L’art de Mancini : sortir les équipes les poches pleines

De la double indemnité de départ à l’Inter à l’affaire National, en passant par la Russie et la Turquie : tous les divorces de l’entraîneur de Jesi

Elisabeth Esposito

– Rome

Une chose est sûre, en matière de contrats, Roberto Mancini n’est pas du genre à signer facilement. Légitime, voire juste, car lorsqu’il s’agit d’argent, nous devons toujours faire preuve de la plus grande attention. Et en ce sens, l’ancien coach bleu est un professionnel aguerri. Si le chapitre de la clause a mal tourné avec la FIGC, dans le passé, Mancini a quitté à plusieurs reprises les bancs sur lesquels il était assis les poches pleines.

Zénith

Si l’on tient compte des démissions et des licenciements, la tendance est assez nette. En 2018, alors qu’il quitte le Zenit Saint-Pétersbourg pour l’Italie deux saisons avant le contrat signé un an plus tôt, l’entraîneur et le club règlent la rupture consensuelle après une saison catastrophique. C’est le seul cas où la rupture se déroule de manière plutôt indolore : il n’y a pas de clauses et d’indemnités de départ, mais Mancini a toujours – au moins – limité les dégâts.

Inter 2016

En revenant en arrière, en août 2016, il a été limogé par l’Inter, motivé par de mauvaises performances en matches amicaux et une relation qui n’est jamais vraiment née avec Suning. La direction vise en effet sa démission, mais l’entraîneur n’a pas l’intention de renoncer aux quelque 5 millions nets prévus dans le contrat stipulé tout juste deux ans plus tôt avec Thohir. Au final, un accord est trouvé (De Boer arrivera) et l’entraîneur quitte Milan avec une indemnité de départ de 3 millions d’euros.

Galatasaray

Dans cette dernière circonstance, Mancini était doué pour en tirer le meilleur parti en agissant au pas de course, mais d’autres fois – avec clairvoyance – il prévoyait un adieu plus simple et nettement moins cher avant même de signer le contrat. C’était le 30 septembre 2013 qu’il signait l’accord de trois ans avec Galatasaray qui venait de limoger Fatih Terim. Mancini, avec l’expérience, insère une clause pour se débarrasser de zéro. Clause qu’il a évidemment utilisée pour dire au revoir à Istanbul en juin de l’année suivante. Jusqu’à trois semaines avant la rupture, l’entraîneur de Jesi et le club ont garanti que la relation se poursuivrait, également parce qu’il avait mené l’équipe turque aux huitièmes de finale de la Ligue des champions (éliminant la Juve) et à la conquête de la coupe nationale . Soudain, cependant, quelque chose change et Mancini décide de partir, évidemment sans payer de pénalités pour résiliation anticipée du contrat.

Inter 2008

Mais l’adieu le plus « gratifiant » a sans doute été celui de 2008 de l’Inter. Mancini arrive sur le banc des Nerazzurri en 2004 et depuis 2005, il a remporté trois titres de champion d’affilée. Une sorte de rêve pour Massimo Moratti, qui n’est pourtant pas du genre à lâcher prise s’il s’aperçoit que quelqu’un soulève trop la crête. L’entraîneur a remporté le Scudetto, mais le 29 mai, il était toujours limogé. La raison? Dans une note publiée sur le site officiel de l’Inter, il est explicitement fait référence aux propos de l’entraîneur à l’issue du match de Ligue des champions face à Liverpool le 11 mars : « Les deux mois et demi à venir seront les derniers à la tête de l’équipe. décision que j’avais déjà prise, ça ne dépend pas de cette défaite », a-t-il annoncé de façon surprenante surtout pour le président Moratti qui le destitue. Cependant, contrairement aux attentes (et à ses propres annonces), Mancini est resté hors de combat pendant un an, continuant ainsi à percevoir le salaire de millionnaire prévu par le renouvellement de 2007. La résiliation est intervenue l’année suivante avec un généreux 8 millions d’euros sur environ 14 qu’il aurait perçu s’il avait maintenu l’accord en place, restant toutefois immobile pendant encore deux ans au risque de compromettre sa carrière. Dernière remarque : si Mancio a pu faire fortune à l’Inter c’est aussi grâce à une clause dans le contrat avec la Lazio qui lui permettait de quitter les biancocelesti plus tôt sans payer la moitié d’une pénalité. Impeccable.





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