Ladytron / Flèche du temps


Il y a quelques années, nous avons été secoués par une de ces études absurdes réalisées par l’Université du moment -insérez ici le nom d’une ville au hasard- ou un site Web avec beaucoup de temps libre. Ces chercheurs ont parjuré qu’à 33 ans la nouvelle musique cesse de nous captiver. Le monde semblait se figer avant même cet âge pour Ladytron, la formation synth-pop dont les leaders Helen Marnie et Mira Aroyo sont nées entre 1977 et 1978, attachées au même style musical depuis leurs débuts ‘604’ (2001).

‘Time’s Arrow’ est maintenant leur 7e album, le 2e après une très longue interruption qui les a gardés inactifs pendant presque toute la décennie des années 10. Et ce n’est pas une nouvelle que la production ne soit marquée par aucun degré d’insouciance. La grâce du genre est la fidélité à son style et Ladytron continue de savoir frapper la touche quand il est temps de nous faire danser, à laquelle sont dédiées les premières chansons -les singles- ‘City of Angels’ et ‘Faces’.

Par la suite, l’album se tourne vers l’introspection, au diapason de ces paroles qui oscillent entre le poétique, l’abstrait et le générique que ces morceaux et d’autres avaient. ‘Faces’ parlait des « visages que nous laissons derrière nous », des « visages qui reviennent », des « visages que nous ne reconnaissons plus », des « visages qui vous sourient ».

En commençant par ‘Misery Remember Me’, l’influence que Ladytron a toujours eue également des genres frères tels que l’indie, le kraut ou l’indietronica gagnait du terrain. Des gens comme Stereolab et Lali Puna peuvent venir à l’esprit dans ‘Flight from Angkor’; les productions deviennent plus mélodiques et tristes, comme ‘We Never Went Away’, toujours à la recherche de l’évocateur. « Je vois ton reflet, comme si tu n’étais jamais parti / Embrasse-moi, pour me protéger, comme si je n’étais jamais parti. »

Le seul risque de Ladytron dans ‘Time’s Arrow’ a été d’agglutiner toutes les avancées de l’album au début, laissant s’éteindre la lumière tant référencée par le groupe -pour cause de recherche ou par défaut absolu-. Le solo correct ‘The Night’ manque précisément la folie à laquelle ses paroles font appel à maintes reprises, ‘The Dreamers’ et le quasi instrumental ‘Sargasso Sea’ se délectent de l’ambiance; ressusciter l’album avec ‘California’, car le mieux qu’on puisse en dire c’est qu’on ne le confondra pas avec une autre chanson de leur répertoire. Que fait un groupe de Liverpool critiquant New York pour défendre la Californie ? Ce sont des Ladytron, de plus en plus, pariant sur la vie tranquille.



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