VVoyager était le rêve de ma génération. Sortez de votre coquille et aller découvrir les pays que l’on lit dans les livres ou que l’on écoute dans les chansons c’était presque un impératif catégorique, et plus nous le faisions de manière alternative, en dehors des itinéraires bénis par le tourisme, mieux c’était.
Pour vraiment savoir, il faut s’immerger dans la réalitéparcourez les lieux pas à pas et mêlez-vous aux gens qui y vivent, au risque de mésaventures imprévues qui se transforment souvent en la partie la plus excitante du voyage.
Peut-être à cause de la perception qu’on a de la jeunesse quand on est grand, j’ai l’impression que le monde de l’époque était amical avec nous et n’attendait qu’une foule de gamins pour venir le découvrir. Si je repense aujourd’hui à certaines aventures que j’ai entreprises poussées par la curiosité et l’insouciance Mes veines tremblent et je conseillerais fortement à mon neveu de ne plus y repasser.
Le monde a-t-il changé ? Avons-nous changé ? Peut-être que les deux, et certainement les dizaines de guerres plus ou moins évidentes qui font rage sur la planète, ne contribuent pas à améliorer cette perception. Il faut aujourd’hui beaucoup de courage pour sortir de sa zone de confort et c’est pourquoi le reportage de Marzio G.Mian Les Bleus de la Volga (Feltrinelli) m’a complètement capturé.
L’auteur, journaliste et voyageur expert, il a parcouru 6 000 kilomètres à travers la Russie en un mois en suivant la route de la Volga de Saint-Pétersbourg à Astrakhan, pour arriver au cœur du paysaujourd’hui l’un des plus méconnus et mystérieux au monde. Avec le documentariste Alessandro Cosmelli, sans visa, dépassant les limites imposées par le régime, Mian est arrivé là où aucun Occidental ne s’était jamais aventuré. découvrir la véritable âme de cet immense territoire et surtout la psychologie de ses habitants ce que de nombreux commentateurs de talk-shows continuent de nous expliquer, nous imposant une montagne de banalités.
Pourquoi les Russes ne sont-ils pas hostiles à la guerre ? Que voient-ils chez Poutine ? Comment jugent-ils l’Occident ? Mian tente de répondre à ces questions et à bien d’autres avec une expérience directe sur le terrain, en touchant de première main l’histoire et les contradictions vécues par un peuple fier qui a développé une incroyable résistance à la douleur et aux adversités de la vie.
Il ne s’agit pas d’être pour ou contremais enfin de comprendre ce que signifie être russe aujourd’hui. Et grâce à la curiosité et au courage de Mian, nous pouvons comprendre ce que seul le journalisme d’investigation peut encore nous transmettre, à savoir une vision libérée des idéologies et des propagandes diverses.
Tous les articles de Serena Dandini.
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