di tous les peintres figuratifs des dernières générations, de la fin des années 70 à nos jours, appartenant à différents groupes, Enzo Cucchi, Wainer Vaccari, Lino Frongia, Stefano Di Stasio, admirables pour l’exercice et la technique souvent développés sur l’étude du anciens, les plus farfelus, les plus originaux, plus il est certainement expérimental Augustin Arrivabene. Il aime la peinture ambitieuse, il aime la perfection exécutive, mais son imagination le pousse vers des sujets extrêmes.
Très éloigné de la réalité, il est certainement le plus onirique de nos peintres, et ses images sont déchirées et tourmentées. C’est une métamorphose continue qui multiplie les formes de réalité. Le dessin et la peinture sont pour Arrivabene des outils de connaissance qui demandent concentration et application continue, étude et comparaisons. L’époque ne semble pas l’exiger en raison des nombreuses fictions qui avaient rendu le visage de l’art méconnaissable, à chaque métamorphose.
Et voici Augustin le revoyant derrière le masque, dans les visages découverts de ses peintres bien-aimés : Werner Tübke, Lucian Freud, Odd Nerdrum, Antonio López García. Ces balises dans la nuit lui montraient que la route était toujours là et qu’on pouvait difficilement la parcourir. Et c’est son match avec la peinture.
Ensuite, il y a celui avec le rêve. Une grande partie de ce que raconte Arrivabene n’est que l’apparence de la réalité. L’objectif d’Arrivabene est d’augmenter l’émerveillement, en élaborant des thèmes et des mythes du symbolisme. Dans les épreuves de sa maturité précoce, comme Athéna ou Les sept jours d’Orphéeles mythes se croisent avec la nature, avec les fleurs, élaborant des images jamais vues auparavant, dans un processus de réélaboration du mythe qui n’a pas d’égal même dans la vision surréaliste la plus fébrile.
Arrivabene exagère, déborde, rêve. Il se réincarne en Parmigianino dont il répète les obsessions: « J’ai pensé que le processus de création qui a toujours caractérisé mon travail est ésotérique et exotiquement voué au voyage astral et magique, peut-être alchimique, si l’on parle de mutation ou de transmutation du plomb à l’or ». Son Parmigianino se mêle à Moreau, Delvaux touchant le paradis des Préraphaélites. Seule une imagination irrépressible peut imaginer un casque à plumes animé par des oiseaux et des fleurs. Dans le bouclier d’or, les serpents s’agitent. D’autres sucent le lait des mamelons ou tiennent des perles dans leurs mâchoires. La Divinité multiplie la nature.
Pratiques Arrivabene sur les détails. Comme l’incroyable casque d’Athéna, la harpe d’Orphée, créée par Mercure pour Apollon, est une surprenante invention d’or travaillé et d’émail. Aucun instrument de musique n’a jamais été aussi riche. Arrivabene transforme également le mythe en la représentation de Épouses infernales Hadès et Perséphone, capables de briller même dans la boue de leurs vêtements. Sur des pontes de bois fossiles pétrifiés Le souffle de la terre. L’homme bleu est envahi par une pluie d’or, et ici il est déchaîné avec Les mouches d’or, se mettant en concurrence avec les grands peintres flamands de natures mortes et de fleurs. Les modèles d’Ambrosius Bosschaert et d’autres brillants fleuristes inspirent Arrivabene, qui enrichit son catalogue d’une Joconde moderne, peut-être un autoportrait : Lucifer qui a un trou noir au lieu d’un visage. Ce sont des apparitions magiques.
Après ces œuvres exemplaires qui culminent dans le triptyque avec Le gardien des destins Arrivabene, en reculant, en comprenant ses origines, arrive à son style actuel en 2017 avec Sourcele début d’une palingénésie qui culmine dans la Poids du violet de 2015 et sa spiritualité mystique fait aussi place à Ange de verser Et Sang sacréinterprétation originale de laEcce Homo.
Dans des travaux plus récents, à commencer par Centauromachie, Rêve et particulièrement homonovus, Arrivabene est esclave de ses fantômes, dans l’imbrication des corps damnés. C’est beau Érotomachie inférée avec le nœud des âmes perdues pour l’amour charnel et, hors de l’entrelacement des autres corps d’âmes damnées, lumineux contre l’obscurité, Paolo et Francesca. C’est une ascèse mystique, par l’art, une expérience extrême.
Ni Les deux morts il y a «L’incarnation», explique Arrivabene, «d’une conscience que j’ai aussi faite mienne, ou plutôt l’idée que l’artiste, pour atteindre l’éternité, doit passer par le témoignage de son échec, puisque le talent doit être témoin de quelque chose plus large, et non une simple auto-glorification.
Les essais très raffinés de cette phase, surtout les grands travaux, ont une forte affinité avec les recherches de Fabrizio Clerici. La nature, les montagnes, les cieux, les eaux sont peints avec une froideur animée. Le phare est Piero di Cosimo avec ses somptueuses Portrait de Simonetta Vespucci mais, dans les paysages qui s’ouvrent dans les peintures d’Arrivabene, on peut aussi imaginer la Mort de Procris, un chef-d’œuvre de Piero di Cosimo qui, pour Arrivabene, est un défi. Il faut aller plus loin, et il l’a fait. Même au-delà de lui-même.
Il ouvre à Ferrara le 16 juillet Thésaurus une exposition anthologique consacrée à Agostino Arrivabene. Organisée par Vittorio Sgarbi, l’exposition rassemble une quarantaine d’œuvres dont des peintures, des dessins et des objets mirabiliaires créés de 1985 à nos jours.
INFO: Ferrara, Palazzo Diamanti, du 16 juillet au 1er octobre.
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