Le chef du ministère public tire la sonnette d’alarme au parlement : « Besoin d’un plan de crise sur mesure »


L’enquête révolutionnaire sur les téléphones cryptés Sky ECC offre une occasion unique de s’attaquer au problème du crime organisé, mais elle nécessitera des ressources et une approche claire pour la Police judiciaire fédérale (FGP). C’est le message du haut du ministère public au sein de la commission des affaires intérieures et de la commission de la justice. Elle appelle à un « plan de crise sur mesure ».

Le procureur général Johan Delmulle, le procureur général Pierre Vandenbruwaene, le procureur fédéral Frédéric Van Leeuw, le procureur Franky De Keyzer et le directeur général de la police fédérale Eric Snoeck ont ​​été entendus en commission.

« Nous luttons chaque jour contre le crime organisé. Nous risquons de perdre cette bataille, certainement si les économies proposées se poursuivent », a déclaré De Keyzer. En effet, il y a un manque criant d’enquêteurs spécialisés, ce qui fait que les enquêtes ne peuvent pas être menées assez rapidement ou pas du tout.

Dossier Sky ECC

Le chef du parquet souligne que le dossier Sky ECC est quelque chose dont les services peuvent être fiers, mais il reste encore beaucoup de travail à faire. Des centaines de fichiers ont été ajoutés qui doivent encore être traités. « Ce faisant, nous devons faire des choix inédits et sans précédent », déclare Vandenbruwaene, qui souligne qu’il n’y a pratiquement pas de place pour démarrer de nouveaux dossiers.

Cependant, on dit que l’importance sociale est énorme, car ce sont des organisations criminelles qui laissent entrer des tonnes de cocaïne dans notre pays, procèdent à des liquidations, torturent et intimident les gens. Les criminels ont envahi la société partout. Il est « irresponsable » de ne rien faire car cela met la pression sur la société.


Devis

Anvers est l’épicentre du trafic de cocaïne dans le monde. Les habitants de la ville en sont également victimes.

Procureur de la République Franky De Keyzer

FGP d’Anvers

Le FGP d’Anvers a été particulièrement touché. Il y a désormais 1.160 enquêtes en cours au FGP d’Anvers, 155 personnes liées au dossier Sky ECC sont en détention provisoire à Anvers. « Anvers est l’épicentre du trafic mondial de cocaïne. Les habitants de la ville en sont également victimes », explique De Keyzer.

Il souligne qu’il n’y a plus de place pour travailler de manière proactive, également dans d’autres dossiers comme le terrorisme. Même le travail réactif est difficile, dit-il. « Les dossiers affluent et il y a un plan d’action, mais il n’y a pas assez d’enquêteurs disponibles. »

Défis de sécurité

Notre pays fait face à de nombreux défis sécuritaires. Les plus importants sont le crime organisé, la cybercriminalité, l’extrémisme/radicalisme/terrorisme et l’EcoFin (fraude sociale, fraude à la TVA…). La criminalité se déroule également de plus en plus dans le monde virtuel. Les phénomènes ont changé et il faut donc aussi changer d’approche.

C’est difficile en période d’austérité. De 2014 à 2021, selon les intervenants, il y a eu de moins en moins d’investissements dans la police judiciaire fédérale. « Cela signifie qu’aujourd’hui le FGP est moins bien équipé, moins bien financé, moins spécifiquement soutenu et moins flexible et moins attractif », explique Snoeck.


Devis

Nous avons maintenant une occasion unique de nous attaquer à un problème majeur.

Procureur fédéral Frédéric Van Leeuw

« Il faut un plan de crise sur mesure. Les flancs qui souffrent le plus aujourd’hui doivent être pris en compte », déclare De Keyzer. Au total, la police judiciaire fédérale doit trouver 1.000 équivalents temps plein supplémentaires pour pouvoir mener à bien ses missions, a précisé M. Snoeck. Vandenbruwaene, appelle à un « Plan Marshall ».

« Nous avons maintenant une occasion unique de nous attaquer à un problème majeur. Il n’y aura plus dix occasions comme celle-ci, mais c’est le moment de la saisir », a conclu Van Leeuw.

Procureur fédéral Frédéric Van Leeuw. © Thomas Sweertvaegher



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