L’ABVV veut une loi Delhaize : ‘Inacceptable que les salariés se restructurent sans concertation sociale’

Depuis des semaines, les syndicats se mobilisent contre l’annonce de la chaîne de supermarchés Delhaize de privatiser les 128 magasins sous sa propre direction. Leur plus grande inquiétude est que le personnel existant perde son salaire et ses conditions de travail à la suite du transfert à un opérateur indépendant.

Avec la perspective de la fête internationale du travail le 1er mai, le syndicat socialiste lance donc l’idée d’introduire une ‘loi Delhaize’. Si une grande entreprise décide de devenir indépendante, elle doit donc également respecter les règles sur les licenciements collectifs, telles que prévues par la loi Renault. A l’heure actuelle, les employeurs d’une telle franchise sont soumis à une législation différente, qui n’oblige pas à la concertation sociale.

« Il est inacceptable que les employeurs procèdent aujourd’hui à des restructurations sans véritable dialogue social », estime Ulens. « En se limitant aux termes juridiques, ils ignorent complètement l’esprit social de la loi Renault. Oui, une période transitoire est prévue pendant laquelle les mêmes conditions s’appliquent. Mais ensuite, 9 000 personnes perdent de facto leur emploi avec leur employé actuel.

La loi Renault a été créée après que 3 098 salariés du constructeur automobile du même nom ont perdu leur emploi après la fermeture de l’usine de Vilvorde. Les politiques décident alors que les employeurs qui souhaitent procéder à des licenciements collectifs doivent en informer par écrit les représentants du personnel. Cela leur donne la possibilité de poser des questions et de faire des contre-propositions. L’employeur n’est pas obligé d’élaborer un plan social, mais doit enquêter sur les préoccupations des syndicats.

En incluant également les salariés des sous-traitants, dans le cas de Delhaize les nouveaux magasins indépendants, relèvent de la loi, l’ABVV veut « s’assurer que les personnes qui ont une expertise en matière de dialogue social restent impliquées ». Par ailleurs, le syndicat veut étendre encore plus la loi Renault, en rendant obligatoire, entre autres, un plan social. Actuellement, les entreprises de moins de vingt salariés en sont toujours exclues. Le syndicat veut abaisser ce seuil à cinq.

Mercredi, les socialistes flamands et francophones ont déposé une énième proposition de loi pour tenir les grandes multinationales responsables de leur personnel lors de la franchise. Si un opérateur indépendant souhaite licencier du personnel, Delhaize reste responsable d’une partie du licenciement. Mais cette proposition se heurte déjà à la résistance des employeurs et des partis libéraux, déclare la députée Vooruit et cosignataire Anja Vanrobaeys. « Nous devons combler les lacunes de la loi pour protéger les droits des travailleurs ordinaires. Que nous le fassions par cette technique ou celle proposée par le syndicat m’importe moins.



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