L’ampleur de la fraude aux licences turques continue de s’étendre : le consulat d’Istanbul fournit une liste de 1 000 noms suspects

Il s’agit de travailleurs migrants turcs qui ont reçu un visa de séjour et de travail de Flandre l’année dernière. Contrairement aux 654 dossiers déjà bloqués, il s’agit ici de personnes ayant déjà voyagé en Flandre. Le consulat à Istanbul a transmis la liste à l’administration flamande lundi dernier. Le ministre flamand du Travail Jo Brouns (cd&v) l’a annoncé jeudi matin en commission économie.

« Nos services d’inspection commencent immédiatement à travailler sur la liste, mais c’est un travail très élaboré car le consulat n’indique pas exactement pourquoi il renvoie ces dossiers approuvés », explique Brouns. Le ministre espère pouvoir apporter des éclaircissements d’ici les vacances de Pâques, mais affirme que la méthode de travail des consulats est intenable. «L’approbation des visas de travail est une compétence flamande. L’intention ne peut pas être qu’ils renvoient simplement chaque candidature.

48 autorisations retirées

Le fait que certains visas approuvés par la Flandre ne soient pas totalement casher ressort de l’examen de ces dossiers. Sur les 654 visas bloqués depuis octobre, 48 permis de travail ont désormais été retirés, et 37 permis restent bloqués pour l’instant car l’inspection sociale a ouvert une enquête complémentaire. 46 autres autorisations avaient déjà été retirées.

Brouns demande que les 523 travailleurs migrants pour lesquels aucune indication n’a été trouvée reçoivent leurs visas aux consulats dans les plus brefs délais. Ils attendent depuis octobre. Les employeurs flamands qui veulent les faire venir ici sont aussi sur des charbons ardents.

Le ressentiment croissant entre les services flamands et fédéraux, qui sont tous deux responsables des autorisations, est devenu clair il y a deux semaines lors d’une audition spéciale au parlement. Freddy Roosemont, haut responsable de l’Office de l’immigration (DVZ), a affirmé que depuis octobre 2022, la Flandre avait reçu plusieurs avertissements concernant des abus avec des visas délivrés, mais des mesures insuffisantes. Selon la Flandre, cependant, ce n’est pas si mal.

Roosemont a parlé, entre autres, d’entreprises fictives et de travailleurs migrants qui souhaitent principalement se rendre en Allemagne. Des avertissements sur l’exploitation sont également venus du secteur lui-même. Par exemple, certains Turcs et Marocains ne recevraient pas l’emploi et le salaire promis à leur arrivée en Belgique. Certains devraient rembourser le coût de leur voyage à leur employeur en travaillant gratuitement.

Browns à Istanbul

Brouns veut se rendre lui-même à Istanbul la semaine prochaine « pour se faire une idée des hypothèses du consulat ». Pour l’heure, les négociations avec le ministère des Affaires étrangères concernant cette visite sont toujours en cours. Au niveau fédéral, on peut entendre des critiques selon lesquelles les ministres compétents du CD&V – Brouns et la secrétaire d’État fédérale à l’Asile et à la Migration Nicole de Moor (CD&V) – tentent de transférer la responsabilité aux consulats.

Ben Segers, spécialiste des migrations chez Vooruit, dénonce le ping-pong entre les différents services. « Il semble que Brouns et de Moor installent un écran de fumée pour se protéger du vent », dit-il. « Cependant, la solution est simple : rassembler tous les services et résoudre le problème. N’est-ce pas possible si vous êtes membres du parti ? »

La députée flamande Maaike De Vreese (N-VA) juge « inconcevable » qu’une nouvelle liste de 1 000 noms ait vu le jour. Lors de l’audition au parlement, aucun des services compétents n’a mentionné ces dossiers supplémentaires. De Vreese: « Cela montre une fois de plus que toute la procédure d’autorisation doit être examinée par la Cour des comptes. »

Les ministres Brouns reconnaissent également que le dispositif, en place depuis 2019, doit faire l’objet d’une enquête « pour le rendre encore plus finement maillé ». Il promet plus de clarté d’ici l’été.



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