Le but contre son camp antidopage dans l’affaire Sinner


Quel dommage pour Jannik : l’AMA, l’instance mondiale, et Itia, l’agence indépendante du tennis, créent des malentendus sans fin

Directeur adjoint

11 septembre – 8h36 -MILAN

Dans l’affaire Sinner, le système antidopage mondial se ridiculise encore une fois. Hier, toute la journée, des rumeurs circulaient sur un éventuel recours de l’AMA devant le Tas (tribunal arbitral du sport) de Lausanne. C’était attendu car tous les médias du monde avaient indiqué le 9 septembre minuit comme date limite pour remettre en question le verdict « d’acquittement » de l’ITIA, l’agence antidopage indépendante du tennis, qui avait reconnu la bonne foi de Sinner dans l’affaire Clostebol. En réalité, le délai n’était pas celui-là, mais hier, personne n’a précisé exactement de quoi il s’agissait. L’AMA et la Nado (l’institution antidopage italienne) avaient 21 jours pour faire appel après avoir reçu le « dispositif de condamnation ». Nado a considéré la première communication comme exhaustive et a décidé de ne pas faire appel, tandis que Wada a demandé le « dossier complet » pour une enquête plus approfondie, reportant ainsi le délai d’appel de 21 jours supplémentaires. Mais ni l’ITIA, qui a envoyé le dossier il y a une semaine, ni l’AMA n’ont officialisé cette date. On sait certainement qu’il ne peut s’écouler plus de 6 semaines à compter de la notification de la sentence du 19 août.

cas polluant

Ici, déjà dans cette opacité, ou pire encore, manque d’information, l’antidopage perd la partie. La transparence absolue, la certitude des dates et une communication linéaire devraient être le point de départ. Mais de notre point de vue, le problème se situe en amont et Sinner paie cependant le prix d’une erreur. Lors des contrôles de mars, le premier lors du tournoi d’Indian Wells et le second huit jours plus tard, des traces infinitésimales de Clostebol, une substance stéroïde contenue dans le Trofodermin, un agent cicatrisant, ont été détectées. Désormais, toute la communauté scientifique (sans exception) s’accorde à dire qu’il s’agissait d’une « pollution ». La version du clan Sinner et de la contagion par les mains de son masseur traité au Trofodermin a été jugée crédible. Jamais ces nuances de Clostebol ne pourraient être considérées comme du dopage au sens traditionnel du terme. Et ils ne pouvaient toujours pas profiter à Sinner ni modifier ses performances…

le propre but

Il y en avait suffisamment pour que le cas soit classé, comme on disait autrefois, « non négatif ». Et après une enquête rapide, l’affaire pourrait être classée sans être révélée au monde. Notifier au contraire que Sinner était « positif mais innocent », comme cela s’est produit juste après le 15 août, était une grave erreur de communication et d’énormes dégâts. Jannik et son staff ont très bien géré ces derniers mois, Sinner a encore une fois fait preuve d’équilibre et d’une grande stabilité mentale. Mais le numéro un du tennis mondial ne méritait pas d’être au centre des discussions et, malheureusement, des spéculations des autres Kyrgios… Et ce péché originel continue d’être la cause de malentendus qui nuisent au champion italien. Six mois se sont écoulés depuis ce contrôle et les délais restent flous. L’AMA, l’association mondiale antidopage, n’a publié aucune déclaration officielle, mais a fait savoir qu’elle avait encore le temps de faire appel. Faire appel d’une décision prise par un tribunal indépendant d’une fédération de tennis ? Et demander quoi ? Jannik peut-il éventuellement purger une période de suspension pour consommation indirecte et inconsciente d’une substance qui se trouvait entre les mains de son masseur ? Tout porte à croire que Wada ne fera finalement pas appel, mais même cette attente est un fardeau qu’ils auraient pu éviter. Nous qui avons mené de nombreuses batailles contre le dopage dans ce journal, vous disons que dans le cas de Sinner, le système antidopage a commis un but contre son camp sensationnel et qu’il devrait y réfléchir en profondeur. Les dommages causés à l’image de Jannik auraient pu, voire dû, être évités.





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