L’ancien Premier ministre français Fillon perd son appel contre sa condamnation pour détournement de fonds


L’ancien Premier ministre français François Fillon a perdu son appel contre une condamnation pour détournement de fonds en 2020 après avoir versé à sa femme plus d’un million d’euros de fonds publics pour un travail qu’elle n’a jamais fait.

Une cour d’appel française a condamné lundi l’ancien candidat présidentiel de centre-droit, dont la campagne de 2017 a été déraillée par le scandale, à quatre ans de prison dont trois ans avec sursis. C’était un an de prison de moins que ce que recommandait la première décision de justice.

La cour d’appel a également confirmé une amende de 375 000 € et a interdit à Fillon d’exercer des fonctions politiques pendant 10 ans.

L’affaire Fillon fait partie d’une série de procès pour corruption d’hommes politiques et de responsables de partis qui se sont déroulés devant les tribunaux français ces dernières années, dont plusieurs impliquant l’ancien patron de Fillon, Nicolas Sarkozy, l’ancien président. Ces affaires ont mis à l’épreuve le système judiciaire et incité les critiques à s’en prendre à l’indépendance des tribunaux, les accusant de faire l’objet d’ingérences politiques.

Les avocats de Fillon ont déclaré lundi qu’il avait l’intention de faire à nouveau appel, ce qui signifie que toute condamnation ne prendrait effet qu’une fois ce processus terminé. Il est peu probable qu’il purgera une peine de prison puisque la peine pourrait également être purgée en résidence surveillée, mais cette décision sera prise par les juges à un stade ultérieur.

Le détournement de fonds présumé découle de l’utilisation par Fillon de fonds publics pour employer sa femme Penelope comme assistante parlementaire et administrative entre 1981 et 2013, bien que les procureurs aient déclaré qu’elle avait fait un travail minimal.

Elle et un autre associé politique de Fillon, Marc Joulaud, ont été reconnus coupables dans la décision de 2020 et ont perdu leurs appels dans le jugement rendu lundi. Sa peine a été réduite de trois à deux ans de prison avec sursis, tandis que l’amende de 375 000 € est restée.

Le scandale surnommé « Penelopegate » a commencé en janvier 2017 lorsque le journal satirique Le Canard Enchaîné a révélé les allégations. Il a changé la dynamique de la course à l’élection présidentielle en permettant à Emmanuel Macron, alors novice en politique, de devancer Fillon dans les sondages.

La candidature de Fillon a été endommagée et il a terminé troisième avec 20 % des voix au premier tour en 2017, derrière Macron avec 24 % et Marine Le Pen avec 21 %.

Depuis lors, Fillon s’est retiré de la vie politique tandis que ses affaires judiciaires se poursuivaient. Il a travaillé pendant plusieurs années au sein de la société française de gestion d’actifs Tikehau Capital, et a également siégé aux conseils d’administration de la société pétrolière publique russe Zarubezhneft et du producteur pétrochimique Sibur. Il a démissionné de ces deux postes peu après l’invasion russe de l’Ukraine.

Lors de l’audience d’appel, il a déclaré que sa femme avait « incontestablement » travaillé à ses côtés au Parlement tout en contestant qu’il ait abusé du système à des fins lucratives, arguant que la pratique consistant à employer des membres de la famille ou des conjoints était répandue à l’époque.

« Quarante ans de vie politique, au service d’une ville, d’une région et du pays », a-t-il déclaré au tribunal. « Quarante ans de service public effacés par un article dans un journal satirique et une chasse aux sorcières d’une enquête qui a ignoré toutes les précautions alors que le processus démocratique était en jeu. »



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