La vengeance n’a pas de délai de prescription | chronique René Diekstra

Quelqu’un m’a récemment demandé, en réponse à un article sur la guerre israélo-palestinienne, quel était à mon avis le mot le plus terrible dans notre région linguistique et si je pensais qu’il s’appliquait à cette guerre. Je n’ai pas eu à y penser longtemps. Le mot le plus terrible, je pense, est vengeance.

Le mot a déjà quelque chose de corrosif, de malveillant, de terrifiant. Bien que, pire que le mot lui-même, la combinaison donne l’impression de « se venger ». Dire que quelqu’un se venge semble presque synonyme d’attribuer le mal à quelqu’un, d’ajouter du mal au monde. En fait, l’hypothèse selon laquelle quelqu’un se venge repose souvent sur l’hypothèse que la vengeance est une source importante de mal et conduit souvent à davantage de mal et à pire encore.

Quoi qu’il en soit, la majorité des drames qui remplissent quotidiennement les journaux et les journaux télévisés sont en réalité des vengeances ou des descriptions de leur exécution et de leurs conséquences. Qu’il s’agisse de guerres, d’attaques, de meurtres, de combats ou de destructions de maisons et de foyers, il s’agit généralement de vengeance.

La vengeance circulaire est la plus dangereuse artificiel phénomène sur notre planète

En psychologie, la vengeance est souvent définie comme un comportement visant à causer de la souffrance ou du mal à une autre personne en représailles au mal ou au préjudice causé à vous, à vos proches ou aux personnes avec lesquelles vous vous identifiez. Se venger peut être une tentative ponctuelle de représailles. Mais la vengeance d’une personne peut aussi être une réponse à la vengeance antérieure d’une autre. Si cela se répète plusieurs fois, un cercle vicieux de vengeance se crée, simplement appelé vengeance circulaire.

La vengeance circulaire peut finalement conduire à des choses bien pires des deux côtés que ne le justifie la raison initiale. À mon avis, la vengeance circulaire est la plus dangereuse artificiel phénomène sur notre planète car il aboutit souvent à une haine meurtrière et à une destruction totale. Haine mortelle envers l’autre en tant que personne, en tant qu’être humain dans son intégralité, ou en tant que membre d’un certain groupe, peuple ou race. Le cœur de cette haine est la tendance dominante à vouloir blesser, humilier, détruire autant que possible une autre personne ou un autre groupe de personnes. De préférence les trois.

La vengeance n’a pas de délai de prescription

Mais en plus de devenir le plus nocif de tous les sentiments humains, la haine devient facilement le plus féroce. Si rapide et si féroce que de tous nos sentiments, c’est le plus difficile à freiner ou à contrôler. C’est à cause de cette haine et de la vengeance circulaire qui y est associée que le conflit israélo-palestinien fait rage sans contrôle depuis des décennies. Les derniers temps forts étant pour l’instant le 7 octobre et la guerre actuelle.

Est-ce que ça peut être pire ? Sans aucun doute. Alors que les Israéliens se vengent désormais de ce qui a été fait par le Hamas le 7 octobre, d’innombrables jeunes palestiniens, encore impuissants pour le moment, voudront se venger de ce que font désormais les Israéliens dans les années à venir. La vengeance n’a tout simplement pas de délai de prescription. Et leur féroce besoin de vengeance sera, je le crains, guidé par cette déclaration de l’écrivain et soldat Cyrano de Bergerac (1619-1655) : « Le monde peut finir, si seulement je peux me venger. »

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