L’âme de la boxe, le combat en tête-à-tête, est le thème des portraits que le photographe a réalisés dans les gymnases de banlieue exposés au Rovereto Mart


dDans tous les sports, celui qui me passionne le plus est la boxe. C’est même difficile de le considérer comme un sport, parce que c’est violent, risqué, ça met l’intégrité et parfois la vie en jeu. Et pourtant, cela indique une compétition directe sans équipe, sans soutien. Un contre un. art noble. La boxe évoque le courage, le défi, les compétences individuelles. Le perdant peut perdre sur le coup par KO, ou perdre aux points, en restant debout. Le gagnant gagne, le perdant n’est pas humilié. À cause de ce Je n’ai pas hésité à proposer l’exposition Piero Pompili. Boxeurs au Mart de Rovereto. Pour la beauté intacte, ou pure, de ses photographies, et pour la force qu’elles expriment, à tous points de vue, en concurrence avec la statuaire.

Piero Pompili, « Prometheus’ fire », 2013-2023, tirage argentique au sel, 100×100 cm (avec la permission de Mart, Musée d’art moderne et contemporain de Trente et Rovereto).

Les boxeurs sont toujours prêts. Et Pompili leur fait face. Il les a devant. Héros. Immortalisez-les. Statues. Hommes forts. Ce sont les dieux. Boxeurs. Guerriers. Déjà dans les graffitis préhistoriques du troisième millénaire avant notre ère, aujourd’hui au British Museum, on voit des hommes se battre à poings fermés. Rien n’a changé depuis et rien ne peut changer. Nous serons toujours face à face, ce sera toujours un choc. Celui qui garde les mains baissées est perdu.

Pompili, avec ses images intemporelles, aurait plu à Pasolini. Sa lumière renverse l’obscurité douloureuse des corps de Dino Pedrali. Sa vitalité éloigne la menace de mort. Enzo Siciliano l’avait compris : « Il semble le voir, Pompili, avec sa chambre autour de Rome, aussi rapide qu’un désir d’image, essayant toujours de télécharger dans ce qu’il voit le signe de sa propre vitalité et de sa passion d’observateur. Pompili n’arrache pas la vie à la vie : il la répand sur nous.

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Vous devez bien connaître Rome et savoir à quel point c’est une ville en proie aujourd’hui, offensée, déchirée par son être même métropole. Eh bien, Pompili capture ses clichés au-delà de cette lacération, même si la lacération elle-même est son thème. Son œil est empli de corps, de matières résiduelles, de mal-être urbain cancéreux. Mais c’est un regard qui coupe, cadre les situations avec le bonheur d’un peintre.

Pompili travaille à l’instinct : il ne travaille pas, comme on dit, « sur des échantillons ». C’est précisément sa main qui conduit, pour ainsi dire, les images à maturité : en effet, selon la pensée de Cartier-Bresson, ses jambes. La meilleure cible, ce sont les jambes, argumentait Cartier-Bresson : on s’éloigne, on se rapproche… C’est le mouvement du boxeur. Un sport de jambe, dans lequel les mains donnent la victoire. Et même le photographe marche, bouge, et tire avec ses mains, frappe : l’objectif capture l’objectif.

Et c’est vrai que le sujet de la boxe se retrouve aussi dans la peinture (je pense à Giacomo Balla, Alberto Ziveri, Othmar Winkler) mais c’est surtout dans la sculpture, dans l’ancienne qui honore les sportifs et dans la moderne, avec quelques exemples extraordinaires, parmi lesquels les plus notables Le boxeur par Francesco Messine.

Romeo Gregori, « Tête de boxeur », 1934 (avec la permission de Mart, Musée d’art moderne et contemporain de Trento et Rovereto).

Mais j’aimais plus que tous les autres le punch boxeur de l’oublié Roméo Gregori, que je me suis acheté il y a quarante ans, quand personne ne s’en souvenait, dans une exposition où on l’a pris pour un autre. Et je voulais aussi, dans une seconde version, l’acquérir pour les collections Mart. Le boxeur de Roméo Gregori se joue, avec un œil fermé et des oreilles incroyables, mais il fait partie intégrante de sa volonté de perdre avec honneurs’être mesuré, avoir affronté, sans peur, l’antagoniste.

Enfant, il était une légende Cassius Clay, très puissant et partisan des droits civiques des minorités. Sa force était héroïque. Il était contre le harcèlement. La force n’est pas la violence. Probablement les mêmes rencontres (avec Sonny Liston, avec Joe Frazier, avec George Foreman) ont frappé l’imagination de Pompili, tout comme les légendes de Rocky Marciano et de Sugar Ray Robinson.

Et, devant ses photographies, j’ai trouvé ma pensée exprimée en images épiques et non en mots, et j’ai voulu cette exposition pour que l’exemple, la passion des grands boxeurs nous donne du courage. Sans quoi aucune entreprise, même perdante, n’est noble. Comme la boxe : art noble.

INFO : l’exposition Piero Pompili. Puili est au MART de Rovereto jusqu’au dimanche 2 juillet.
mart.tn.it

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