« DJ’édite ma chanson sur toute la communauté queer, aimez-vous librement : vous pouvez le fairele ». Les mots du rappeur Grosse mama à la fin de sa prestation sur la scène de Sanremo hier soir, ils ne sont pas restés inaperçus : aujourd’hui le mot « queer » était en effet parmi les plus recherchés sur Google.
« Révolution queer », c’est aussi ce qu’a écrit le jeune homme de 23 ans Marianna Mammone (c’est le vrai nom de l’artiste) elle a montré des collants rouges qui complétaient le look de nonne sombre, la tenue choisie pour interpréter sa chanson sur scène La colère ne te suffit pas: un hymne pour affronter les nombreux obstacles de la vie, comme cela lui est arrivé.
«Je suis une femme, grosse, rappeuse et queer : je les ai toutes»
«Je viens du rap et j’ai l’habitude d’écrire des phrases très pointues, j’espère que ça ne sera pas mal compris. Je ne parle pas qu’aux grosmais dans quelle mesure femme bizarre, qui vient d’une petite ville de province. » L’artiste est né à San Michele di Serino, dans la province d’Avellino.
Ouvertement bisexuel et fiancé à Maria Lodovica Lazzerinico-auteur de sa chanson, BigMama a révélé qu’elle avait dû suivre des séances de traitement chimiothérapie pour qu’une tumeur ait subi une violence sexuelle à 16 ans et victime de honte corporelle. «Cette chanson est ma revanche», dit-il. «Je viens d’une famille qui n’est pas du tout riche, je suis femme, grosse, rappeuse et reiner : Je les ai tous. »
Queer : d’un mot discriminatoire à un symbole d’une communauté
Mais que signifie queer et depuis quand est-il utilisé ? Fermé et un peu caché dans l’acronyme LGBTQA+désormais acronyme courant pour désigner la grande communauté de ceux qui ne se reconnaissent pas dans la sexualité classique homme-femme, le terme « queer » fait référence à une orientation qui ne correspond à aucune autrequi ne se reconnaît pas dans « l’éternité ».
Initialement utilisé avec un sens négatif et désobligeant envers le monde homosexuel masculin efféminé, le mot anglais traduit littéralement signifie « excentrique, insolite, bizarre ». La première fois qu’il apparaît dans une conférence universitaire, c’est en 1990, lorsque Thérèse de Lauretis tient une conférence à l’Université de Californie à Santa Cruz, intitulée Théorie queer : sexualités lesbiennes et gays. Par la suite, elle fut la philosophe américaine Judith Butler consolider le domaine de la théorie queer.
Dans un interview sur le portail national anti-discrimination LGBT, le philosophe Cristian Loiacono explique qu’aujourd’hui «le terme queer identifie un vaste domaine d’études et interdisciplinaire sur questions liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genremais aussi à leur intersection avec d’autres positionnements identitaires possibles comme la classe sociale, l’origine géographique, le handicap ».
En un certain sens, explique le philosophe, « queer est venu remplacer le terme « homosexuel », mais aussi « gay », « lesbienne », « transsexuel », « transgenre », quand on veut utiliser un terme pour désigner la rupture avec norme hétérosexuelle ». Sa signification « nous rappelle à quel point les différents aspects qui composent les identités sont articulés et complexes »
La famille queer de Michela Murgia
En Italie, le terme est devenu « célèbre », surtout grâce à écrivain Michela Murgiadécédée le 10 août, qui sur les réseaux sociaux avait parlé de sa famille queer « où il n’y a personne qui n’ait pas entendu le terme mari/épouse ces dernières années ».
Dans son livre posthume, Donner la vie (Rizzoli), l’auteur a condensé ses réflexions sur bizarrerie familiale, une réalité qui doit être abordée comme « une nécessité politique ». L’essai est en tête des ventes, également pour son contenu original sur le thème de différents modèles de maternitésur la façon dont cela peut être fait donner la vie sans générer biologiquement. Une brochure résultant d’années d’études sur la manière dont les liens d’âme peuvent s’ajouter aux liens de sang.
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