Le blocus marathon d’Extinction Rebellion s’annonce comme une confrontation quotidienne avec la police


Dès l’arrivée des canons à eau, les ponchos font également leur apparition. «Vous n’êtes pas seuls», sonne-t-on alors que les manifestants du front climatique se laissent asperger par la police. Une terre gonflable rebondit dans le jet d’eau.

Des milliers de personnes se sont rassemblées samedi après-midi au début de l’A12 à La Haye et aux alentours. L’exigence de l’initiateur Extinction Rebellion (XR), comme les sept éditions précédentes, est que le gouvernement mette fin aux subventions fossiles, des programmes qui stimulent l’utilisation des combustibles fossiles.

Pour la première fois, il s’agit d’un blocus de plusieurs jours. XR promet de revenir à cet endroit tous les jours à midi jusqu’à ce que les subventions fossiles soient abolies.

Cela semble un projet irréaliste, surtout depuis la chute du gouvernement. Le ministre sortant Rob Jetten (Climat, D66) présentera lors de la journée budgétaire son propre aperçu de toutes les subventions fossiles, qu’il dit vouloir supprimer progressivement « étape par étape, de manière ordonnée et raisonnable ». Il appartient aux successeurs de Jetten de réduire les 37,5 milliards d’euros par an précédemment estimés, répartis sur 31 plans. Cela pourrait prendre des années.

Collège

Personne ne sait combien de temps encore les militants continueront à bloquer. Certains ne sont là que pour le premier jour, d’autres ont encore quelques jours dans un mois. Les militants peuvent indiquer à l’avance les jours où ils souhaitent participer, mais ne sont pas obligés de venir.

«J’aimerais revenir», déclare la militante Tineke Scholte d’Enkhuizen, «mais je veux d’abord voir ce qui m’arrive aujourd’hui.» Tinus Peterse, numéro d’arrestation 3634 sur sa jambe gauche au marqueur indélébile : « J’irai certainement samedi et dimanche, et probablement aussi jeudi, mais à part ça, j’ai des cours. » Plusieurs manifestants expriment l’espoir qu’elles dureront au moins jusqu’au jour du budget.

La police utilise des canons à eau contre les militants climatiques d’Extinction Rebellion qui bloquent l’Utrechtsebaan sur l’A12 à La Haye.
Photo Ramon de Flymen/ANP

Les membres XR les plus expérimentés semblent également vouloir bloquer le plus souvent. Jackie, qui, comme beaucoup de ses collègues militants, ne veut pas donner son nom de famille, affirme qu’elle sera sur l’autoroute tous les jours la semaine prochaine. Elle s’éloigne des canons à eau avec une chemise trempée. « Cela a l’air festif, mais cela peut être assez intense. »

Le nombre de manifestants sur le bitume ce samedi est également inédit. Il y a plus d’un an, cela a commencé avec des dizaines de militants, puis des centaines, et maintenant ils sont des milliers, dont certains veulent rester jusqu’à ce que la police les éloigne.

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Épisode sept

Le blocage du marathon qui démarre ce samedi est donc plus important et dure plus longtemps que jamais. Et pourtant : d’une manière générale, l’action est similaire aux sept fois précédentes. Une fois de plus, un orchestre joue cette fois le « Dies Irae » du requiem de Mozart. Une fois de plus, les manifestants grimpent sur les lampadaires pour tendre un tissu avec entre eux le texte « stop aux subventions fossiles ». Une fois de plus, les militants répondent aux ordres de la police avec des slogans tels que « justice climatique maintenant ».

Le sociologue Charles Tilly remarquait dans les années 1980 que les mouvements contestataires avaient du mal à imaginer de nouvelles formes d’action. Le « répertoire d’action », la palette totale de formes de protestation parmi lesquelles des groupes de personnes peuvent choisir, est rigide. À chaque manifestation, les manifestants s’enseignent mutuellement des habitudes qu’ils répéteront la prochaine fois.

Les blocages climatiques sont également ancrés dans XR. Les participants reçoivent une formation : comment s’impliquer au mieux ? Comment doivent-ils répondre aux questions difficiles des journalistes ? Comment peuvent-ils rester non-violents, même lorsque la police les traite durement ?

Du coup, les démonstratrices sont visiblement aguerries, presque professionnelles. Les « doigts », les départements XR locaux, se sont réunis chacun dans leur propre site à La Haye samedi matin et se sont réunis en parfaite synchronisation sur l’Utrechtsebaan, à côté du Malieveld. Parmi eux se trouvent des manifestants portant des gilets de différentes couleurs : vert pour « bien-être », violet pour la communication avec la police, rose comme point de contact pour la presse et orange pour les premiers secours. Quiconque proclame un message allant à l’encontre de celui de XR se verra remettre des gilets de désescalade bleu clair.

Les militants climatiques d’Extinction Rebellion bloquent l’Utrechtsebaan sur l’A12 à La Haye.
Photo Ramon de Flymen/ANP

Normalement, XR est relativement doué pour proposer de nouveaux types d’actions, explique au préalable Jacquelien van Stekelenburg, professeur de changement social et de conflits à la Vrije Universiteit. « Le ministère du Royaume-Uni a souvent essayé de nouvelles formules, qui se sont répandues aux Pays-Bas. »

La répétition peut aussi être un risque : quiconque fait la même chose encore et encore risque de perdre son attention. Pourtant, XR en profite dans ce cas, pense Van Stekelenburg. « Premièrement, c’est parce qu’ils ont grandi. S’il n’y avait eu qu’une vingtaine de manifestants, cela n’aurait pas abouti. De plus, il s’agit d’un lieu incroyablement symbolique, entre la Chambre des représentants et le ministère des Affaires économiques. Cela aide le mouvement à raconter son histoire.

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Arrestations

De l’A12, sous le bâtiment de l’association patronale VNO-NCW, arrive un convoi de voitures de police anti-émeute. Pare-chocs contre pare-chocs, ils forment un mur qui s’enfonce lentement entre les manifestants, pour séparer ceux qui restent de ceux qui ne veulent pas d’affrontement avec la police. « Quiconque ne fera pas de place sera arrêté », précise-t-on. Un groupe s’appuie contre le capot de la voiture avant.

Selon Van Stekelenburg, le fait que des manifestants soient arrêtés en masse n’est pas mauvais pour XR. « Les gens s’y joignent, indignés par la manière dont les autorités traitent le mouvement. » Les arrestations de janvier et les récentes ordonnances de travaux d’intérêt général pour incitation à la haine sont venues s’ajouter à ce phénomène.

Michiel Vermeij, porte-parole de la branche Gouda XR, est du même avis. «Je ne comprends pas pourquoi Jan van Zanen (le maire de La Haye, ndlr) ne s’en rend pas compte. Il fait le jeu de nos mains.



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