L’artiste ivoirienne, en tressant ses épais cheveux afro avec des fils métalliques, des cintres, de la cire ou des extensions de cheveux, crée des œuvres d’art, symbole de la contestation sociale


Stje peux me battre pour défendre ses droits même à travers ses cheveux. Pour le prouver c’est Laetitia Ky, Artiste activiste ivoirien, qui crée des sculptures capillaires, symbole de dénonciation sociale et de revendication de l’identité féminine. Des bras musclés, des visages aux poings levés, le continent noir, des seins et des ventres féminins : ce ne sont là que quelques-uns des des œuvres d’art que la jeune femme de 27 ans crée en tressant ses épais cheveux afro avec des fils métalliquescintres, cire ou extensions de cheveux.

L’origine de l’idée artistique dans ses racines

« L’idée est née par hasard, après avoir vu un album photo de femmes africaines avant la colonisation. C’étaient des images anciennes, en noir et blanc, avec des coiffures très travaillées. Alors, par curiosité, j’ai commencé à expérimenter sur moi-même pour m’amuser et arrêter de me cacher sous des perruques » alors Ky se rappelle l’origine d’un passe-temps qui l’a aidée renouer avec ses racines et, très vite, il est devenu une expression artistique reconnue dans le monde entier.

La lutte contre les préjugés

Après les premières photos publiées sur les réseaux sociaux, elle a commencé à recevoir des messages de nombreuses femmes africaines la remerciant d’avoir brisé le tabou des cheveux afro. Elle décide alors de faire de ses cheveux un outil artistique pour véhiculer des messages empreints de sens social et féministe.

«Je veux avant tout montrer au monde la beauté des femmes noires qui devrait être davantage valorisée et représentée, mais surtout J’utilise la symbolique du corps pour lutter contre les préjugés » Il dit.

Des droits entremêlés dans des sculptures capillaires

Avec ses cheveux, en effet, elle réalise images symboliques contre le patriarcat, les mutilations génitales, la violence obstétricale. Il promeut les droits des femmes, lève les tabous sur le cycle menstruel et l’avortement, célèbre la positivité corporelle.

Obtenir la reconnaissance de ces droits, pour elle, n’a pas été facile du tout : «Naître fille en Côte d’Ivoire représente un désavantage dès le plus jeune âge. Mes parents m’avaient désigné un autre avenir – dit-elle – à l’âge de 16 ans, j’ai obtenu mon diplôme en administration des affaires, même si je n’étais pas totalement convaincue par cette filière. Je sentais que j’étais créatif, mais l’art n’était pas considéré comme un travail. A tel point que, quand j’ai eu le courage de tout plaquer pour prendre la voie artistique, mon père ne m’a pas parlé pendant 2 ans».

Le succès de Laetitia Ky

Mais c’est grâce à cette expression artistique originale que Laetitia Ky a réussi à s’imposer, au point de se lancer collaborations avec des marques de mode du calibre de Marc Jacobs Et Giuseppe Zanotti.

Il expose dans des galeries prestigieuses et, actuellement, en plus d’être occupée en tant qu’actrice principale du film « Disco Boy » De James Abbruzzeserécompensé par l’Ours d’argent au Berlinale, est exposée avec ses « sculptures capillaires » à Naples, dans le cadre de l’exposition « Le regard de Méduse », organisée par Alessandro Romanini et produite par Andrea Aragosa pour Tarentelle noire.

Une mère, une fille : le clip

L’exposition « Le regard de Méduse » à Naples

Dans les espaces de Fondation Made in Cloister, en dialogue avec l’artiste italien Assunta Saulle, jusqu’au 5 mai, il est possible de se concentrer sur un cycle de 12 photographies et 4 peintures dans lequel, en associant la dynamique expressive et identitaire de l’art corporel à la valeur documentaire des images, son corps devient un support et un instrument de revendication identitaire.

Activisme féministe

«Quand une idée me vient, je prends une feuille de papier et un stylo, je commence à dessiner ce que j’ai l’intention de créer avec mes cheveux. Dès que je me sens prête, je m’assieds devant le miroir et commence à tisser des messages dans mes coiffures. Parfois 10 minutes suffisent, d’autres fois cela prend jusqu’à 4 heures. Les formes et les symboles changent, mais l’intention est toujours la même : défendre la liberté d’expression» glose-t-elle, au mépris des inévitables critiques qui, même si elles ne dépassent jamais les appréciations, confirment la nécessité de prendre le terrain pour garantir les droits des femmes, jusqu’aux cheveux.

iO Femme © REPRODUCTION RÉSERVÉE





ttn-fr-13