Le canon littéraire n’est pas la fin, mais le début d’une conversation


Les réactions à la présentation du ‘Canon littéraire néerlandophone en 2022‘ étaient, comme il sied à un tel classement, bruyants et polyvalents. Il y avait indignation contre des auteurs ou des titres manqués, et des canons alternatifs ont rapidement été suggérés. Par exemple, le poète Arnoud van Adrichem a proposé une centaine de livres uniquement écrits par des femmes. Bien sûr, certains passionnés de littérature chérissent les « hommes blancs morts » sur la liste, et d’autres ont raté les poètes. Ce nouveau canon a été compilé sur la base d’une enquête auprès de lecteurs plus ou moins professionnels. Quiconque s’y oppose ne se dispute pas avec une élite culturelle, mais avec un statu quo de la lecture. Et c’est positif : une conversation et un ajustement du canon le maintiennent en vie. Par conséquent, dix points de discussion avec des suggestions de titres correspondantes, pour maintenir la conversation vivante.

1Être mort est un avantage, mais être en vie est-il un inconvénient ? Le 21e siècle est encore trop fragmenté et trop proche pour pouvoir évaluer correctement ce qui appartient à un canon. La scène de combat entre la gueule de bois et le pasteur dans Van den vos Reynaerde dure depuis plus de trois quarts de millénaire. Par conséquent : Van den vos Reynaerde.

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2Un canon peut-il aussi avoir une valeur pédagogique ? Être innovant n’est certainement pas une garantie de pérennité, mais vous voulez garder « vivantes » les œuvres qui ont suscité une nouvelle conscience sociale parce qu’elles ont façonné ce dont la littérature est capable. Donc encore : Multatuli, Max Havelar.

3Les « trois grands » peuvent-ils enfin être abolis ? Le risque avec les canons est qu’ils se rabattent rapidement sur des ouvrages calibrés. Que les deux L’attaque si La découverte du paradis par Harry Mulisch dans le top dix des œuvres canoniques témoigne d’une réaction pavlovienne au mot canon. Suggestion de titre comme antidote à Pavlov : Anton de Kom, Nous esclaves du Suriname.

4Où est la poésie dans le canon ? Curieux paradoxe : personne ne doute de l’importance des livres compliqués comme La Kapellekensbaan par Louis Paul Boon, mais la poésie est jugée trop difficile. Bien qu’il y ait peu de poèmes qui contiennent autant de tragédie et de tension que « Het uur U » de Martinus Nijhoff.

5Le sens d’un livre canonisé change-t-il au cours des siècles ? Erasmus fait partie de l’histoire depuis des siècles. Il symbolisait les Pays-Bas ouverts et tolérants qui n’ont jamais existé, et était un Européen qui ridiculisait la pensée hiérarchique avec venin et humour. Une histoire qui fait actuellement grand besoin. Suggestion de titre : Éloge de la folie.

6Est-ce que « canonisé » est devenu le même que « populaire » ? Le nouveau canon contient de nombreux best-sellers récents. Cela peut vous surprendre, mais un best-seller n’est pas par définition suspect. L’espoir qu’un livre récent puisse encore être pertinent dans cinquante ans entretient la conversation sur le canon. Nous espérons pour Manon Uphoff, Tomber c’est comme voler.

7La diversité est-elle un mot à la mode ? Une vision plus large du spectre historique n’a jamais aggravé un canon. Vous n’avez pas besoin d’être un garçon réformé pour lutter avec votre identité. Suggestion de titre : Bea Vianen, Sarnami, salut.

8Le canon n’existe-t-il que sur papier ? La tradition de la poésie récitée remonte encore plus loin que De Reynaert et est toujours très vivante. La parole peut aussi être littérature. Suggestion de titre : Ramsey Nasr, ‘Je fais un rêve’.

9Pouvez-vous réserver le rattrapage ? Les femmes écrivains étaient facilement mises de côté et étaient donc souvent immédiatement sans chance de conquérir une place dans le canon. Il n’y a rien d’autre à faire que de les lire. Par exemple : Marianne Philips, Mariage en Europe.

10Le chanoine doit-il déterminer la liste de lecture ? Bien qu’il ne soit jamais inutile de prendre note des livres qui ont un statut littéraire historique et un titre comme L’herbe amère de Marga Minco est donc recommandé, un canon reste vivant surtout si vous découvrez par vous-même ce qu’il faut lire.



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