L’amour fraternel est à la fois caribéen/capverdien et typiquement hollandais

Nous sommes sur un bateau qui, selon la voix du haut-parleur, va bientôt quitter le port pour un voyage de deux heures, de Paradiso, Amsterdam, vers une destination du sud. « Nous » sommes le public avec principalement des supporters entre cinq et vingt-cinq ans, quelques-uns sont plus âgés, la majorité se compose d’adolescents dévoués. L’équipage est formé par les membres de Broederliefde, de Spangen, Rotterdam.

Leur bateau n’est pas un «Love Boat» ou un cargo, il s’avère que c’est un bateau de fête. La musique à bord est si exubérante et le groupe se précipite dans le répertoire avec tant de douceur qu’après, une fois le point final atteint, les fans continuent de danser même sans musique.

Broederliefde s’est produit à Paradiso vendredi soir et l’a abordé en grand. Des canons fumigènes ont pulvérisé d’épais jets de brume blanche dans le hall avec beaucoup de bruit. Il y avait une chorale gospel de six membres plus un chef d’orchestre, plusieurs DJ, un groupe complet, et il y avait les quatre rappeurs eux-mêmes, parfois complétés par un violoniste, des amis et des collègues. Sur la scène, qui n’était pas trop grande, on voyait un tourbillon continu de membres du groupe qui sautaient, se déhanchaient et dansaient, sans chorégraphie, mais dans des explosions spontanées de joie de vivre.

Le groupe, fondé en 2012, est composé des rappeurs Emms, Jerr, Sjaf et Mella et de DJ Edson. Les membres du collectif ont grandi à Spangen, leur famille vient de Curaçao, du Cap-Vert et de la Dominique. Ce bagage conduit à une langue polyvalente (anglais, espagnol, néerlandais, papiamento) et à une base rythmique riche de leur musique, qui peut être entendue dans toutes les chansons : des rythmes avec des sauts latéraux percussifs qui peuvent éventuellement vous faire déhancher.

Le huitième album de Broederliefde est sorti à la fin de l’année dernière Plage sur la Meuse. Le groupe a connu un succès constant ces dernières années – avec des chansons comme « Jungle », « Alaka » et « Bikini » – et est maintenant nominé pour un Edison dans la catégorie hip-hop (qui sera décerné lundi soir).

Paradiso a montré ce qui rend le groupe si attrayant en direct. Brotherly love mélange le hip-hop avec des rythmes caribéens, mais aussi avec un phénomène néerlandais traditionnel : chanter sur les paroles et danser l’un après l’autre. La voix de la foule a facilement noyé celle du groupe dans des chansons comme « Mi No Lob » (« Je n’en ai pas envie ») criées au visage par de jeunes fans. Cela a créé une atmosphère à la fois antillaise/capverdienne et hollandaise, bien qu’il ne s’agisse pas du « petit café sur le port » mais d’une « petite plage sur la Meuse ».



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