L’art est un bassin de sentiments


« Le Théâtre des émotions » est le nom de l’exposition qui m’attire à Paris. « Théâtre de l’émotion ». Corriger. Rappelle que l’art utilise la mise en scène théâtrale. Et que tout art, y compris l’abstrait, concerne ce que nous voyons. À découvrir. À supporter. Sentir.

Abeille Musée Marmottan Monet ils le prennent de manière pédagogique, avec des légendes enseignant que les artistes médiévaux ne montraient pas ce qui remuait à l’intérieur de quelqu’un, mais utilisaient des symboles pour indiquer des sentiments. tristesse? Puis il y a des larmes, ou un mouchoir. Mais à part le mouchoir proéminent du portrait bruxellois Sainte Madeleine et Pleurs (vers 1525) Je vois une vraie tristesse. Supprimé, mais indubitable, et si beau. Amour? Dans les doubles portraits de mariage, l’homme et la femme ont entre les mains des attributs d’amour (elle une fleur, lui un contrat de mariage), avec des visages neutres. Mais c’est du réalisme. Pas d’amour, ce sont des mariages arrangés. Et d’ailleurs, où est Breughel, avec tous ses types exubérants ?

Eh bien, ne vous plaignez pas, profitez simplement. Au cours des siècles suivants, les émotions peintes prennent en effet une forme plus exubérante, avec un sens aigu du mimétisme et le langage du corps† La tristesse reste un favori. L’amour et l’engouement deviennent souvent kitsch. La colère aussi. Et maintenant, l’exposition ajoute une gaieté explicite, avec le célèbre tableau jubilatoire de une jeune femme sur la balançoire de Fragonard

Détail des Fragonards Le Verrou (« Le Château ») de 1777-1778.
Photo Louvre Paris

Il y a une autre peinture de lui, une petite, sur une émotion complètement différente : l’excitation. On l’appelle Le Verrou (1777). ‘Le verrou’. Cette serrure est un verrou, haut sur la porte. Alors que le bras gauche d’un homme retient une femme, l’index d’un homme droit veut faire glisser ce loquet. La femme tente également d’atteindre la serrure, sa main est en route, sans aucune chance. Ce tableau est un bassin d’émotions. Il combine la violence de la luxure avec la terreur de celle-ci. Ils explosent ensemble, dans ce petit boulon et ces doigts qui se tendent.

Je passe devant la collection permanente et vois un tableau fragile de Berthe Morisot : et balle† ‘au bal’† Morisot peint la nervosité : une jeune femme en robe de bal, la fuite en avant par tous les pores. Son avenir dépendait du succès d’un tel bal (voir L’âge d’or, la série über-luxuriante de HBO sur la « noblesse » de New York, vers 1900). C’est du théâtre d’émotion total, tamisé et bouleversant.

Voir aussi un reportage photo de l’incendie qui s’est déclaré en 2019 détruit la majeure partie de Notre-Dame

Je vais visiter Notre-Dame, grièvement blessée depuis que les flammes sont sorties de sa nef en avril 2019 et ont réduit en cendres son vieux chêne. Elle me déplace, bandée dans des échafaudages, calée par des bretelles. Des clôtures pleines de photos glamour de l’équipe de restaurateurs traitants gardent le moral. Néanmoins, je vois un patient dans le coma avec des tuyaux et des intraveineuses et une pagaille technologique. Si elle se réveille, est-elle toujours elle-même ou un zombie ? Je marche autour d’elle, elle avait l’habitude de donner des sjoege, maintenant non. Et je m’en veux de ne pas lui rendre visite plus souvent.



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