L’année en un mot : le découplage


(verbe) le démêlage des chaînes d’approvisionnement et des flux d’investissement

Depuis un demi-siècle, l’hypothèse sous-jacente de la mondialisation économique est que les capitaux, les biens et les personnes peuvent et doivent se déplacer là où il est le plus productif pour eux de le faire. Mais « productif » finissait souvent par signifier bon marché. Les entreprises multinationales pourraient déplacer de l’argent, des emplois et des chaînes de production là où cela leur convenait; la main-d’œuvre était beaucoup moins mobile. Une grande partie de la base industrielle des États-Unis a migré vers la Chine et de larges pans de la ceinture de rouille ont été creusés.

La mondialisation a créé beaucoup de croissance économique, mais aussi d’énormes inégalités dans la plupart des pays. Les consommateurs ont peut-être obtenu des biens moins chers, mais, dans les pays riches en particulier, cela ne compense pas le fait que toutes les choses qui font la classe moyenne d’une personne – le logement, l’éducation et les soins de santé – augmentent en prix, alors même que les salaires stagnent.

Cela a conduit à des appels des deux côtés de l’allée politique américaine au « découplage » économique de la Chine, c’est-à-dire au démêlage des chaînes d’approvisionnement et des flux d’investissement. Alors que Donald Trump a imposé des droits de douane sur des centaines de milliards de dollars de produits chinois, le découplage s’est vraiment accéléré sous l’administration Biden, qui a donné la priorité à la relocalisation des emplois manufacturiers et, en 2022, a institué de nouveaux contrôles à l’exportation sur des éléments tels que les semi-conducteurs haut de gamme et flux de capitaux entre les deux nations.

La pénurie de biens cruciaux tels que les EPI et les produits pharmaceutiques de base pendant Covid a convaincu de nombreux décideurs politiques qu’un certain découplage était non seulement nécessaire, mais bienvenu. La guerre de la Russie en Ukraine a montré encore plus clairement que le modèle du capital bon marché, de l’énergie bon marché et de la main-d’œuvre bon marché sur les marchés mondiaux est révolu, et que les pays doivent faire plus pour produire des biens stratégiques chez eux ou en partenariat avec des alliés.

Maintenant, chaque semaine apporte une nouvelle tournure dans l’histoire du découplage, alors que l’économie mondiale devient un peu plus locale.

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