L’activiste climatique Toos (22 ans) de Groningue est l’un des milliers de manifestants à La Haye : « Mieux vaut un idéaliste imparfait qu’un sac narcissique »

Levez-vous tôt votre samedi libre pour occuper l’A12. Un groupe d’habitants de Groningue a pris le train pour La Haye pour se battre pour le climat. Ils ne s’attendaient pas à un canon à eau. « Je veux que la police me sorte de l’autoroute comme une princesse. »

Elle a mis une vieille combinaison de ski de sa mère. Parce que bloquer l’autoroute dans le froid ne devrait pas être amusant, pensait Toos (22 ans) de Groningen. Elle n’avait pas compté sur le soleil et devient bientôt très chaude dans le train qui traverse un monde blanc jusqu’à La Haye. Avec 7 militants pour le climat d’Extinction Rebellion (XR), elle a quitté la gare principale de Groningen à 8h18.

Ezra (19 ans) a déjà fait un voyage : de Westerlee, il a pédalé jusqu’à Scheemda, où il a pris le train pour Groningue, où il est arrivé juste à temps. Il est heureux de trouver autour de lui des personnes partageant les mêmes idées qui, comme lui, ressentent le besoin de faire au moins quelque chose pour le climat.

Écume timide au travail aux cheveux longs

Le groupe est également composé de Maria (57 ans), Mieke (64 ans), Carolien (21 ans), Amanda (30 ans) et Ruben (21 ans). Et oui, ils savent comment les militants pour le climat de XR sont régulièrement licenciés : en tant que racaille aux cheveux longs et timide au travail, de surcroît incohérente, car elle pollue aussi l’environnement. Toos soupire. Elle peut rêver le commentaire. Elle dit : « Mieux vaut un idéaliste imparfait qu’un con narcissique. »

Elle vient de terminer ses études à l’Université de Wageningen, où elle a étudié la foresterie et la conservation de la nature. « La conservation de la nature est la chose la plus importante. On peut trouver des solutions technologiques, mais elles ne servent à rien s’il n’y a plus de nature. Il s’agit de restaurer les écosystèmes. »

Sur Insta j’ai vu trois femmes en robes de soupe

Elle a rejoint XR à Wageningen et était entourée de jeunes. Toute une différence avec XR à Groningue, elle l’a remarqué lorsqu’elle y est retournée après avoir obtenu son diplôme. « J’ai vu trois femmes en robe de soirée sur Insta. Pas de problème bien sûr, mais quelques pairs seraient bien. »

Elle a été servie à sa guise, car avec l’arrestation de 700 occupants de l’autoroute XR fin janvier, l’intérêt pour le mouvement s’est accru, également à Groningue et chez les jeunes. Le blocage de l’A12 à La Haye est une action récurrente pour persuader le gouvernement d’arrêter les milliards d’euros de subventions à l’industrie des énergies fossiles.

« Je ne me sens pas militant mais humain »

« La comparaison avec un incendie est souvent faite », explique Mieke. « Les Pays-Bas éteignent cet incendie avec un seau d’eau et trois seaux d’huile. » Cela l’inquiète, dit-elle. Il en va de même pour Amanda. « J’ai parfois des nuits blanches à cause de mes inquiétudes sur l’avenir de la terre », dit-elle. « Les actions sur l’A12 sont très spécifiques. Je n’ai pas l’impression d’être une militante, je me sens juste comme une personne qui s’inquiète. » Carolien est également heureuse de pouvoir faire quelque chose avec ses inquiétudes. « Je veux que la police me sorte de l’autoroute comme une princesse », dit-elle, à la fois théâtrale et déterminée.

XR Groningen transfère à Amersfoort où un groupe d’activistes agriculteurs est arrivé en sabots. Ils se rendront également à La Haye pour faire entendre leur voix auprès des militants de Farmers Defence Force et de Samen voor Nederland et attendront avec impatience les discours de Geert Wilders et Thierry Baudet.

La différence dans les manifestants est visible. Un groupe porte des drapeaux inversés, l’autre groupe porte des bannières faites maison.

Ezra : « Je resterai le plus longtemps possible »

Le contraste est également visible sur l’A12 où plusieurs milliers de personnes se rassemblent. Ils se voient confrontés aux canons à eau de la police, alors qu’ils font des bulles, se taisent ou lancent une chanson de protestation. « Un canon à eau ? C’est du bluff, c’est de l’intimidation », crie quelqu’un de XR dans un mégaphone.

Pendant cinq heures il reste à bluffer. Alors la police en a marre. Elle demande à nouveau aux manifestants de partir puis déploie les canons à eau. Carolien et Ezra ne sont pas près de se laisser effrayer par un peu d’eau. ,,Je resterai le plus longtemps possible », a toujours dit Ezra.

« Je serai mieux préparé la prochaine fois »

Les deux ont héroïquement laissé les canons à eau venir sur eux. Trempés, ils se laissent ramasser par la police, sont emmenés en camionnette au commissariat, pour être relâchés froids et fatigués à huit heures. Des camarades rebelles XR y attendent, qui apportent de la chaleur sous la forme d’un repas, d’un thé, d’une oreille attentive. Aussi pour les vêtements secs et un endroit pour rester.

Cela leur vaut-il la peine ? ,,Oui, bien sûr », dit Carolien, même si elle n’a été qu’à moitié emportée par la police. Elle attend avec impatience le prochain barrage routier. « Alors je serai mieux préparé. »



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