pas de mesures pour arrêter Israël, notre région sera confrontée à des conflits bien plus importants », a-t-il ajouté.

Les États-Unis ont mené une série d’efforts diplomatiques pour apaiser les tensions entre Israël et le Hezbollah depuis l’attaque à la roquette sur le plateau du Golan.

Le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, a déclaré mardi que le risque d’une nouvelle escalade « et d’une déstabilisation régionale est désormais plus aigu que jamais ».

« Personne n’a intérêt à ce que ce conflit s’aggrave », a déclaré M. Lammy dans une déclaration au Parlement. « Les conséquences pourraient en effet être catastrophiques. C’est pourquoi nous continuons à faire pression pour trouver une solution diplomatique. »

Reportages supplémentaires de Najmeh Bozorgmehr à Téhéran et Adam Samson à Ankara



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