L’alerte Cesvi : au Kenya, en Somalie et en Éthiopie, 20 millions de personnes risquent de mourir de faim et de soif. La faute à la sécheresse, aux effets de la pandémie et aussi au conflit


Ànous aussi nous voyons, et de combien, les répercussions sur le panier du conflit en Ukraine. Mais on ne peut imaginer l’ampleur des conséquences de la guerre sur le panier des populations, comme celles de la Corne de l’Afrique, qui étaient déjà à un pas de la famine avant le 24 février 2022.

Des populations accablées par les conséquences sanitaires et économiques de la pandémie et par les effets du changement climatique. A imaginer, la CesviONG opérant dans la zone et lançant une alerte.

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Corne de l’Afrique entre pandémies, climat et conflits

L’insécurité alimentaire a atteint des niveaux dramatiques dans la Corne de l’Afrique (Éthiopie, Kenya et Somalie) : 20 millions de personnes sont confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire qui devraient s’aggraver d’ici septembre.

Le territoire expérimente l’une des pires sécheresses depuis des décennies: quatre saisons consécutives de pluies manquées, et peuvent même ne pas se produire en octobre-décembre. Les récoltes étant décimées, il y a eu une mort brutale du bétail, principale source de subsistance des familles. En conséquence, les conflits entre villages se sont également intensifiés.

Les 940 000 enfants malnutris au Kenya

Au Kenya, on estime à 4,1 millions le nombre de personnes en situation d’insécurité alimentaire grave : 27 % de la population souffre de la faim et de la soif et plus de 1,5 million de têtes de bétail sont mortes. Plus de 940 000 enfants souffrent de malnutrition aiguë (229 000 sévère et 713 000 modérée).

Si la mère ne comprend pas que son bébé est sous-alimenté

Le phénomène est si répandu que les mères considèrent souvent l’état de malnutrition et la croissance ralentie et anormale de leurs enfants comme normaux. Le manque de nourriture et d’eau affecte souvent les bébés avant même la naissance et dans les premiers mois de la vie : 134 000 femmes enceintes ou allaitantes souffrent de malnutrition sévère.

La contribution de la guerre en Ukraine à la crise dans la Corne de l’Afrique

La guerre en Ukraine apporte sa féroce contribution à une situation déjà dramatique : flambée des prix du blé (troisième produit alimentaire le plus consommé et importé pour 86 % de la consommation totale)maïs, utile pour l’alimentation animale (100% importé), huiles comestibles et carburant.

Le coût du panier alimentaire a déjà augmenté de 66 % en Éthiopie et de 36 % en Somalie.

En Ethiopie, 4,4 millions de personnes vivent en situation d’insécurité alimentaire et 4,7 enfants de moins de 5 ans sont à risque de malnutrition sévère.

La situation en Somalie est également très critique, où les conditions sont telles qu’elles font craindre un avenir véritable famine : 7,1 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire sévère et plus de 805 000 ont été déplacées depuis octobre 2021 en raison de la sécheresse.

L’agriculture locale, une solution possible

La photo de Nawoi, un petit éleveur de bétail et de volaille du village de Nasuroi, au Kenya : « Tout autour de moi me rappelle la famine et la faim. C’est leur faute si je n’ai plus de mari ni d’enfants. Je rêve du moment où je n’aurai ne serait-ce qu’un seul repas par jour ». photo Roger Lo Guarro / CESVI

« La seule solution possible » explique Valeria Emmi, spécialiste senior en plaidoyer et réseautage au CESVI, « est le retour à l’agriculture locale, menée avec des méthodes indigènes mieux adaptés au changement climatique ». Mais, bien sûr, une situation aussi grave ne peut être corrigée en peu de temps.

Par exemple, en Ethiopie, Cesvi accompagne la population dans la production de fourrage résistant au climat, construit des puits (dans le village de Nasuroi) et fournit des outils et des modèles pour la gestion des ressources naturelles. Elle soutient notamment les petits éleveurs de bétail et de volaille afin qu’ils puissent avoir des œufs et de la viande pour se nourrir.

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