Un violon sonne au début de Variantes héritées, le nouveau ballet du britannique David Dawson. L’instrument donne le ton aux trois danseurs qui, immobiles, le regard levé, un bras derrière le dos, l’autre replié vers le ciel, écoutent le son mélancolique qui va enfler de plus en plus. Lorsque la gaze transparente est tirée vers le haut, ils commencent à bouger.
Dans sa nouvelle chorégraphie, Dawson revient sur ses années avec le Dutch National Ballet, où il a dansé de 1995 à 2000, l’année où il a Un million de baisers sur ma peau fait pour le groupe. Il a ensuite été associé à la compagnie en tant que chorégraphe maison jusqu’en 2006. Aujourd’hui, «l’artiste associé» du Ballet national néerlandais (une relation plus lâche) est l’un des plus grands noms du monde du ballet classique international contemporain. A juste titre que le groupe lui rende hommage avec une soirée consacrée à deux de ses œuvres, et c’est très bien que Dawson se retourne avec gratitude à cette occasion sur le groupe qui l’a formé comme artiste de la danse.
Langue de la danse
La gaze transparente semble être la matérialisation d’un brouillard de souvenirs. Trois danseurs avec lesquels Dawson a souvent collaboré, Edo Wijnen, James Stout et Joseph Massarelli, donnent forme aux réminiscences de Dawson. Son langage de danse est classique et clair comme toujours, avec de grandes formes ouvertes, des balançoires et des spirales fortes, des jambes hautes et de longues lignes qui sont ramassées du sol pour être poussées à l’extrême. Ensemble ou en solo, parfois de manière synchrone, puis tour à tour, les trois tourbillonnent dans l’espace sur la composition du même nom d’Alex Baranowski, qui est fermée par un mur du fond sur lequel se dresse un beau ciel nuageux hollandais (Altin Kaftira). Les miroirs de part et d’autre font référence à la collaboration dans le studio de danse.
L’ambiance euphorique presque ininterrompue de la chorégraphie contraste souvent avec la composition mélancolique de Baranowski : les bras larges accueillent la vie pleine, les têtes se dressent dans l’expectative, les danseurs trottent et sautent énergiquement dans l’espace. Dans de beaux tableaux décoratifs, Dawson arrête parfois les trois, la tête appuyée l’une sur l’autre, ou dans une pose sculpturale, comme trois grâces masculines.
Le « repos » visuel de trois danseurs se transforme après le break en un tourbillon de seize danseurs. Dans le récent Les quatre saisons, sur l’ingénieuse réinterprétation par Max Richter de la composition bien connue de Vivaldi (avec Isabella van Keulen au violon), ils dépeignent le cercle de la vie. Excellemment dansé par, entre autres, Floor Eimers, Constantine Allen et, fantastique, Joseph Massarelli à nouveau.