L’agenda Draghi au G7 : couper progressivement le gaz russe. L’ennemi commun avec Poutine est l’inflation


Il le dit d’emblée, dès le début des travaux : il faut plafonner les prix des matières premières énergétiques, explosés par la guerre mais sous pression depuis plus d’un an. Mario Draghi au premier jour des travaux du G7 au Schloss Elmau, en Bavière, revient sur le thème posé depuis des mois dans l’UE – il y a trois jours également à Bruxelles – d’un plafonnement des prix du gaz russe, une demande patiemment votée mais reportée à octobre.

Le Premier ministre italien au sommet compte sur l’alliance des États-Unis, qui ont sollicité (par l’intermédiaire de la secrétaire au Trésor, Janet Yellen) un plafonnement du prix du pétrole russe, qui à la fin de l’année sera réduite dans les quantités importées. « Plafonner le prix des énergies fossiles importées de Russie a un objectif géopolitique mais aussi économique et social. Nous devons réduire notre financement à la Russie. Et nous devons éliminer l’une des principales causes de l’inflation », a déclaré Draghi. Aux Etats-Unis, les prix montent en flèche, mais aussi en Europe ils poussent sans relâche pour qu’une première hausse des taux de la BCE s’annonce (21 juillet), qui sera suivie d’autres à l’automne.

« Indemniser les familles et les entreprises en difficulté »

Le thème n’est pas seulement économique, bien sûr. « Il faut éviter les erreurs commises après la crise de 2008 : la crise énergétique ne doit pas produire un retour des populismes. Nous avons les outils pour cela : nous devons atténuer l’impact de la hausse des prix de l’énergie, indemniser les familles et les entreprises en difficulté, taxer les entreprises qui font des bénéfices extraordinaires », observe-t-il, dans un contexte difficile, compte tenu de la prudence sur le sujet de l’Allemagne et la neutralité substantielle de la France. Et le problème sera encore structurel : « Même lorsque les prix de l’énergie baissent, il est impensable de retrouver la même dépendance vis-à-vis de la Russie que nous. Nous devons éliminer à jamais notre dépendance vis-à-vis de la Russie ». C’est pourquoi la politique de diversification des approvisionnements se poursuit – Algérie, Qatar, Israël en perspective – à tel point que la dépendance aux gazoducs de Moscou est passée de 40 à 25 %. En outre, « dans la situation actuelle, il existe des besoins à court terme qui nécessiteront d’importants investissements dans les infrastructures gazières pour les pays en développement et au-delà. Il faudra s’assurer qu’ils pourront ensuite être convertis à l’utilisation de l’hydrogène, un moyen de concilier les besoins à court terme avec ceux à long terme ».

Déverrouiller le blé d’ici la mi-septembre

Sur la table, il y a bien sûr aussi un soutien à l’Ukraine en termes d’aide militaire. Les États-Unis et le Royaume-Uni sont unis, et maintenant la France et l’Allemagne sont également alignées sur l’Italie après la mission à Kiev, bien qu’avec des nuances différentes. Le G7 n’est pas le lieu le plus approprié pour cette discussion – le sommet de l’OTAN à Madrid mercredi-jeudi le sera, lorsque l’entrée dans l’alliance de la Finlande et de la Suède, deux pays historiquement neutres, sera sanctionnée – mais la présence de Joe Biden et la nature « directoire » du groupe des 7 (plus l’UE) rend cette référence incontournable – et peut-être même utile – car dans cette phase historique elle est le ciment de toutes les crises. A commencer par la question alimentaire : « Nous devons accélérer nos efforts sur le front de la sécurité alimentaire. Il est essentiel de débloquer le blé en Ukraine bien avant la mi-septembre, lorsque la nouvelle récolte arrivera. Nous devons apporter tout notre soutien aux Nations unies, afin qu’elles puissent avancer plus rapidement dans leur travail de médiation », observe Draghi.

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