Le cas optimiste pour l’économie britannique


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« La morosité grise » n’est pas le titre de la Une que de nombreux Britanniques auraient voulu lire au début de la nouvelle année. Mais cette expression résume bien l’état d’esprit économique selon l’enquête annuelle du Financial Times auprès des économistes. C’est facile de voir pourquoi. L’économie britannique s’est contractée au troisième trimestre de l’année dernière, la plaçant au bord d’une récession. Il devrait croître d’environ 0,5 pour cent en 2023 et 2024, car l’impact des taux d’intérêt élevés et des niveaux de prix élevés pèse sur les ménages et les entreprises.

Les économistes sont un groupe mélancolique. Des perspectives tout aussi pessimistes à la même époque l’année dernière se sont révélées trop pessimistes. L’inflation a chuté plus rapidement que prévu et le chômage n’a pas augmenté comme prévu. Les révisions du produit intérieur brut ont également montré que la reprise post-pandémique de la Grande-Bretagne était conforme à celle de ses pairs du G7, et non à la pire comme prévu précédemment. À l’avenir, plusieurs raisons pourraient expliquer pourquoi les perspectives baissières à l’égard de la Grande-Bretagne pourraient s’affaiblir.

Premièrement, la Grande-Bretagne entame 2024 avec des perspectives politiques plus stables que dans un passé récent. La barre est peut-être basse, compte tenu des troubles politiques survenus depuis 2016, mais au cours de l’année écoulée, le gouvernement a supervisé une amélioration de l’environnement des affaires. Les liens avec l’UE se sont améliorés et le Royaume-Uni a rejoint le programme scientifique et de recherche Horizon Europe du bloc. La comptabilisation totale des investissements en capital a également été rendue permanente dans la déclaration d’automne. Les déductions pour capital du Royaume-Uni sont désormais parmi les plus généreuses de la zone OCDE, et les entreprises dépensent à nouveau. Les investissements ont enfin bondi au-dessus des niveaux avant le référendum sur le Brexit.

Graphique linéaire de l'indice (T1 1997 = 100) montrant que l'investissement des entreprises britanniques a rebondi

Le Royaume-Uni est également l’une des rares grandes économies où des élections seront disputées cette année entre deux partis relativement centristes, sans qu’aucun parti d’extrême droite ne se présente pour le pouvoir. Le Premier ministre Rishi Sunak a certes placé l’accaparement des voix au-dessus des intérêts économiques dans certains domaines, notamment les politiques visant à réduire l’immigration légale. Mais les deux principaux partis sont engagés dans des débats raisonnablement constructifs sur la manière de stimuler la croissance à long terme, ce qui implique notamment de réformer les lois byzantines sur la planification et de repenser la question de savoir si les fonds de pension britanniques pourraient investir plus efficacement. Une victoire significative du parti travailliste, selon les sondages indiquertémoigne également d’une continuité à moyen terme.

L’évolution vers des eaux plus calmes séduit les investisseurs. L’économie pourrait connaître un rebond décent, en particulier si les conditions économiques mondiales s’améliorent également. Un peu moins de 50 pour cent des cadres interrogés par Ernst et Young en juin, ils s’attendaient à ce que l’attractivité du Royaume-Uni pour les entreprises augmente dans les années à venir. De nombreuses entreprises se sont désormais adaptées aux accords commerciaux plus coûteux de l’UE, et avec de nombreuses nouvelles négatives intégrées dans les cours, les actions britanniques bon marché pourraient connaître une résurgence de leur valorisation. La croissance des salaires réels et les baisses des taux d’intérêt plus prononcées que prévu pourraient également soutenir l’activité économique à court terme.

La Grande-Bretagne dispose également d’un certain nombre d’atouts sur lesquels elle peut s’appuyer. Elle conserve un avantage comparatif dans les services financiers et professionnels et est unique en ce sens qu’elle compte autant d’universités de classe mondiale réparties dans tout le pays, ce qui, aux côtés de son secteur financier, contribue à attirer des talents mondiaux. Londres reste le le plus grand hub pour les start-ups en Europe, ce qui signifie qu’il existe un potentiel important de création d’emplois et d’innovation. Le Royaume-Uni développe également une spécialisation dans les sciences de la vie, la fabrication avancée et les technologies renouvelables. Elle est déjà leader dans l’éolien offshore.

Une croissance faible et des taux d’intérêt élevés dressent un tableau indéniablement pessimiste pour l’année à venir. Mais une stabilité politique continue pour les entreprises et des mesures judicieuses visant à développer les avantages existants et les secteurs émergents pourraient signifier que la « morosité grise » commence à se dissiper.



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